Ce petit déjeuner pluvieux a été égayé par la lecture de ce livre. J’avais trouvé l’idée sur le blog de Noukette qui parlait du « Retour de Jules » j’ai donc préféré lire son arrivée, d’autant qu’elle a été moins séduite par le tome 2. On sourit à cette lecture et on admire les prouesses du chien d’aveugle. Je n’apprécie pas que celui-ci porte le même prénom que mon petit fils, pour moi il y a une différence entre les hommes et leurs fidèles compagnon, ce n’est certainement pas une réflexion politiquement correcte pour tous les amis des animaux. Mais j’aime bien que les gens s’appellent Didier et leur chien Médor. Je m’égare ! Ce roman raconte les amours contrariés de Zibal, un homme super diplômé qui vend des macarons Laduré à l’aéroport d’Orly et d’Alice une aveugle, peintre à ses heures, guidée par Jules. Malheureusement pour le chien, Alice recouvre la vue et Jules perd son utilité mais pas l’amour de sa maîtresse. Le roman peut commencer avec des suites de rebondissements auxquels on n’a pas besoin de croire puisque Didier Van Cauwelaert vous les raconte si bien. C’est drôle, enlevé et comme cet écrivain sait croquer nos comportements contemporains un peu ridicules, ce roman se lit facilement. Je sais que je ne lirai pas le tome 2 (moins apprécié des fans de Jules 1 !), sauf si un jour de cafard j’ai juste envie de me divertir. C’est déjà beaucoup d’avoir ce don là : divertir une Dinardaise un jour de pluie !

Citations

L’amour des animaux et des chiens en particulier

Jacques Haussant est un misanthrope comblé qui voit depuis toujours dans le chien d’excellentes raisons de mépriser l’homme.

le personnage principal

Malgré moi j’ai béni la dégringolade sociale qui m’avait placé sur sa route. Avec un double diplôme d’ingénieurs biochimiste et d’astrophysicien, je suis devenu à quarante deux ans vendeur de macarons à Orly Ouest niveau Départ, hall 2.

Genre de petites observations que j’aime bien

Quant à la gestuelle des textos, elle crée dans les rues, les transports, les bureaux une chorégraphie digitale que je suis la seule à trouver grotesque

Elles ne sont mariées que depuis trois semaines mais au rythme où elles se disputent, elles risquent fort d’être les pionnières du « Divorce pour tous »

 

Ce livre est dans mes listes depuis …… longtemps ! j’apprécie cette auteure qui fait partie des gens qui me font du bien. D’abord parce que Katarina Mazetti aime raconter des histoires et que j’adore que l’on m’en raconte. Ensuite, parce qu’elle a un sens de l’humour avec lequel je suis bien : jamais méchant mais tellement pertinent. La fin est peut-être trop gentille, mais elle ne fait que deux pages et il fallait bien finir ! C’est pourtant pour cette raison et l’aspect un peu caricatural de certains personnages que ce roman n’a pas eu ses cinq coquillages que j’ai parfois eu très envie de lui mettre. Nous sommes embarqués sur un bateau de croisière vers l’Antarctique avec des Suédois sans soucis financiers mais avec parfois des difficultés bien plus graves. Les deux personnages centraux sont un journaliste et une certaine Wilma. Le journaliste se noie dans un divorce qui le prive de ses enfants. Tous les torts sont évidemment, selon lui, du côté de son épouse, mais peu à peu on se rendra compte que ce n’est peut être pas si simple. Et surtout, comme dit mon beau-frère préféré « il y a malheur plus grand » : que cache, en effet, la raideur et la maladresse de Wilma ? Il prend le risque à force de ne s’intéresser qu’à sa petite personne et profiter sans vergogne de la gentillesse et de l’optimisme de celle qui ne veut pas étaler ses problèmes de passer à côté d’une véritable difficulté de la vie. Et puis, il y a, Alba qui compare chaque type humain à des comportements des animaux mais préfère ces derniers au hommes car  : l’expression « les hommes sont des animaux » est une offense aussi bien envers les manchots que les autres espèces animales. C’est vrai que ce n’est pas un roman qui va rester à vie dans ma mémoire mais il m’a fait sourire et j’ai bien aimé les observations sur les comportements des mammifères dits supérieurs, un peu caricaturaux, peut-être comme ces deux sœurs : l’une, la riche exploite sans pitié la gentillesse de l’autre, la plus pauvre. Ces petits bémols ne doivent pas faire oublier que c’est avant tout un roman léger et agréable et pas l’étude du siècle sur les mœurs de la société suédoise.

