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J’ai choisi ce livre sur le blog que vous connaissez si vous lisez le mien régulièrement : « A sauts et à gambades ». Comme Dominique, je vais chercher de toutes mes forces, à vous faire lire « Aux frontières de l’Europe » , ce n’est pas par hasard que j’ai mis 5 coquillages au livre de Paolo Rumiz , il fait parti des livres que je n’oublierai pas et que j’ai traîné partout pendant 15 jours. J’ai retenu mon envie de le dévorer à toute vitesse car je ne voulais pas le finir, je l’ai dégusté tout doucement.

Ce voyage à travers l’Europe d’aujourd’hui me semble le complément indispensable au voyage historique de Geert Mark « Voyage d’un Européen à travers le XX° siècle ». Il s’agit, ici, d’un état actuel d’un lieu bien particulier de l’Europe et qui , sans doute, prévoit un peu notre avenir. Je rappelle le projet de Paolo Rumiz : voyager le long des frontières de la communauté européenne avec la Russie et les pays qui ne font pas partie de cette communauté.

Il voyage le plus possible avec le train ou les bus locaux , il est donc au cœur des populations. Il a la chance d’être accompagnée d’une Monika qui parle le Russe et le Polonais. Au passage, Monika est photographe et j’aurais aimé voir les photos de cette femme qui sait si bien se faire accepter de tout le monde. Si quelqu’un sait où on peut voir ses photos qu’on me le dise.

La langue est absolument merveilleuse, un peu précieuse par moment et j’ai dû plusieurs fois ouvrir mon dictionnaire pour vérifier le sens de mots que je connais plus ou moins sans jamais les utiliser (Aèdes, marmoréen, thaumaturge, hiératisme….). Je pense qu’en italien ce sont des mots plus communément utilisés (heureux peuple !) et j ai constaté encore une fois que cette langue est agréable même traduite en français. Mais la langue ce n’est pas que la qualité de style, c’est aussi la capacité faite naître des images dans l’imaginaire du lecteur. Vous n’oublierez pas la chaleur avec laquelle nos deux voyageurs sont, parfois, reçus dans les endroits les plus reculés et aussi la violence de certaines villes. Il raconte un passage à tabac qui m’a fait peur et a produit chez moi les mêmes effets de terreur que les images les plus violentes du cinéma. La scène de la fouille par les policiers polonais du train venant de Russie est extraordinaire de drôlerie et on peut facilement se la représenter.

On rit souvent et on aime l’humanité , car Paolo Rumiz aime les hommes même quand ils sont écrasés méprisés , dans les pires conditions ils arrivent à vivre grâce à l’humour et la chaleur humaine. Si ce n’est pas un livre sur le passé , on y lit quand même les traces que les deux horreurs du XXe siècle ont laissé dans ces régions : la disparition de la population juive et les déplacements de populations pour en contrôler d’autres. Pauvres Russes qui vivent en Estonie , sont-ils vraiment responsables de la folie impérialiste de Staline ?

J’ai bien aimé aussi qu’il connaisse Ryszard Kapuscinski, autre auteur que j’ai découvert grâce à Dominique , je suis une inconditionnelle d’Ébène. Il y a une communauté de regard entre ces deux auteurs. Avec un côté latin chez Paolo Rumiz qui fait une grande partie de son charme, surtout quand il se confronte à la réserve des gens du grand nord.

À lire et relire, c est un livre qui charme, fait réfléchir et fait aussi,comprendre le plaisir du voyage.

Citations

Une jolie phrase sur sa ville

Filons, filons, une voile et c’est parti ; une ville qui sert uniquement d’embarcadère, de point de départ. Un aperçu, une balustrade vers d’autres horizons.

Triestre sa ville d’origine

Je viens d’une terre de mer, de rocs et de vent. Pour moi, c’est plutôt une base qu’une ville, Trieste, agrippée à l’extrémité septentrionale de la mer Méditerranée, est mon refuge, un lieu que Dieu se complaît de temps en temps à touiller avec sa grande louche , déchaînant une tempête d’air et d’eau que l’on appelle la « Bora » , un vent furieux qui souffle de la terre. 

Les sourire des finlandais

En Finlande on parle peu et on sourit encore moins. Ce peuple de bûcherons timides vit dans la terreur de voir quelqu’un lui sourire, car alors le savoir-vivre l’obligera à sortir de son cocon pour répondre à ce signal.

Le silence des Norvégiens

Quand je sors dans le couloir, j’aperçois une dizaine de Norvégiens qui dégustent leur café dans un silence claustral ; on se croirait dans le réfectoire d’un monastère, avant la messe du soir. Je suis obligé de prêter l’oreille pour discerner un murmure de confessionnal. Alors, uniquement pour rompre cette glace de l’âme et mettre les gens dans l’embarras, je lance un bonjour retentissant á la cantonade et je me régale de voir tous ces yeux inquiets se lever à contrecoeur de l’assiette de poisson, d’œufs et d’oignons pour répondre par un signe au nouvel arrivant.

 Les blessures de la terre à Montchegorsk

J’ai à mes pieds quelque chose d’inouï : une nature sans défense dans son extrême douceur, impitoyablement violée, vérolée de mines comme autant de pustules d’acné sur la peau d’un adolescent.

Les intolérances religieuses

De ce voyage vertical, ce qui ressort clairement, c’est que le catholicisme et le protestantisme vivent dans le confort a l’arrière, alors que c’est l’orthodoxie qui tient la ligne… J’entends encore le patriarche de Constantinople, dans son bureau, sous le portrait de Mustafa Kemal Ataturk, murmurer des propos de coexistence, pendant que le hurlement du muezzin, du Bosphore à sainte Sophie, annihilait tout autre bruit pour la prière du soir. Une compétition acoustique sans espoir.

En Bachkirie (ça existe ! ! j’ai découvert que je ne connaissais pas la moitié des pays ou région dont il parle, cette région je m’en souviendrai si vous prononcer à haute voix ce nom vous verrez pourquoi !).

Définition de l’ours par un apiculteur

( je rappelle que Dinard a choisi l’Ours comme symbole et que la future médiathèque s’appellera : l’ours)

L’ours, dit-il, c’est un si grand nombre d’animaux en un seul. Comme un lion, il terrasse des mammifères plus grands que lui ; comme n’importe quel ruminant, il saccage les récoltes ; il vole le raisin et les fruits comme un singe ; il picore les baies comme un merle ; il fait des razzias dans les fourmilières et les ruches comme un pivert ; il déterre les tubercules et les larves comme un cochon ; il attrape les poissons avec la dextérité de la loutre. Et il mange le miel comme l’homme.

