Category Archives: Condition Animal

 


Édition Actes Sud

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Une lecture qui m’a embarquée dans la nature, dans les Pyrénées françaises, à la suite de l’animal détesté par les éleveurs et protégé par les écologistes : l’ours . Je suis d’habitude peu intéréssée par ce genre de lecture, et pourtant j’ai lu avec passion ce roman. Cette écrivaine a un vrai talent pour nous faire vivre les émotions des différents protagonistes de cette histoire. Avec Jules, le montreur d’ours de la fin du XIX°, j’ai eu une peur terrible quand il s’est introduit dans la tanière de l’ourse pour lui voler un petit ourson. J’ai sué sang et eau, avec Gaspard, le berger qui garde les brebis l’été dans les estives, à la recherche des bêtes effrayées par l’ourse, et j’ai aimé la façon dont Alma, la chercheuse en éthologie, pose toutes les questions à propos de la réintégration du plantigrade dans la montagne pyrénéenne.

Vous l’avez compris, il y a trois voix dans ce roman, et ce qui les unit c’est leur attitude vis à vis de l’ours. On comprend à quel point le sort de l’animal, quand on avait le droit de les maltraiter pour leur faire faire des tours qui amusaient les hommes, était une pure horreur. Le berger voit son travail très compliqué par ce prédateur qui se joue si bien des hommes. Pourtant, lui aussi, pense qu’il faudrait trouver un moyen de faire cohabiter les paisibles ovins avec l’animal qui aime tant se nourrir de leur viande. Enfin toutes les questions que se posent Alma sont bien celles que nous nous devrions nous poser. C’est grâce à elle que j’ai découvert la complexité des problèmes pour les bergers et aussi aux écologistes raisonnables de la réintégration de l’ours dans les Pyrénées. Bien sûr, il y a, aussi, un personnage abruti qui ne veut que la mort de l’ourse, mais il est en réalité bien seul, et la romancière ne décidera pas que c’est lui qui a tiré sur l’ourse et l’a finalement tuée, mais nous sommes certains que c’est quelqu’un qui lui ressemble !

 

Bref, la cohabitation des hommes et des animaux sauvages, qu’il s’agisse des loups ou des ours méritait bien un si beau roman. Tout en subtilité.

(Un roman que Lecturissime a aimé, voici le billet d’Aifelle et de Kathel)

 

Extraits

Début.

 Elle s’éloigne lentement de ce pas suspendu, quelque peu léthargique de la sortie d’hibernation. Malgré les restrictions alimentaires et la perte de poids qu’impose le demi-sommeil hivernal, elle lui semble toujours aussi grande, aussi puissante que la première fois qu’il l’a vue, un an plus tôt, sa grosse tête balançant au rythme de ses pas, du mouvement de ses épaules ourlées de fourrure.

Excellente description de la peur dans l’action .

Comme un grand vide dans le ventre soudain, le pouls qui s’emballe, les mains qui tremblent. Il respire à pleins poumons et il glisse d’un coup dans le goulot d’étranglement qui sert de couloir à l’animal, il rampe le plus vite possible, s’aidant de ses coudes. Le souffle court, la conscience aigüe du danger. Et une excitation qu’il n’a jamais ressentie auparavant. Si elle revient trop vite, il est mort. Si elle revient. Il respire fort, se concentre.

Une amitié de gens de la montagne .

Le vieux lui avait confié ses bêtes, qu’il garderait désormais, les clés de la cabane, les secrets de sa montagne, et puis sa dernière chienne. Et Jean avait beau être d’un monde bourru où on ne dit pas que l’on s’aime, leurs vies étaient liées.

Métier de berger.

Et Gaspar avait peu à peu compris qu’être berger n’était pas réductible à un métier, il s’agissait d’une façon de vivre qui mobilisait des connaissances botaniques, topographiques, météorologiques, vétérinaires à toute épreuve. Jean incarnait une sorte d’homme complet, un danseur qui crapahutait à flanc, un philosophe distillant entre deux jurons des vérités brutes, un marcheur infatigable.

Être berger.