Citations

Préface

Tous les personnage de ce roman ont été tirés d’un compost d’observation diverses et de fragments de souvenirs qui a mûri dans la tête de l’auteur durant un laps de temps indéfini.

C’est indiqué « bagages » avec une flèche à droite et une autre à gauche. Sur le même panneau ! J’ai un faible pour les Français, mais Charles-de-Gaulle est un concentré de leurs pires défauts.

Des noms qui font rêver (ou pas)

Thiruvananthapuram 

C’est vrai en France aussi

Regardez le public au théâtre ou dans les vernissages ! Quatre-vingt-dix pour cent sont des femmes, la plupart ayant dépassé la cinquantaine, les dix pour cent restants y ont été traînés par une femme. Interdisez l’accès aux femmes de plus de quarante-cinq ans et vous pouvez annuler toute vie culturelle suédoise !

Le résultat d’une enquête journalistique

Le conseiller d’éducation s’est pendu avant le procès laissant une épouse et trois enfants dont deux fréquentaient son école. La réputation de la remplaçante a été ruinée et elle a perdu son boulot. Le seul à être vraiment heureux à probablement été l’enfoiré qui avait vendu l’histoire au départ. Et puis, nous les trois épaulards . Dans une bonne humeur forcée, nous sommes allés nous saouler au pub pour célébrer notre activité si utile à la société.
Bon évidemment qu’elle était utile à la société, je le soutiens encore aujourd’hui. Mais. La vie de six personnes à été détruite.

Philosophie du marin

Tout le monde devrait connaître un bon mal de mer de temps en temps, a-t-il marmotté. Ça vous rend humble et doux, on se rend compte qu’on n’a pas grand-chose à opposer à la nature. Je crois que je vais inventer un comprimé de mal de mer qui fonctionne à l’envers. Pour le jeter dans le gosier des tyrans omnipotents aux quatre coins du monde quand ils s’apprêtent à envahir un pays , ou à dévaster une forêt, ou simplement à battre leur femme.

Un vantard

Göran est resté au bar à raconter à ceux qui voulaient bien l’écouter qu’il n’avait jamais eu le mal de mer. Ce qui est sans doute vrai -mais il n’a pas précisé qu’il n’avait jamais vraiment pris la mer, seulement fait des courses en hors-bord sur le lac près de chez nous.

J’ai souri

C’est un peu comme boire un verre de cognac quand on sent venir un gros rhume. Ça ne guérit personne, mais on s’amuse plus en attendant d’être patraque.

 

 


J’aime cette auteure et je sais que je lirai toute sa série. Marie-Aude Murial possède ce talent de nous faire partager la vie d’une grande partie des êtres humains de notre société à partir d’un point de vue précis. Un petit bémol, pour moi, on sent trop, dans ce récit, que l’on aura une saison 3, trop de choses sont en suspens, mais tant pis, je ne boude pas mon plaisir. J’aime bien passer mes soirées avec Sauveur Saint-Yves et son fils, Lazare que l’on voit un peu moins dans ce tome . Ce médecin, psychologue ordinaire donc extraordinaire, quand il arrive à rendre moins malheureux les gens autour de lui, inaugure un nouveau traitement « l’hamsterothérapie ».

Citations

L’ado à problèmes

Gabin zonait parfois sur « Word offre Warcraft » pendant six ou sept heures d’affiliés, de préférence la nuit. D’où ses absences scolaires, surtout en début de matinée. À partir de 11 heure, il se contentait de dormir en cours, la tête entre les bras. Les profs le laissaient en paix, désarmés par sa bonne gueule un peu cabossée, à la Depardieu jeune, et son regard inexpressif, qui le faisait passer pour plus crétin qu’il n’était.