Le passé de l’Italie

L’Italie s’entête à faire semblant de ne jamais avoir été fasciste et d’avoir gagné la guerre. Et pourtant, elle l’a été fasciste, et pas qu’un peu ; et elle a perdu la guerre, justement dans ma région… Je vous en prie ne me parlez pas, des « braves gens d’Italie », parce que moi j’habite à Trieste que Mussolini a proclamé les lois raciales contre les juifs, et ce choix infâme a eu son prélude une vingtaine d’années auparavant, avec l’écrasement politique, économique et linguistique de la vaste communauté slovène. Je sais que pendant la guerre, il n’y eut pas seulement des camps d’extermination nazis, mais aussi des camps de concentration dirigés par le parti fasciste, avec des milliers de morts de faim et de froid.

Le silence des Estoniens

Autour d’une petite table , une famille consomme un bref repas, sans échanger un seul mot. Je commence à comprendre Adamov. C’est vrai que c’est impossible d’apprendre la langue d’un peuple qui passe son temps à se taire.

La Pologne et la religion catholique

 Nous approchons de la Pologne, terre de Woytila, et le Vatican fait déjà figure de gigantesque agence de voyage, de multinationale du pèlerinage , avec des filiales dans le monde entier

En Pologne, Paoli Rumiz évoque un auteur que j’ai adoré Ryzsard Kapuscinski

Il y a aussi le magasin de cartes géographiques de la rue Jean-Paul II , où le plus beau spectacle , m’a dit Ryzsard Kapuscinski , un jour de neige où nous nous étions réfugiés à l’intérieur était de voir les « gens affamés de monde » se repaître parmi les rayonnages.

En Ukraine, les émigrés qui ont fait fortune ailleurs

Il nous fait traverser une vallée magnifique , parsemée de maisons d’émigrants qui ont réussi , mais ce sont des maisons de cauchemar , des petits châteaux forts médiévaux, avec des tours coiffées de tuile en plastique bleu . Disneyland est l’idéal esthétique de l’Ukraine indépendante.

Retour vers l’Europe occidentale ou comment la salade César devient un signe de reconnaissance

Á l’hôtel , la langue anglaise refait son apparition , la langouste et la Caresar’salad ont repris place dans le menu , et je ne parle pas de l’air conditionné, bien entendu.

On en parle

Chez Dominique bien sûr etdans le « Carnet de Voyage de Myriam« .

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Quel diable d’homme ce Bill Bryson ! Il a réussi à me passionner pendant 579 pages pour des questions scientifiques qui en règle générale m’ennuient, car je n’y comprends rien. Je ne sais pas si je suis plus savante aujourd’hui , j’ai en tête quelques idées sur la formation de la terre, l’importance du soleil de la lune et du noyau de la terre. Je suis stupéfaite de tout ce qu’on sait sur des organismes si petits que je n’arrive pas à les imaginer.

J’ai été très amusée par toutes les querelles d’écoles des différents scientifiques, Bill Bryson raconte tout cela avec son humour si particulier . Cette façon irrespectueuse et drôle de raconter les débats les plus sérieux qui ont agité l’homme depuis qu’il a voulu comprendre la vie sur terre est pour beaucoup dans mon plaisir à lire ce roman.

Je sais que ce livre plaira à toutes celles et tous ceux qui comme moi sont curieux des questions scientifiques mais rebutés par le langage trop savant. L’idée que je garderai une fois le livre rangé en bonne place dans ma bibliothèque c’est que la vie sur terre est un tel prodige et le fruit d’un tel hasard que l’on devrait tout faire pour la protéger. C’est sans doute encore une idée trop « angélique » mais je l’ai ressentie avec force tout au long de ce livre.

Citations

Des idées difficiles à comprendre

De tous les concepts de la théorie générale de la relativité , le plus difficile à saisir pour nous est celui que le temps fait partie de l’espace . Notre instinct nous dit que le temps est éternel , absolu, immuable – que rien ne peut troubler son écoulement régulier. Or selon Einstein , le temps est variable et toujours changeant . Il a même une forme . Il est lié – « dans une trame inextricable » selon l’expression de Hawking – aux trois dimensions de l’espace dans une dimension bizarre appelée l’espace-temps.

 Une idee bien sympathique et un sourire

Chacun de vos atomes est probablement passé par plusieurs étoiles et a fait partie de millions d’organismes avant d’arriver jusqu’à vous. Nous sommes si chargés atomiquement et si vigoureusement recyclés à notre mort qu’un nombre significatif de nos atomes -jusqu’à un milliard pour chacun d’entre nous, selon certains- a sans doute appartenu un jour à Shakespeare. Un autre milliard nous est venu respectivement de Bouddha , Gengis Khan et Beethoven , ou tout autre figure historique de votre choix. (Il faut , semble-t-il , des personnages assez éloignés dans l’Histoire, car les atomes mettent quelques décennies à se redistribuer ; si fort que vous le désiriez,vous n’êtes pas encore recyclé en Elvis Presley). 

Avec le sourire on lit plus facilement un livre sérieux

Les physiciens affichent un dédain notoire pour les scientifiques des autres domaines . Quand l’épouse d’un grand physicien autrichien Wolgang Pauli le quitta pour un chimiste, il en resta comme deux ronds de flan. « Elle aurait pris un toréador , j’aurais compris, confia-t-il à un ami. Mais un chimiste… » 

La resistance aux idées nouvelles

Cela restait une proposition radicale pour l’époque et elle fut extrêmement critiquée , surtout aux États-Unis , où la resistance à la dérive des continents persista plus longtemps qu’ailleurs . Un critique se plaignit , le plus sérieusement du monde , qu’avec des arguments aussi clairs et convaincants Holmes puisse induire les étudiants à les croire.

Apprendre en s’amusant

Demandez à un géochimiste comment fonctionne ce genre d’engin , et il se lancera dans des histoires d’abondance isotopique et de niveaux d’ionisation avec un enthousiasme plus sympathique. Que compréhensible. Pour nous résumer , la machine , en bombardant un échantillon de roche de jets d’atomes chargés , parvient à détecter de subtiles différences dans les niveaux de plomb et d’uranium des zircons , d’où l’on peut déduire avec précision l’âge de la roche. Bob m expliqua qu’il faut dix sept minutes pour lire un zircon, et qu’il faut en lire des douzaines par fragment pour obtenir des données fiables. En pratique , toute l’affaire semble aussi répétitive et aussi excitante qu’une expédition au lavomatic, mais Bob avait l’air très heureux – ce qui est souvent le cas des gens de Nouvelle-Zélande.

Une anecdote de celle dont on se souvient :

Ce n’est sans doute pas une bonne idée de s’intéresser de trop près à ses microbes. Louis Pasteur en était à ce point obséder qu’il en vint à examiner á la loupe chaque plat que l’on posait devant lui – habitude qui ne dut pas lui valoir d’être. Souvent réinvité à dîner.