 Monter, c’était s’adonner à une vie de solitude et de frugalité. On ne s’embarrasse de rien, là-haut : de quoi manger, dormir au chaud, du sel pour les brebis, des croquettes pour les chiens et quelques produits vétérinaires. On y était vite ramené à sa place, un corps parmi la roche, les bêtes, les cieux, les champignons et les bactéries. La vie de cabane relevait presque d’un manifeste politique. La communauté des pâtres comptait d’ailleurs nombre de marginaux, d’anarchistes, de rêveurs que le refus de la sédentarité, une réticence à la dictature de la consommation avaient poussé à prendre la montagne comme on prend la route.

La griserie de la montagne .

 Elle comprenait, petit à petit, cette griserie des hauteurs, la difficulté à redescendre. Elle comprenait que ce pût passer avant tout, qu’on pût aimer la montagne à en mourir. Son père n’avait vécu dans le monde des hommes que par défaut, il vibrait pour la verticale des abysses et des montagnes. Et plongeant dans les pas de l’ours, s’immergeant des jours et des nuits dans son territoire, dormant contre la roche, il lui semblait enfin décoder l’énigme qu’avait été cet homme sans cesse dérobé. 

Les enjeux de la réintégration de l’ours.

 L’équipe était prise dans la spirale d’un débat politique qui dépassait les enjeux liés à l’ours. L’animal était un bouc émissaire commode dans une guerre vaine qui opposait les ruraux et les urbains, ou plutôt différentes visions de la ruralité, ceux d’ici et les autres, les éleveurs et le reste du monde ; guerre dont personne ne sortirait gagnant, qui poussait chacun à devenir une caricature de lui-même. Et ce conflit tantôt larvé tantôt ouvert ne reflétait rien de la complexité des rapports de la plupart des gens entretenait avec l’ours : chacun était sommé d’être « pour » ou « contre », le dialogue n’avait plus de place.

 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Édition Grasset

Je sais que cette écrivaine ravit Dominique et qu’elle a bien aimé ce roman ; pour ma part, j’ai beaucoup de réserves. Je le dis en avant propos, j’ai du mal avec les romans ayant pour objet le retour à la nature sauvage et sans doute encore plus aujourd’hui où il est de bon ton de ne parler que de ça. Je suis gênée, aussi, par le style et le propos du livre. Claudie Hunziger aime l’accumulation des phrases courtes, sans verbe, parfois réduite à un seul mot. Moi, moins. J’aime bien les phrases où je sens la pensée se construire avec des hésitations et des retours sur soi. Pour cela il faut douter, et l’auteure ne doute pas, elle sait qu’elle est du bon côté celui des animaux et tous les autres sont des assassins de la pire espèce. (On est bien loin du roman, d’Olag Tokarczuk qui pourtant défend la même cause). Elle construit son roman comme une œuvre de la nature, il faut du temps pour construire une harde de Cerfs il en faut aussi pour écrire son roman. La narratrice se fond dans sa forêt au service d’une cause. Celle de défendre ces superbes animaux :

 

Dans les Vosges, le cerf n’a plus de prédateur naturel, les forestiers estiment qu’ils sont en surnombre et abîment les arbres. L’ONF prend donc la décision d’en appeler aux chasseurs pour diviser par quatre la population de cervidés. C’est là que se situe ce roman : est-ce que cette décision ne fait pas trop la part belle aux seuls exploitants forestiers ? Est-ce que l’on tient compte du bien être animal et de la beauté de la nature ? Vous devinez les réponses de l’auteure qui voit même une collusion de l’ONF avec la boucherie qui vend la viande de cerf.

Il y a de très beaux passages dans ce roman auxquels, j’en suis certaine, toutes celles et tous ceux qui aiment les évocations de la nature seront sensibles. Et depuis que j’ai écrit ce billet j’ai lu le billet de Keisha beaucoup plus séduite que moi.

 

Citations

Genre de passage qui m’agace

Il était temps de passer à mon premier affût. Chacun une aventure. 
Les phrases aussi, chacune une aventure.

De combien de morts est responsable l’homme qui fait tant pleurer son ami ?

C‘était l’été de la première sécheresse, et celle-ci s’était conclue par la mort de Mao. À son annonce, je le vois encore s’écrouler sous un arbre du verger, gisant face contre terre, et je crois bien qu’il pleurait, soudain orphelin, tandis que les petites mirabelles des Hautes-Huttes précocement mûres, le bombardaient d’une pluie d’or.