L’horreur de Daesh

Racontée à la journaliste

Haddad avait 26 ans, elle était mariée à Youssef, professeur de violon. Peu après l’entrée des djihadistes, dans Mossoul le 10 juin, monsieur Haddad avait perdu son emploi, la musique étant interdite. Les hommes de Daesh avait marqué la maison des Haddad d’une lettre qui les désignaient comme chrétiens. Puis les nouveaux maîtres de la ville, circulant en pick-up dans les nouveaux quartiers chrétiens, avaient diffusés ce message par haut-parleur :  » Convertissez-vous, devenez sujets du Califat. Sinon, partez sans rien emporter.  » Refusant de se soumettre aux islamistes ;, les Haddad avaient bourré leur break. A la sortie de la ville quatre hommes les avaient fait ranger sur le bas-côté

Ils nous ont demandé de sortir du break. Ils ont pris tout ce qu’on avait dans la voiture . Puis on a pu partir…..

Racontée en toute confiance au psychologue

Elle lui raconta la terreur dans la ville, son frère Hilal, un adolescent d e 15 ans égorgé en pleine rue, la fuite dans le break, les hommes qui les avaient arrêtés et sortis de force de la voiture, le violon de son mari qu’ils avaient fracassé contre une pierre, car la musique est impie, les bijoux qu’ils avaient arrachés à ses mains, à son cou, la peur qu’elle avait eu d’être violée….

La mère abusive pauvre Samuel !

Madame Cahen, qui,était aux aguets, avait flairé quelque chose. son fils se lavait, il cirait ses chaussures

– Tu te fais beau ce matin, ricanait-elle ? « Elle » est de ta classe .

Samuel buvait son chocolat le matin, il mettait son linge sale dans le panier ?. Sa docilité même était suspecte. Sa mère entrait encore plus souvent dans sa chambre sans crier gare. Elle soulevait ses copies, ses cahiers, elle faisait du tri dans ses vêtements, elle cherchait elle ne savait quoi. Une lettre. Une adresse. Une photo. La trace d’une fille.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Il a reçu un coup de coeur. 

J’ai rarement eu un plaisir aussi fort en lecture. Je suis bien dans la langue de cet auteur et avec ses personnages. Je pense aussi qu’une partie de mon bien être vient du contrepoint qu’il apporte à la période que nous vivons en ce moment où tant de gens venant de ces mêmes régions reprennent le chemin de l’exil. En lisant la prose de Raphaël Constant, j’ai ressenti un immense espoir. Espoir que les hommes quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau, leur langue, leur religion, puissent vivre ensemble et façonnent grâce à leurs énergies venant du monde entier une région de notre planète. Je ne savais pas que dès 1920 les « levantins », c’est à dire les Syriens et les Irakiens chrétiens ou musulmans, avaient fui une région touchée par la misère.

Une rue, de Fort de France, porte le surnom de la rue des Syriens, c’est la plus commerçante et c’est là que le personnage dont nous suivons le destin, Wadi, va s’installer et faire fortune. Il aura auparavant quitté son père et sa mère qui vivent en Syrie à Halabiyah (lieu qui vient de connaître une nouvelle destruction et sans doute un nouvel exode). Dès son arrivée il aura la chance de tomber sous la coupe de Fanotte une femme noire qui va lui apporter l’amour physique mais aussi les langues de ce pays : le créole et le français. Grâce à elle et à son incroyable énergie, il va réussir à s’installer et vivre bien en Martinique, sans jamais oublier sa mère à qui il doit ses yeux verts, il la sait malheureuse au pays car elle est la première épouse de son père à qui elle n’a pu donner qu’un fils qui est si loin d’elle.

Le livre croise plusieurs destins, ceux des Syriens qui ont habité cette rue. J’ai été très sensible à la vie de Bachar le cousin de Wadi, il s’est fait chrétien par amour d’une jolie indienne. Le personnage que j’ai préféré c’est Fanotte, son intelligence et son énergie sont les fils conducteurs de ce roman. Elle saura accepter la légitime épouse de son Wadi sans rien perdre de sa superbe : quelle femme ! J’ai aimé entendre toutes ses langues, même si bien sûr il faut les traductions pour que je comprenne le créole, à l’image de ce peuple bigarré les langues sont des marqueurs sociaux très forts mais cela ne les empêche pas de vivre ensemble et de réussir à faire une communauté. Ce n’est pas non plus une image idyllique qui se dégage de ce livre, non c’est une société dure, raciste et implacable pour les faibles mais on sent que la vie est toujours prête à repartir .