 Les mots de la fin

Les hommes modernes n’occupent que 0,001 pour cent de l’histoire de la Terre- à peine un souffle- mais même une existence aussi brève a exigé une succession infinie de heureux hasards. Nous n’en sommes qu’au tout début . L’astuce consiste à s’assurer que nous n’en verrons jamais la fin. Et, à coup sûr , cela va exiger de nous bien autre chose que de simples coups de chance.

On en parle

Un blog que je ne connaissais pas : Urbanbike.

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Traduit de l’anglais par Christiane et David ELLIS.

4
Je pense que Dominique avait encore raison, quand on a pris le virus Bill Bryson, on va au bout de son plaisir et on lit tout ce qu’il a écrit. J’ai de nouveau été séduite par « Motel Blues », c’est drôle et profond à la fois.

C’est remarquablement traduit, mais j’observe qu’il a fallu qu’un couple s’y mette, sans doute une femme d’origine française et un homme de langue anglaise. Je ne sais pas pourquoi mais j’imagine que, même s’ils ont beaucoup travaillé, ils ont dû aussi beaucoup s’amuser, pour nous offrir toute la saveur de l’humour de ce grand observateur des comportements humains. J’ai aimé la tendresse qui l’attache à son père un peu radin, mais qui a su faire aimer la vie à ses enfants.

Avec Bill Bryson nous partons donc à travers ce vaste , très vaste pays. Je conseille ce livre à toutes celles et tous ceux qui veulent faire du tourisme aux USA, c’est vraiment un pays immense, capable du meilleur comme du pire. Les états peuvent être très différents des uns des autres mais il faut toujours avaler au minimum 300 kilomètres pour aller d’un point à un autre. Certains lieux touristiques sont à fuir absolument, en particulier ceux des réserves indiennes .

Les village reconstitués peuvent avoir du charme mais cachent mal qu’aux États-Unis, peu de choses sont faites pour conserver le patrimoine. On a l’impression parfois d’aller d’une zone semi industrielle à une zone commerciale en passant par des échangeurs d’autoroutes complètement surréalistes. C’est avec une grand tristesse que je constate que l ‘approche de toutes les villes françaises sont devenues aussi impersonnelles que ce qu’il nous décrit aux USA en 1989. Nos centres villes sont restés encore très vivants mais pour combien de temps encore ?

C’est aussi l’intérêt de ce livre, il permet d’observer la civilisation américaine et je l’espère éviter ses excès.

Citations

 Le racisme

Cette remarque m’a fait penser la Bretagne où on se félicite de n’être pas raciste

Les Sudistes détestent cordialement les Noirs et pourtant ils semblent cohabiter avec eux sans problème, tandis qu’au Nord , les gens n’ont rien en générale contre les Noirs, les considèrent même comme des êtres humains dignes de respect et sont même prêts à leur souhaiter bonne chance dans la vie, mais désirent surtout ne pas avoir à les fréquenter de trop près.

 Les abord des villes aux USA en 1989 , les nôtres, aujourd’hui, sont elles différentes ?

 De nos jours , une ville si modeste soit-elle, a deux ou trois kilomètres de restoroutes, de motels,d’entrepôts à prix discount,de centres commerciaux – tous surmontés d’enseignes mobiles d’une dizaine de mètres et accompagnés de parking de la taille des Ardennes.

L’architecture hôtelière américaine (hélas, on pourrait dire la même chose pour la France aujourd’hui)

Au bout de la rue , il y a le nouvel hôtel Hyatt Regency qui vous flanque instantanément la déprime. Ses formes massives en béton appartiennent visiblement à l’école d’architecture tendance « on n’en a rien à foutre » que les chaînes hôtelières américaines ont en prédilection.

Le touriste de base américaine en camping car

Voilà, hélas, comment de nos jours beaucoup de gens passent leurs vacances. Cela consiste avant tout à ne pas s’exposer au moindre moment d’inconfort ou de désagrément , voire même, dans la mesure du possible , à éviter de respirer l’air pur. Quand l’envie de voyager vous prend, vous vous enfermez dans un luxueuse boite de 13 tonnes , vous parcourez 700 kilomètres hermétiquement protégés contre les éléments naturels, et vous vous arrêtez dans un camping où vous vous vous précipitez pour brancher l’eau et l’électricité afin de ne pas être privé un seul instant , d’air conditionné, de machine à laver la vaisselle ou de four à micro-ondes.

 Et au Yosemite

Mais Yosemite fut une déconvenue monumentale . Ce que vous apercevez en premier c’est la vallée d' »El Capitan » avec ses montagnes imposantes et ses cascades blanches qui se déversent à des centaines de mètres sur les prairies du bas. Vous vous dites alors que vous êtes sans doute passé dans l’au delà et que vous vous trouvez au Paradis. Puis vous continuez et vous descendez à Yosemite Village et vous vous rendez compte que si effectivement vous êtes au paradis, vous allez passer le reste de l’éternité au milie d’une horrible bande de touristes obèse en bermuda.

 Bravo pour la traduction. Humour sur l’accent du sud des États-Unis

Mais à ce moment-là , la serveuse arriva et me dit :
« Tu veux voir mon minou sans t’géner, chéri ? »
Et je compris que c’était hors de question. Je ne comprenais pas un traître mot de ce que les gens me disaient. Ils auraient tout aussi bien pu me parler chinois. Il nous fallut de longues minutes et force gesticulations du couteau et de la fourchette pour rétablir ce que la serveuse avait vraiment dit :
« Tu veux voir le menu du p’tit déjeuner, chéri ? ».

Les villages reconstitués

On se trouve partout confronté de manière exaspérante à des détails qui font pastiche. Autour de l’église paroissiale de Burton, les pierres tombales sont visiblement des imitations ou, en tout cas , les inscriptions sont toutes récentes. Rockefeller ou un autre gros bonnet, a sans doute été déçu de constater qu’après deux siècles de plein air les pierres tombales deviennent invisibles . Si bien que maintenant les inscriptions sont neuves et bien taillées, comme si on les avait gravées la semaine passée , ce qui est peut-être le cas.

 Humour

Ce mémorial est tout à fait ce qu’on imagine : Lincoln y est assis dans son grand fauteuil , l’air noble mais affable. Il avait un pigeon sur la tête. Il en a toujours un. Sans doute le pigeon pense-t-il qu’on vient tous les jours pour le regarder.