Mélange évolution de la nature et création d’un livre

La repousse peut atteindre un centimètre par nuit. 
La tige d’une ronce peut, elle, bondir de cinq centimètres la même nuit.
Une ruche, pesée le matin, repesée le soir, peut avoir pris un kilo de miel. 
Tôt le matin, quand on surprend les aubépiniers sortant en fleur de la nuit, gonflés d’humidité, on ne sait pas tout de suite si on voit des cumulo-nimbus d’orage ou des amas de vaches aux mufles blancs. 
En une semaine, les cerfs ont allongé de dix centimètres. Mon livre, de quelques pages.

Je ne savais pas ça

(Remarquez les phrases réduites aux mots que je n’aime pas beaucoup.)

C’est à la mi-juillet exactement que les cerfs se mettent à « frayer », c’est-à-dire à fracturer l’enveloppe de velours qui enrobe leurs bois solidifiés. Quand elle sèche , on dirait qu’elle les brûle comme une tunique de Nessus, et que fou de douleur ils cognent leur bois contre les arbres, allant au même arbre chaque année. Et cette peau velue , brisée, ensuite, il la mange. Oui, il mange les lambeaux de ce velours sanguinolent qu’ils se sont fendus et qui pend devant leurs yeux. Impossible d’en trouver des débris, ils les font disparaître. J’ai beaucoup cherché sur les troncs blessés, dégoulinant de résine.. Pas un petit bout resté collé. Pas un indice traînant sous un buisson. On dirait que c’est hautement réservé. Animal. Interdit. Pour initié. Un moment de métamorphose sanglante. Nocturne et bref.
(PS je ne comprends pas ce « qu’ils se sont fendus » est ce qu’il faut lire « qu’ils ont fendu » )

 

Traduit du polonais par Margot Carlier, Édition Noir sur Blanc,Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Olga Tokarzuk qui, malgré son prix Nobel de littérature en 2018, m’était totalement inconnue, est véritablement un grand nom de la littérature contemporaine. Je ne vous renvoie pas à l’article de Wikipédia (qui m’a permis d’en savoir plus sur cette immense écrivaine) et je vous décourage de le lire si vous ne voulez pas vous gâcher le plaisir de lire ce roman qui est y est décrit sans aucun attention pour les lecteurs qui n’aiment pas que l’on leur raconte le dénouement avant de se lancer dans la lecture. Nous sommes ici sur la frontière tchèque au sud de le Pologne, dans une région de forêts et de collines. Une femme âgée qui a été autrefois ingénieure, vit dans une petite maison en totale harmonie avec la nature. Elle garde les maisons voisines qui ne sont habitées que l’été et donne quelques cours d’anglais dans une école primaire. Elle a deux amis, un traducteur de William Blake et Matoga son voisin dont le fils est policier. Elle passe une grande partie de son temps à écrire à la police pour dénoncer les pratiques des chasseurs. Elle trouve particulièrement cruel que ceux-ci attirent les animaux en leur offrant de la nourriture dans ce qu’elle appelle des « Ambons » qui- loin d’être des meubles religieux- sont des sortes de promontoires remplis de foin ou de fruits, les chasseurs pouvant alors tirer sur les bêtes qui se nourrissent sans se donner le mal de les chercher dans la forêt. Mais voilà que, dans ce village, une succession de morts suspectes troublent tous les habitants, les morts sont des chasseurs et des hommes enrichis par des pratiques douteuses et qui peuvent avoir un rapport avec la mafia russe. Mais elle, notre narratrice sait qu’il s’agit là de vengeances des animaux qui ne supportent plus d’être assassinés par des chasseurs cruels et sans cœur. Elle le sait d’autant plus qu’elle lit dans les astres et les planètes et que tout y est écrit. Elle en informe, à travers une multitude de lettres, la police qui la prend pour une folle. Et nous lecteurs ? et bien aussi curieux que cela puisse paraître, on aimerait tant que cela soit possible qu’on se laisse embarquer dans ses raisonnements. Je ne vous en dis pas plus. Je vous laisse savourer cette lecture qui est un hymne à la nature et aussi, une très bonne description de la société polonaise, cette auteure le fait avec un humour incroyable, on est vraiment bien dans tous les récits qui peuplent ce roman. Elle nous rend aussi un grand service en nommant tous les personnages par des surnoms qui sont tellement plus faciles à retenir que les prénoms polonais . Par exemple son ami Matoga s’appelle en réalité Świetopęlk . Avouez que c’est plus facile de prononcer, et de retenir, Matoga, il en va ainsi de « Grands-pieds », « Bonne-nouvelle » et tous les autres. Un roman fabuleux et magique et « un peu » moins sombres (grâce à l’humour) que les romans polonais que j’ai lus récemment. Et qui a beaucoup plu aussi à Krol.

