Édition Nathan . Traduit de l’anglais Anne Guitton
livre lu dans le cadre de la masse critique Babelio
Quel roman ! Chaque chapitre est une nouvelle douleur ! La lecture en est une véritable épreuve, bien sûr nous avons entendu les horreurs de la guerre en Syrie, mais une guerre en chasse une autre et nos yeux sont, aujourd’hui, tournés vers l’Ukraine et on a, peut-être, oublié que les Syriens ont tellement souffert. Cette auteure rassemble dans un roman tout ce qui est arrivé à Homs, les bombardements, les tirs des snipers, les missiles sur les hôpitaux, les enlèvements des principaux dirigeants de l’opposition et enfin l’utilisation du gaz contre la population. Pour construire son roman , elle choisit une jeune femme qui est victime d’hallucinations. Un personnage qu’elle sait être le fruit de son cerveau malade lui donne des ordres et lui ordonne de fuir. « Khawf » c’est son nom, n’hésite pas à lui montrer toutes les horreurs qui l’attendent si elle reste en Syrie.
Elle travaille dans l’hôpital qui voit arriver tous les blessés de cette guerre sans pitié. Certains passages sont insoutenables, mais c’est dans ce cadre qu’elle rencontrera l’amour , on va la suivre jusqu’à sa fuite. L’auteure visiblement a hésité entre deux fins, la mort en Méditerranée ou sa reconstruction en Allemagne.
J’ai des réserves sur ce roman car je préfère les témoignages : l’aspect romanesque ne rajoute pas grand chose et même, pour moi, affadit le propos.
Je n’oublierai jamais, par exemple, Akim, le personnage principal de la BD de Frank Toulmé qui m’a beaucoup aidée à comprendre la tragédie Syrienne. Sans doute plus que le récit de cette jeune écrivaine qui met pourtant toute son énergie pour réveiller nos consciences.
Pauvre pays ! toujours sous la botte du même dictateur bien aidé par son allié russe.
Citations
Quand dès la première phrase on sait que tout va mal.
Trois citrons fripés posés sur une étagère et un sachet de pains pita plus sec que moisi.Voilà tout ce que la supérette a à offrir.
Scène d’horreur.
Je vois un enfant appelé sa mère en pleurant.
Je vois un garçon aux lèvres crispées, dix ans à peine, blanc comme un linge, un énorme morceau de métal planté dans le bras droit. Il grimace de douleur mais n’émet pas le moindre son, car il ne veut pas effrayer sa petite sœur qui s’accroche à sa main en répétant « te’eburenee.Je vois des médecins, les derniers de Homs, secouer la tête devant des petits corps frêles et sans vie avant de passer au suivant.Je vois des fillettes aux jambes tordues dans des positions anormales. Leurs yeux expriment déjà toutes les angoisses de ce qui les attend. L’amputation.Je voudrais que ce spectacle soit diffusé en live sur toutes les chaînes de télé et tous les écrans de smartphones du monde pour que les gens sachent ce qu’on fait aux enfants dans ce pays