 Les routes

À Boston , le système routier est absolument fou. Il visiblement été conçu par quelqu’un qui a passé son enfance à mettre en scène des accidents avec son train électrique . Tous les cent mètres , la voie que je suivais disparaissait et d’autre voies venaient s’y ajouter de la droite ou de la gauche , parfois même des deux côtés à la fois . Ce n’était pas un réseau routier, c’était de l’hystérie á quatre roues.

Une citation pour mon frère forestier

Le séquoia est un arbre laid. Il n’en finit pas de s’élever mais ses branches sont rares et courtaudes, ce qui lui donne un air idiot : c’est le genre d’arbre que dessine un gosse de trois ans

Éclat de rire. Et encore un petit plaisir de la vie que l’appareil numérique nous a enlevé…

Les Allemands sont arrivés , aussi déplaisant et antipathiques que savent l’être des adolescents, et ils m’ont privé de mon arbre. Ils ont grimpé sur la clôture et commencé à prendre des photos. J’ai pris un plaisir mesquin à me mettre devant le type qui tenait l’appareil à chaque fois qu’il appuyait sur l’obturateur, mais c’est une activité qui ne vous distrait pas éternellement, même quand il s’agit d’Allemand.

 On en parle

Chez Keisha, par exemple.

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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christiane et David ELLIS

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Quel bonheur ! Il fait partie des livres qui m’ont fait éclater de rire et aussi rager de ne pas lire l’anglais. Quand je vois le titre en français, j’ai des doutes sur la qualité de la traduction. (Mais les traducteurs n ‘y sont peut-être pour rien !). Allez peu importe, je ne boude pas mon plaisir et je recommande chaleureusement les chroniques de Bill Bryson à tous ceux et celles qui ont besoin de se détendre et de s’amuser.

Je pense que si son humour fonctionne si bien, c’est que Bill (quand vous aurez lu ses chroniques, vous saurez pourquoi je l’appelle Bill !) n’est jamais méchant et se moque aussi de lui même. Le ton se fait grave parfois sur les travers de ce grand pays qui craint beaucoup plus le tabac passif que les armes à feu, surtout quand les libertés sont gravement menacées par un soucis d’efficacité. La plupart des chroniques sont légères et amusantes même si nos cousins d’Amérique sont devenus un peu fous, ils restent des gens avec qui on aime bien vivre. Je cite quelques passages mais j’aurais bien, parfois, recopié la chronique entière.

Quel talent, je me précipite sur les autres livres de cet auteur !

Citations

Pour tous ceux et toutes celles qui ont tendance à confondre les prénoms

 Depuis longtemps les Américains se sont rendu compte qu’on pouvait mieux retenir un numéro en se fiant aux lettres plutôt qu’aux chiffres . Dans ma ville natale de Des Moines, par exemple, si vous voulez connaître l’heure – ou appeler l’horloge parlante comme vous le dites si joliment- le numéro officiel est 246 56 46, un numéro dont personne ne peut se souvenir, naturellement. Mais si vous composez BIG JOHN, vous obtenez le même résultat et tout le monde peut le mémoriser sauf, curieusement, ma mère, qui a toujours eu une mémoire assez approximative en ce qui concerne les prénoms et qui se retrouve généralement en train de demander l’heure à de parfaits inconnus réveillés en sursaut à des heures indues.

 Les spots publicitaires

Dans une autre pub, on voit un gars au bowling-les hommes sont presque toujours au bowling dans les spots- se mettre à grimacer après avoir raté son coup et murmurer à son partenaire :
– encore ces sacrées hémorroïdes !
Comme par miracle , son copain a un tube de crème dans sa poche. Pas dans son sac de sport ni dans sa boite à gants de sa voiture, mais sur lui, dans sa poche de chemise, d’où il peut le sortir en moins de deux pour offrir sa tournée. Extraordinaire !

 Les présidents américains

Désormais le but est de rendre hommage d’un seul coup à tous les présidents des États-Unis , qu’ils aient été bons ou mauvais . Je trouve plutôt sympa de tirer de l’oubli les présidents les plus obscurs , en particulier des gens comme Grover Cleveland, qui, dit-on , avait l’habitude intéressante de se soulager par la fenêtre de son bureau ou Zachary Taylor, qui n’a jamais voté de sa vie, pas même pour lui.

L ‘absurde

Dans le même genre, j’ai lu que les fabricants d’ordinateurs envisageaient de réécrire certains messages tels que « frapper la touche de votre choix » parce que de nombreux utilisateurs les appellent pour signaler qu’il n’existe pas de touche « de votre choix » sur leur clavier.

 Les devises des états sont souvent inscrites sur les plaques d’immatriculation

Le New Hampshire possède la devise la plus dingue , quelque chose de très étrange et martial :  » vivre libre ou mourir » . Vous direz sans doute que je prends les choses trop à la lettre mais, franchement , je n’aime pas rouler en affirmant noir sur blanc souhaiter trépasser si on ne me laisse pas faire ce que je veux . Je préférerais quelque chose de plus vague et de moins définitif , du style  » vivre libre ou bouder », ou même « Vivre libre si ça ne vous dérange pas merci beaucoup »

 Les Américains et la marche à pied

L’autre jour. Une de nos amies s’est plainte de la difficulté à trouver une place de parking devant notre gymnase local. Elle s’y rend plusieurs fois par semaine pour utiliser leur steppeur . La salle de sports est à 6 minutes à pied de chez elle. Je lui ai demandé pourquoi elle n’y allait pas à pied justement , réduisant ainsi de six minutes son exercice sur le steppeur . Elle m’a regardé comme si j’étais un débile mental avant de m expliquer : « mais j’ai un programme informatisé . Mon steppeur enregistre la distance et la vitesse : ça me permet de modifier le niveau de difficulté. »
Effectivement , je dois admettre que la nature comporte de graves lacunes à cet égard.

La police américaine

Meilleure encore, à mon avis est l’histoire de ces shérifs adjoints de Milwaukee envoyés à l’aéroport de pour entraîner des chiens à la chasse aux explosifs. Les policiers ont caché un paquet de deux kilos et demi de vrais explosifs quelque part dans l’aéroport. Et puis – j’adore ce détail- ils ont oublié où. Inutile de vous dire que les chiens n’ont rien trouvé. Cela s’est passé il y a quatre mois et ils cherchent toujours. C’est la deuxième fois que les services du shérif de Milwaukee réussissent à perdre des explosifs dans un aéroport.

 L’humour sur le risque

Un jour il y a quelques années de cela, mon frère s’est arrêté pour acheter un billet de loterie (chance de gagner : 1 sur 12 millions) et a repris le volant sans attacher sa ceinture (chance d’avoir un accident grave dans l’année : 1 sur 40). Quand je lui ai fait remarquer l’absurdité de son comportement, il m’a regardé avant de me lancer
– Et quelles sont les chances , à ton avis, pour que je te dépose à huit kilomètres de chez toi ?
Depuis , je garde mes commentaires pour moi. C’est moins risqué.