 

 

Citations

Une astrologue avertie

En général, il est très peu loquace. Selon moi, il doit avoir Mercure en Capricorne, un signe de silence, ou bien en conjonction, en carré ou peut-être en opposition avec Saturne. Cela pourrait être aussi un Mercure rétrograde -ce qui est typique pour un introverti.

Humour

Selon moi, il aurait plus d’une fois mérité une punition, voire même la prison. J’ignore pourquoi il n’a jamais subi la conséquence de ses actes. Peut-être était-il sous la protection des anges, il arrive parfois qu’ils s’engagent du mauvais côté.

Les hommes vieillissants

J’ai ma théorie sur le sujet. L’âge venant, beaucoup d’hommes souffrent d’une sorte de déficit, que j’appelle. »autisme testostéronien », il se manifeste par une atrophie progressive de l’intelligence dite sociale et de la capacité à communiquer, et cela handicape également l’expression de la pensée. Atteint de ce mal, l’homme devient taciturne et semble plonger dans sa rêverie. Il éprouve un attrait particulier pour toutes sortes d’appareils et de mécanismes. Il s’intéresse à la Seconde Guerre mondiale et aux biographies de gens célèbres, politiciens et criminels en tête. Son aptitude à lire un roman disparaît peu à peu, étant entendu que l’autisme dû à la testostérone perturbe la perception psychologique des personnages.

Les actualités vues par quelqu’un qui ne regarde que la chaîne météo

À l’heure du café, on présente généralement le bulletin météorologique pour les skieurs. Il montre l’univers rugueux des monts, piste et vallées, avec leur enveloppe neigeuse ô combien capricieuse -la peau rêche de la terre n’est blanchie par la neige qu’à certains endroits. Au printemps, les skieurs cèdent la place aux allergique et l’image devient plus colorée. Des courbes douces déterminent les zones à risques. La couleur rouge indique les zones où la nature attaque le plus vigoureusement. Durant tout l’hiver, elle a attendu, endormie, pour frapper enfin les défenses immunitaires particulièrement fragile de l’homme. Un jour viendra où elle aura notre peau. À l’approche du weekend apparaissent les prévisions pour le trafic, mais elle se limite en réalité à quelques rares autoroutes. Cette répartition de la population humaine en trois groupes -skieurs, allergiques et conducteurs, je la trouve très convaincante. C’est une typologie simple et claire. Les skieurs, ce sont les hédonistes. Ils se laissent glisser sur les pentes. Les conducteurs préfèrent tenir leur sort bien entre leurs mains, quitte à faire souffrir leur colonne vertébrale, après tout, la vie n’est pas simple. Les allergiques, enfin, sont toujours en guerre. À l’évidence, je suis une allergique.

Le portrait de l’écrivaine (autoportrait ?)

L’écrivaine arrive habituellement au mois de mai, dans sa voiture remplie de livres et de nourriture exotique. Je l’aide à décharger et à défaire ses bagages, car elle souffre de la colonne vertébrale. Elle porte une minerve. À cause d’un accident, paraît-il. Mais peut-être est-ce en raison du temps passé à écrire que sa colonne vertébrale s’est détraquée. Elle me fait penser à quelqu’un qui aurait vécu les derniers jours de Pompéi -on dirait qu’elle est couverte de cendres : son visage est gris, ses lèvres aussi, tout comme ses yeux et ses cheveux, attachés avec un élastique et relevés en chignon. Si je la connaissais moins bien, j’aurais sans doute lu ces livres. Mais puisque je la connais, j’ai trop peur de cette lecture. Peur de me reconnaître, présentée d’une façon que je ne pourrai certainement pas comprendre. Ou d’y retrouver mes endroits préférés qui, pour elle, n’ont pas du tout la même signification que pour moi. D’une certaine façon, des gens comme elle, ceux qui manient la plume, j’entends, peuvent être dangereux. On les suspecte tout de suite de mentir, de ne pas être eux-mêmes, de n’être qu’un œil qui ne cesse d’observer, transformant en phrase tout ce qu’il voit, tant et si bien qu’un écrivain dépouille la réalité de ce qu’elle contient de plus important. : l’indicible.

Parler (avec humour) aux morts

Ma mère se tenait là, vêtue d’une robe d’été à fleurs, un sac en bandoulière. Elle était inquiète, désorienté.
– Nom de Dieu, mais qu’est-ce que tu fais ici, maman ? Me suis-je écriée, surprise.
 Elle a plissé les lèvres comme si elle voulait me répondre, puis elle est restée ainsi à les remuer durant un moment, mais sans produire le moindre son. Finalement, elle a renoncé. Ses yeux inquiets lançaient des regards circulaires sur les murs, sur le plafond. Elle ne savait plus où elle se trouvait. De nouveau, elle a tenté de me dire quelque chose et de nouveau elle y a renoncé.
-Maman… Murmurai-je, en essayant de capter son regard fuyant.
J’étais furieuse contre elle, parce qu’elle était morte depuis un certain temps déjà. Non mais je rêve ! Les mères qui ne sont plus de ce monde ne se comportent pas ainsi.

Les courses en ville en Pologne et les subventions européennes

Nous nous présentions sans rechigner aux interrogatoire, profitant de ce déplacement en ville pour accomplir un tas de choses, acheter des graines, déposer une demande de subvention de l’Union européenne, nous sommes aussi allés au cinéma

Une astrologue particulièrement douée…

Cette fois-ci, j’analysais scrupuleusement le programme télé, que j’avais imprimé avec le maximum de chaînes possibles, et je cherchais à établir un lien entre l’argument des films diffusés un jour donné et la configuration des planètes. Des liens réciproques se dégageaient avec un caractère d’évidence.

Remède contre les cauchemars

Il y a un vieux remèdes contre les cauchemars qui hantent les nuits, c’est de les raconter à haute voix au-dessus de la cuvette des WC, puis de tirer la chasse.

Portrait du dentiste

Selon moi, le dentiste aurait pu devenir l’attraction touristique du coin si seulement son activités avait été légale. Malheureusement, quelques années auparavant, on l’avait privé du droit d’exercer son métier pour abus d’alcool. C’est tout de même curieux que l’on interdise pas l’exercice de ce métier pour mauvaise vue, car cette affection peut s’avérer bien plus dangereuse pour le patient. Quant au dentiste, il portait des verres épais, dont un était collé avec du ruban adhésif.

Toujours cet humour

Je dois avouer que c’était un bel homme, malgré son ventre proéminent qui l’enlaidissait. Il était sûr de lui, séduisant, sa carrure jupitérrienne faisait excellente impression . Eh bien, oui ! cet homme était né pour gouverner. D’ailleurs, il ne savait rien faire d’autre.

 

Traduit de l’anglais par Georges Lory.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. 

 

Voici sept nouvelles qui peuvent se lire séparément, mais qui ont des points communs : le vieillissement et la volonté de rester soi-même d’une femme indépendante et intellectuelle malgré les affronts de l’âge, les soucis des enfants face à l’indépendance et la fragilité de leur mère vieillissante, et enfin les animaux que les hommes traitent si mal parfois.

Toutes les nouvelles ont beaucoup de charmes et de délicatesses, rien n’est résolu, les histoires sont comme en suspens . La dernière qui a donné son titre au recueil « l’abattoir de verre », m’a fait penser au livre de Vincent Message « Maîtres et Possesseurs » , d’ailleurs J.M Coetzee rappelle la philosophie de Descartes dans cette nouvelle. Ce n’est pas celle que j’ai préférée, je sais que je vais l’oublier assez vite, sauf sans doute l’image des poussins que l’on broie à peine nés car ils ne sont pas du bon sexe, (aucune féministe ne se réjouira de savoir que ce sont les petits mâles que l’on passe à la broyeuse !). J’ai beaucoup aimé la nouvelle de la femme qui se réfugie dans un village espagnol entourée de chats à moitié sauvages et d’un certain Pablo un peu demeuré et qui l’aide à vivre dans une maison si inconfortable. Que son fils soit inquiet on peut le comprendre, mais rien ne semble pouvoir la faire changer d’avis !