La sécurité en avion

Dans toute l’histoire de la navigation aérienne , pas une seule vie humaine n’a été sauvée par une distribution de gilets de sauvetage. Ce qui me fascine tout particulièrement, c’est le petit sifflet qui équipe chaque gilet. Je me vois tout à fait en train de plonger vers l’océan à 2000 kilomètres à l’heure en me disant : heureusement, Dieu soit loué, j’ai mon petit sifflet !

 Fait divers

Au Texas , un voleur potentiel s’est masqué pour pouvoir braquer une épicerie. Mais il a oublié d’ôter le badge de sa poche de chemise, ce qui a permis à douze personnes de relever son nom, son prénom et l’identité de son employeur.

 Son père, un peu radin

Mon père a été la dernière personne du Middle West à installer un climatiseur.  » C’est contre nature » disait-il. De toute façon , tout ce qui coûtait plus de tente dollars lui semblait toujours  » contre nature ».

 Les ordinateurs

Et puis j’ai fini par comprendre qu’un ordinateur était une machine stupide capable de faire des choses incroyablement intelligentes tandis qu’un informaticien était un être incroyablement intelligent capable de choses incroyablement stupides , et que la rencontre des deux formait un couple parfait mais potentiellement dangereux.

On en parle

Dasola à qui je dois ce livre et que je remercie du fond du cœur et Keisha comme Dominique me l’a suggéré.

 

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Depuis « Où on va papa » on sait que Jean-Louis Fournier peut nous faire sourire des plus terribles des tragédies de la vie. Il écrit ce livre après la mort de celle qu’il a aimée pendant quarante ans. Il réussi son pari : faire revivre une femme qu’on aurait envie de mieux connaître et sans doute, parvient-il à un peu moins souffrir en la rendant si présente. Il réussit cela à sa façon en nous faisant sourire et rire parfois aux éclats .

Je vous recommande pour les soirées de morosité le formulaire de satisfaction du crématorium du cimetière du Père-Lachaise

J’ai reçu un questionnaire du crématorium du Père-Lachaise, ils veulent savoir si j’ai été satisfait des prestations. Je dois mettre des croix dans les petites cases , de « insatisfaisant » à « très bien » . on demande aussi mes observations et mes suggestions. Tout est passé en revue, l’accueil, la courtoisie, le choix des textes, le choix des musiques. Il y a aussi un service traiteur. À la rubrique « suggestion » , je vais proposer un barbecue géant.

Et une petite citation une phrase que je crois très vraie

Un bon souvenir, c’est comme une bonne bouteille , il ne faut pas le boire seul.

 Un brin d’humour

 J’invite des veuves à déjeuner à la maison. Monsieur Picard est la providence du veuf, je dégèle des petits plats pour réchauffer les veuves. On parle de nos conjoints qui n’avaient que des qualités parce que, c’est bien connu, ce sont les meilleurs qui partent en premier. On est quelque fois gênés d’être encore là.

On en parle

Moi clara et les mots, par exemple mais je pense qu’il y a beaucoup de beaux billets sur ce merveilleux petits livre.

 

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Traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche

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À lire de toute urgence ! Comment vivre en Israël quand on est Arabe ? Si l’on en juge par le talent et l’humour de Sayeb Kashua, écrivain de langue arabe qui écrit en hébreu, apparemment ce paradoxe est vivable mais au prix de multiples contorsions. Si vous avez déjà beaucoup lu sur ce tout petit pays qui, avec une surface à peine plus étendue que deux départements français, tient l’équilibre de la paix du monde entre ses mains, précipitez-vous sur ce roman !

Je suis certaine que vous apprendrez mille et un petits détails sur la vie au quotidien en Israël, et que cet écrivain saura faire évoluer vos idées. Et si vous ne savez rien sur ce pays (je doute qu’une telle personne existe !), alors vous découvrirez avec surprise que pour être avocat et plaidez des affaires pour les arabes vous devez avoir des diplômes israéliens, parler et écrire l’hébreux que vos clients connaissent mal.

Vous apprendrez qu’il y a autant de différences entre un Juif et un Arabe qu’entre un Arabe des territoires occupés , un « immigré de l’intérieur » et un habitant d’ « origine » de Jérusalem. Que, pour être avocat arabe et avoir une bonne clientèle, il faut rouler dans une grosse berline alors qu’un Juif peut se contenter d’une voiture quelconque car il n’a rien à prouver à sa communauté. Entre le malheur de l’enfant qui est rejeté parce que son père a été assassiné en tant que collabo, et la femme juive qui ne peut plus voir son fils qui a tenté (et presque réussi) à se suicider, tous les malheur de la terre sont rassemblés dans ce récit.

Et pourtant ce roman n’est pas triste, il est même parfois franchement drôle. Je vous conseille, messieurs, si vous souffrez de ce problème, la méthode de notre avocat pour lutter contre l’éjaculation précoce et réussir enfin à faire jouir votre compagne : se souvenir d’événements tristes. Lui, en revivant minute par minute l’enterrement de son grand-père a réussi à soutirer au moment de la mise en terre de son aïeul, des râles de jouissance de sa femme … à essayer ! !

L’intrigue du roman est bien construite mais m’a, personnellement, moins convaincue que l’ambiance du roman car une grand partie est fondée sur le ressort de la jalousie obsessionnelle d’un mari vis-à-vis de sa femme, je suis rarement intéressée par ce genre de comportements.

Sayed Kashua est, par ailleurs, connu pour avoir écrit une série télévisée : « travail d’Arabes » qui fait rire les Juifs et les Arabes en Israël. En lisant ce livre, on se prend à espérer, qu’un jour, les gens d’esprit domineront et qu’ils apprendront à se connaître et à s’apprécier. Réussiront-ils, là où, les religions, les idéologies, les politiques et les militaires ont échoué et sont responsables d’une haine si vive et de tant de morts ?

Citations

Le contrôle au facies … (social !)

Il savait désormais que les soldats, les gardes frontières, les vigiles et les policiers, issus pour la plupart des couches inférieures de la société israélienne, n’arrêteraient jamais un individu portant des vêtements manifestement plus chers qu’eux mêmes en portaient.

Les conversations dans les dîners de la classe aisée arabe israélienne (cela ressemble beaucoup à ce que je connais ailleurs !)

 En général, les hommes parlaient d’immobilier ou d’argent : qui a acheté quoi et qui est plongé dans les dettes jusqu’ au cou… Les femmes, elles, des institutrices de leurs enfants et d’histoires d’autres parents d’élèves.