Je me suis demandé pourquoi J.M Coetzee avait choisi de se mettre à la place d’une femme puisque ces sept nouvelles racontent sept moment différents du vieillissement la vie d’Elizabeth Costello mais il a beaucoup de talent pour sonder l’âme humaine qu’elle soit dans un corps féminin ou masculin.

 

 

Citations

 

Se sentir vieillir

Ce que je trouve troublant vieillissant, dit-elle à son fils, c’est que j’entends sortir de ma bouche des mots que jadis j’entendais chez les personnes âgées et que je m’étais promis de ne jamais employer. Du style  » Où-va-le-monde-ma-bonne-dame ». Les gens se promènent dans la rue en mangeant des pizzas tout en parlant dans leur portable -où va le monde ?

 

La beauté

La question que je me pose à présent, c’est : toute cette beauté quel bien m’a-t-elle fait ? La beauté n’est-elle qu’un bien de consommation, comme le vin ? On le déguste,on l’avale, il nous donne une sensation agréable, grisante, mais qu’en reste-t-il au final ? Le résidu du vin, excusez-moi, c’est l’urine ; quel est le résidu de la beauté ? Quel aspect positif nous laisse-t-elle ? La beauté fait-elle de nous des gens meilleurs ?

 

L’automne

Tout comme le printemps est la saison qui regarde l’avenir, l’automne est la saison qui regarde vers l’arrière 

 Les désirs conçus par un cerveau automnal sont des désirs d’automne, nostalgiques, entassés dans la mémoire. Ils n’ont plus la chaleur de l’été ; même lorsqu’ils sont intenses, leur intensité est complexe, plurivalente, tournée vers le passé plus que l’avenir. 

 

 

Ce petit déjeuner pluvieux a été égayé par la lecture de ce livre. J’avais trouvé l’idée sur le blog de Noukette qui parlait du « Retour de Jules » j’ai donc préféré lire son arrivée, d’autant qu’elle a été moins séduite par le tome 2. On sourit à cette lecture et on admire les prouesses du chien d’aveugle. Je n’apprécie pas que celui-ci porte le même prénom que mon petit fils, pour moi il y a une différence entre les hommes et leurs fidèles compagnon, ce n’est certainement pas une réflexion politiquement correcte pour tous les amis des animaux. Mais j’aime bien que les gens s’appellent Didier et leur chien Médor. Je m’égare ! Ce roman raconte les amours contrariés de Zibal, un homme super diplômé qui vend des macarons Laduré à l’aéroport d’Orly et d’Alice une aveugle, peintre à ses heures, guidée par Jules. Malheureusement pour le chien, Alice recouvre la vue et Jules perd son utilité mais pas l’amour de sa maîtresse. Le roman peut commencer avec des suites de rebondissements auxquels on n’a pas besoin de croire puisque Didier Van Cauwelaert vous les raconte si bien. C’est drôle, enlevé et comme cet écrivain sait croquer nos comportements contemporains un peu ridicules, ce roman se lit facilement. Je sais que je ne lirai pas le tome 2 (moins apprécié des fans de Jules 1 !), sauf si un jour de cafard j’ai juste envie de me divertir. C’est déjà beaucoup d’avoir ce don là : divertir une Dinardaise un jour de pluie !

Citations

L’amour des animaux et des chiens en particulier

Jacques Haussant est un misanthrope comblé qui voit depuis toujours dans le chien d’excellentes raisons de mépriser l’homme.

le personnage principal

Malgré moi j’ai béni la dégringolade sociale qui m’avait placé sur sa route. Avec un double diplôme d’ingénieurs biochimiste et d’astrophysicien, je suis devenu à quarante deux ans vendeur de macarons à Orly Ouest niveau Départ, hall 2.

Genre de petites observations que j’aime bien

Quant à la gestuelle des textos, elle crée dans les rues, les transports, les bureaux une chorégraphie digitale que je suis la seule à trouver grotesque

Elles ne sont mariées que depuis trois semaines mais au rythme où elles se disputent, elles risquent fort d’être les pionnières du « Divorce pour tous »