 Les subtilités des préjugés entre Arabes israéliens

 En revanche, ils n’avaient jamais envisagé d’inviter Samah et son époux, bien que tous deux ne fussent pas moins instruits que les autres invités et bien que leur statut social fût peut-être supérieur à celui des autres. Le fait d’être résidents de la ville orientale les éliminerait car ces rencontres regroupaient des immigrés de l’intérieur et il y a avait des choses – ainsi pensaient-ils- qu’ils ne pouvaient partager avec les autochtones, aussi riches et éclairés fussent-ils.

 Les mères arabes sont-elles différentes des mères juives ou de toute mère ?

 Le rêve de chaque mère arabe dans ce pays était que son enfant soit médecin ou avocat.

 Les difficultés de vie et les facultés d’adaptation des habitants

Car les épouses, mères, et sœurs de prisonniers qui s’adressaient à un avocat pour qu’il représente leurs êtres chers étaient nombreuses. La plupart des familles palestinienne de Cisjordanie préféraient envoyer une femme contacter un avocat de Jérusalem car leurs chances de franchir les barrages militaires sans permis de circuler étaient supérieurs à celles des hommes.

L’humour et réalité

« Il a juste volé à des Juifs », disaient certains de ses clients pour tenter de convaincre l’homme de loi qu’en fin de compte leur parent était innocent car les lois des Juifs étaient différentes, ce qui minimisait le vol. Pour eux, ce vol était une broutille, les Juifs ne sont-ils pas des gens prévoyant ? Ils ont des compagnies d’assurances, ils possèdent de l’argent et, dans une certaine mesure, voler un véhicule a un Juif était une sorte d’emprunt, voire de restitution a des propriétaires légitimes, et non un délit passible de condamnation.

 Les localités arabes en Israël

Décidément toutes les localités arabes se ressemblaient. Les municipalités soignaient l’entrée de l’agglomération, et, au diable le reste ! L’important était que le maire puisse se faire tirer le portrait devant l’entrée solennelle de sa cité et l’imprimer ensuite sur les tracts de sa campagne électorale.

On en parle

Je suis à la recherche d’un blog ayant parlé de ce livre ?

 

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4
Dans le cadre du club de lecture. Les livres qui me font éclater de rire sont rares et celui-là en fait partie. Je conseille ce livre à tous ceux et toutes celles qui un soir de solitude n’ont pas un moral extraordinaire, c’est mieux que du prozac. La description de sa meilleure amie qui, pour passer inaperçue, s’affuble d’un bonnet péruvien est irrésistible.

La tentative de suicide aux cachets d’ultra levure : fou rire garanti. Mais je dois avouer que j’ai complètement accroché au roman quand le personnage principal a décrit ses réactions face à la mort. J’ai ensuite été plus attentive au récit. En plus, le suspens est bien mené : on veut absolument connaître le secret du beau Ric, l’homme dont Julie est amoureuse. Je suis bluffée que ce roman soit écrit par un homme, car il décrit avec une grande finesse les comportements féminins. Les séances de repas entre copines sont à mourir de rire et les remarques un peu « vachardes » sont trop vraies.

Évidemment, ce n’est pas un grand roman mais, j’avais besoin, ce soir là, d’un remontant, et le talent de cet écrivain à raconter la vie de tous les jours de façon drôle a bien fonctionné.

Citations

Remarque tellement vraie

C’est en les voyant que j’ai compris une chose essentielle : la mort se tient tout près de nous et elle ne manque jamais de saisir ceux qui passent à sa portée.

Julie, l’amoureuse impatiente

– À bientôt ! A-t-il lance avec son joli sourire.
–  » A bientôt «  : quelle expression détestable. Pour moi qui panique à l’idée de perdre les gens, ces simples mots sont une horreur. Ils signifient que l’on ne sait pas quand on se reverra. Que c’est le hasard qui décide. C’est insupportable. Je veux être certaine de retrouver tous ceux auxquels je tiens tellement.

Une bonne formule

Son chemisier à faire crever un caméléon.

Le suicide de Jade

Il faut vous dire que, la dernière fois que Jade a essayé de se tuer, elle a avalé dix gélules d’ultra-levure. Tout juste de quoi avoir des gaz pendant deux heures. C’est ce qui s’appelle vouloir en finir… Le pire c’est qu’elle a appelle SOS médecin.

Un truc qui m’énerve aussi

Quelle que soit la situation, elle avait toujours le chic pour vous sortir le proverbe ou la sentence populaire pleine de bon sens qui a le don de vous mettre les nerfs en pelote.

Je suis bien d’accord

Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celle que j’adorais et celles que je détestais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prête à tout donner et ceux qui peuvent aller crever. Ensuite on grandit. Entre le noir et le blanc, on découvre le gris. On rencontre ceux qui ne sont pas vraiment des amis mais que l’on aime quand même un peu et ceux que l’on prend pour des proches et qui n’arrêtent pas de vous planter des couteaux dans le dos.

Le bonnet péruvien

Ce matin-la j’ai découvert une des sept vérités fondamentales qui commandent l’univers : le bonnet péruvien ne va a personne… Je ne sais pas si c’est la forme, la matière ou la couleur mais franchement, je comprends que ça énerve les lamas et qu’ils crachent sur des innocents

On en parle

Les bonheurs de Sophie (j’aime bien le nom du blog).

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5
C’est un livre sur l’amitié et ce sont mes amis qui m’ont prêté ce roman. La meilleure façon de les remercier serait que je vous donne envie, à mon tour, de lire ce livre qui m’a fait rire et qui m’ a émue. Ce livre est paru en 1989 , je n’en connaissais pas l’existence. Pourtant, l’auteur ne m’est pas inconnu, j’avais bien aimé à l’époque « La puce à l’oreille » et « Je suis comme une truie qui doute ». Mais c’est un peu pour ça que je n’avais pas fait attention à sa production romanesque, j’avais catalogué Claude Duneton « spécialiste des faits de langue », en particulier des expressions, et je ne connaissais pas son talent de romancier.

« Rires d’homme entre deux pluies » raconte avec un talent humoristique certain, l’errance de paumés dans les années 70 . Ils vivent au cœur de Paris, à côté de Notre dame de Lorette, dans un logement vétuste sous les combles d’un immeuble, gardé par une concierge qui perd quelque peu la tête. Tous les personnages sont importants et Alphonsine, la concierge jouera son rôle dans l’intrigue.

Le charme du roman vient essentiellement du côté déjanté mais plein d’humanité de tous les personnages et également du style de Duneton. Comme la relecture la plus importante que j’ai faite cette année, c’est « le voyage au bout de la nuit » j’ai souvent pensé à Céline, mais un Céline heureux qui aurait confiance dans l’humanité.

Alors que reste-t-il de Céline ? Ce goût pour les gens de tous les jours, pour les antis héros, les situations banales, la maladie, la mort et l’évolution lente d’un personnage vers son accomplissement. Et puis, une certaine jouissance à écrire avec la langue de tous les jours truffée de toutes les expressions et citations que nous avons tous plus ou moins dans la tête. Ferdinand (comme par hasard) qui finira par s’appeler Jean est traducteur, nous suivrons toutes ses difficultés de traduction comment par exemple traduire correctement une expression d’une langue à l’autre. Faut-il traduire « Piss-weak » par « pisse-froid » ou par « couille molle » ? Nous le verrons avec son ami Clément ruser pour se nourrir les mois où la dèche et la faim sont trop fortes. Nous suivrons son amour pour Carolina qui s’appelle en réalité Viviane.

Nous connaîtrons les milieux de l’édition, du cinéma avec tous leurs aspects négatifs mais aussi amusants et vivants. Cela pourrait parfois être une charge contre notre société mais ce n’est pas ça, l’auteur pose un regard lucide et amusé sur les comportements des gens dans les années 70, un peu à la Brassens à qui il m’a fait penser également. J’ai trouvé parfois que le roman s’égarait un peu, en particulier dans les brumes finlandaises et la fin me laisse dubitative.

Le titre le dit bien, si vous voulez rire et pleurer avec des êtres ô combien humain précipitez- vous sur ce livre (si vous le trouvez), vous passerez un très bon moment au milieu d’une foule de personnages aux destinées variées. Vous n’oublierez pas le Tiaf déguisé en femme , Alphonsine vociférant contre les juifs, Berbis qui se prend un râteau malgré son énorme érudition , Riton qui ne veut plus vivre accroché à son fauteuil roulant, et tant d’autres figures contemporaines croquées avec humour et sensibilité.

Citations 

(j’en ai mis beaucoup j’avais parfois envie de recopier des passages entiers)

 À Paris ce matin-là, l’air était gris, les chats dans les gorges.

 

Dans les amours les plus blafardes, les coups du cœur très mal branchés, il y a toujours un moment comme ça, un laps parfait où tout bascule, où la vie est belle à crier !

 

Devant le radiateur à gaz à l’entrée, il y avait des caleçons qui séchaient, des boîtes de conserve bâillaient sur ce qui aurait dû être ma table de travail. Et partout des chaussettes, des bouquins, des godasses, un manche de pioche – je ne sais pour quelle raison- et des journaux en pagaille !

 

La vie aussi était comme ça, provisoire, avec ses folies, ses hontes, ses orgueils. Ses regrets. Un enchaînement d’évidences qui se poussent.

 

Il avait les yeux très bleus. J’ai dit que tous les mythes avaient des yeux bleus – même Jésus Christ dans ses photos antérieures au XIXe siècle.

(Une phrase qui me fait penser à du Céline )

Le mois de janvier avait été pluvieux, pas très froid mais pourri. Nous regardions tomber la flotte, jour après jour, à la semaine, dégouliner les toits de paris. A se demander !… A chercher, dans le ciel mouillé, où est le trou d’où vient la pluie.

 

Pour les soucis d’argent Clément était d’un réconfort médiocre. Ses discours sur la société capitaliste, intéressant en eux-mêmes, ne valaient pas le diable dans les moments de pénurie. Je trouvais que ce garçon populaire s’acheminait lentement, mais sans remède , vers le Secours du même nom.

 

Nous volions une boîte de thon au naturel, de maquereau au vin blanc – jamais d’alcool ! une bouteille d’huile un jour à cause des vinaigrettes… On ne craignait pas trop l’escalade, car, dans le quartier, je ne vois pas trop où nous aurions pu voler un bœuf !

 

Je me suis dit que les femmes, réellement, étaient les vraies merveilles du monde.

 

Je me disais que cet intérieur blanc des cuisses des femmes est sans doute le plus bel endroit du monde. Que lorsque je mourrais, si j’avais le sentiment des choses laissées, mon regret ce serait l’intérieur blanc des cuisses des femmes !

 

Sa tactique à lui consistait à jouer de la culture comme d’une arme secrète … Il m’avait confié qu’il lui arrivait d’établir des fiches, des catalogues de citations choisies, par matières pour les balancer dans une discussion au moment stratégique, de l’air de celui qui s’en fout totalement… Ah oui : très important ça ! Ne citer que par dessous la jambe, toujours ! Négligemment, faire croire que c’est tellement connu, ce qu’on dit là ! … Un rappel, tout au plus ! En s’excusant de la banalité…

 

 Carolina disait qu’il ne faut rien savoir des gens ; quand on sait tout, il ne reste plus rien. Ils sont mangés …. Souvent il n’y a palus qu’à les vomir ! Ce qui est une rude entreprise ? Parfois ça peut durer toute la vie.

 

Je me suis dit que c’était rigolo, mais les gens d’un certain standing, lorsqu’ils étaient absents de Paris, ils résidaient rarement dans le Nord.

 

J’ai dit qu’en effet, après avoir glandé tout l’été, je me sentais fort dépourvu. J’aimerais ça trouver de quoi subsister jusqu’à la saison prochaine !

 

Les rires commerçants en général, l’aspect « jovialo-servile » !

On en parle

Appel à la blogosphère qui a déjà écrit sur ce roman exceptionnel ?

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Traduit du suédois par Caroline Berg

4
Je le dis tout de suite à la petite Souris Jaune (voire le lien à la fin de l’article) dont j’apprécie beaucoup les critiques d’habitude, je suis comme Clara ( idem pour le lien) j’ai adoré. J’ai ri, et puis, ça m’a fait un bien fou de revisiter certains drames de notre histoire à travers les aventures si peu probables d’un génie suédois de l’explosif en tout genre (tiens tiens, Monsieur Nobel … serait-ce une tradition dans votre froid pays !).

On ne s’ennuie jamais dans cette aventure, on suit avec plaisir la fuite des bras « pas si cassés » que ça, de la bande du centenaire qui arriveront à se défaire et des malfrats et de la police, tout en conservant un énorme magot permettant à tout ce petit monde de finir leurs jours sous le chaud soleil de Bali. Auparavant, nous connaîtrons les cent ans d’une vie agitée, où toutes les crapules (Staline, Mao, Johnson, Kim Il-sun…) ayant bien contribués au malheur de l’humanité auront eu affaire à Allan Karlson qui veut bien discuter de tout sauf de politique car il n’y connaît rien.

Le moment où en Iran il se retrouve avec un pasteur britannique qui essaie de convertir les Iraniens à l’anglicanisme m’a fait mourir de rire. Je te l’accorde Petite Souris Jaune, ce n’est pas un humour très fin, et toi qui aimes les belles enquêtes policières tu as dû être déçu par le peu de perspicacité du policier suédois de base. Comme moi je m’ennuie à la lecture des polars , la caricature de la logique de l’enquête policière m’a bien fait rire.

Je devais être dans de bonnes dispositions, mais je persiste à recommander ce roman à tous ceux et toutes celles qui veulent s’amuser sans prétention et allez, je le reconnais à ceux et celles qui aiment le rire un peu gras, la bière et l’alcool fort !

Citations

Il fuyait sa propre fête d’anniversaire, et c’est aussi une chose qu’on fait rarement à cet âge-là, principalement parce qu’il n’est pas fréquent d’arriver jusque là.

 

Le centenaire se mit en route sur ses chausson-pisse (on les appelle comme ça parce que les hommes d’un certain âge ont du mal à faire pipi plus loin que les bouts de leurs chaussons).

 

Il avait travaillé comme commis dans une ferme battu quotidiennement par son père qui le considérait comme un bon à rien. L’année des ses vingt-cinq ans, un cancer emporta sa mère, ce qui lui fit de la peine. Peu après, son père se noya dans l’étang en essayant de sauver une génisse. L’événement affecta Julius car il aimait bien la génisse.

 

Alan trouvait incompréhensible que les gens aient eu envie de s’entretuer au XVIIe siècle. S’ils avaient patienté un peu, ils seraient morts de toute manière.

 

Trois heures plus tard, les deux hommes se donnaient du Harry et du Allan, ce qui en dit long sur ce que deux bouteilles d’alcool sont capables de faire pour le rapprochement entre les peuples.

 

On peut dire ce qu’on veut de la cuisine française, mais une chose est sûre : on a beau vider son assiette, on n’est pas rassasié.

 

La première décision prise par Gorbatchev, le petit jeune qui avait pris la barre, avait été de lancer une campagne contre la consommation excessive de vodka dans le pays. Ce n’était pas comme ça qu’on séduisait les masses, n’importe quel imbécile était capable de le comprendre.

 

Il fut accueilli par sœur Alice, qui avec un sourire aimable lui fit perdre toute sa joie de vivre en quelques minutes simplement en lui faisant part du règlement intérieur : interdiction de fumer, interdiction de boire de l’alcool et interdiction de regarder la télévision après 23 heures. Elle précisa que le petit déjeuner était servi à 6h45 en semaine et une heure plus tard les jours fériés. Le déjeuner à 11h15, le goûter à 15h15 et le dîner à 18h15. Tout pensionnaire arrivant après ces heures s’exposait à être privé de repas.

-Est- ce qu’on peut aller chier quand on veut ? demanda Allan

On en parle

négatif  : La souris jaune, positif  : Clara et les mots

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Traduit de l’anglais britannique par Nelly PERONNY.

4
Excellent roman, on est bien avec Jack et Sally autant quand ils se disputent que lorsqu’ils s’entendent bien. Ce roman nous fait rire, sourire et nous émeut souvent. Je pense que ceux qui peuvent lire en anglais ont beaucoup de chance car ils doivent être, plus que nous, sensibles aux maladresses de langue. La traductrice essaie de nous en donner un peu l’idée mais c’est toujours compliqué ce genre de jeux de mots, évidemment !

Donc voilà, Jack veut devenir Anglais, mais alors un Anglais pur jus ! Il a quelques handicaps, il est juif d’origine allemande, il s’appelle Rosenblum, quand il est vraiment en colère les jurons sortent en allemand, sa femme Sadie adore parler allemand et surtout cuisine parfaitement des spécialités qui lui viennent de sa mère et grand-mère et qui n’ont rien à voir (heureusement !) avec la cuisine britannique. Le pire de tout : il n’est pas admis dans les clubs de golf où les juifs ne sont pas les bienvenus. C’est oublié que Jack ne s’arrête jamais à des détails d’aussi piètre importance, puisqu’on ne l’admet pas sur les terrains de golf, il construira le sien.

J’ai tout aimé dans de livre, l’évocation de la campagne anglaise, la peinture des habitants du Dorset, les animaux dont-il faut avoir peur (le cochon laineux par exemple !), et par-dessus tout la façon dont l’auteur rend compte des difficultés d’assimilation de la première génération d’immigrés. Sadie ne peut pas oublier les siens emportés par la Shoa mais grâce à ses talents de cuisinière le village finira par l’adopter, elle et sa mémoire à jamais meurtrie. Jack veut devenir plus Anglais que n’importe quel Anglais il rédige un code de 151 règles. Finalement, il forcera, grâce à son courage -celui de creuser seul la terre du Dorset pendant un mois- l’admiration des villageois et lui permettra de devenir un des leurs.

J’aime que l’antisémitisme anglais soit épinglé sans que cela devienne lourd ni tragique, je trouve que c’est encore plus efficace : le fameux humour britannique ! Lisez le passage où Jack vend sa maison de Londres sans avertir sa femme pour réaliser son rêve, c’est savoureux.

 

Citations

 

Si vous ne pouviez pas traire la vache du voisin, il vous suffira de posséder une vache. Aucun club de golf ne voulait de lui, il n’aurait qu’à construire le sien.

 

Cette boîte contenait tout ce qui lui restait de l’avant : une demi-douzaine de photographies…un vieux livre de prières … ainsi que le livre de recettes de sa mère et une serviette en lin blanc pliée avec soin.

 

« Sadie tâche donc d’être heureuse. »

Il n’avait pas compris. Malgré les années, il n’avait toujours pas compris. « Je ne veux pas être heureuse »

 

« Mein Gott ! Constamment de bonne humeur ! Ce n’est pas normal. Tu ne pourrais être un peu malheureux, une fois de temps en temps ? Nous aurions peut-être enfin des choses à nous dire après tant d’années !

– La colère affleurait dans sa voix, à l’immense satisfaction de Sadie ? Enfin elle le tenait. « Tu es comme un rayon de soleil à un enterrement. »

Jack eu un petit rire nerveux. « Et alors, où est le mal ? »

– Tout le monde veut du beau temps pour un mariage, mais, pour un enterrement, le ciel devrait au moins la décence de se couvrir. Juste par respect. »

Jack finit son pain, décocha un regard las à sa femme et sortit de la cuisine »

 

Sadie lut la recette à voix haute : « Mélangez les œufs, la bonne dose de sucre, de la farine en quantité suffisante et juste ce qu’il faut de vanille »

 

Voyez, voyez ! C’est pour cette raison que l’Angleterre est un grand pays. Dieu vous a donné les meilleures terres de golf au monde. C’est la providence. »

 

On en parle

Chez la souris jaune , je sais où elle a trouvé ce roman !