Citations

La Syrie après l’empire Ottoman

Là encore, mon père se distinguait parmi les villageois de Halabiyah, qui considéraient les chrétiens d’Europe comme des sauveurs parce qu’ils avaient jeté bas l’Empire ottoman. il aimait à se proclamer, à la grande irritation de certains, Arabe d’abord, Syrien ensuite et enfin sujet de la sublime porte. A l’entendre, cette dernière avait toujours respecté les peuples qu’elle avait conquis, y compris en Europe même, dans une région qu’il désigna comme étant les Balkans. Chaque région jouissait d’une large autonomie et pour peu qu’elle ne rechignât point à payer l’impôt que levait annuellement Istanbul, elle pouvait se développer en toute tranquillité.

 Femme en Martinique

Naître femelle, dans ce pays-là est une sacrée déveine. Non seulement on doit se débattre avec la misère qui ne vous lâche pas d’un pas, mais on doit aussi supporter la scélératesse des hommes. Qu’ils emmiellent avec du beau français appris par cœur ou vous séduisent avec du créole grosso-modo, le résultat est égal : vous vous retrouvez à pleurer toute l’eau de votre corps sur le pas de votre case désertée. Vous avez beau année après année, tenter de vous faire une raison, rien n’y fait ! à chaque fois, vous retombez dans le même piège, mais avec un gros ventre qui augmentera le nombre de vos marmailles.

Le nom des exilés

Il y eut donc les Habib, les Jaar, les Manssour, les Bachar, les Abdullah, les Yacoub, les Ben Amartya, souvent des prénoms que l’administration française, par ignorance, inscrivait comme patronymes. Trop heureux d’avoir atteint les rives de cette terre promise qu’était l’Amérique, les venus du Levant se gardaient bien de protester. Ils comptaient bien mener une nouvelle vie et si le prix à payer n’était que cela, ce n’était pas si grave.

Le style, trois exemples

– Entre le Levant et la Martinique, le courrier prenait ses aises.
– Que son patron se fût laissé aller à lui mignonner l’arrière train, encore moins à exiger qu’elle lui ouvrit son devant.
– Depuis qu’elle suivait l’école du soir, son parler était devenu trop intimidant pour qu’on puisse lui tenir tête, mais d’autres attendaient leur heure. L’aller lui appartient, maugréaient-elles, mais le retour sera nôtre. Patience !

Dicton arabe

Tu es maître des paroles que tu n’as pas prononcées ; tu es l’esclave de celles que tu as laissées échapper

Que j’aime ce passage…

Découvrir que derrière l’étalage de nos rites, l’affirmation têtue de nos croyances, l’entre choc de nos langues et de nos rêves, il n’y avait, dans le fond, qu’une seule et même soif, ne fut pas un mince étonnement.
Soif de tenir tête aux chienneries de l’existence.
Soif de comprendre le pourquoi de celle-ci puisque Dieu semble avoir déserté le monde et que de faux prophètes parlent à Sa place.

L’adaptation en Martinique

Wadi n’avait pas fini d’apprendre dans cette Amérique Martinique où en quatre-vingt ans il avait vécu cent fois plus de choses extraordinaires qu’en dix-sept ans de vie en Syrie. Là-bas , la vie était réglementée depuis us de mille ans, chaque acte était codifiée , chaque parole pesée et soupesée grâce au livre sacré et au hadith, ces faits et gestes du Prophète que des générations et des générations avaient pieusement consignés. Ici à l’inverse, régnaient le précipité, l’improvise, le sauve-qui-peut, l’indifférence au Lendemain, la soif de profiter de chaque instant, le tout enveloppé dans une criaillerie permanente. Comme si les Créoles avaient peur du silence.

Le créole si on le dit à voie haute on peut presque le comprendre

Mandé’y non !  : eh ben pose lui la question

et avec l’intonation

La ! La ! La peut bien vouloir dire : Non ! Non ! Non…

Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard et coup de cœur de mon club

Je le mets dans la catégorie « Roman qui font du bien », avec ces quatre coquillages, il est aussi dans « mes préférences », parce qu’il raconte un très bel amour qui a duré tout le temps d’une vie de couple, brisé seulement par la mort trop précoce due à la chorée de Huntington. Il y a tellement d’histoires de couples qui n’arrivent pas à s’aimer dans la littérature actuelle. Certes, (et hélas !) la mort précoce de la jeune femme, est peut-être un facteur de réussite de cet amour, mais Tristan Talberg sous la plume de Patrick Tudoret raconte si bien cette relation réussie, pleine de passion, de tendresse, d’attention à autrui que cela m’a fait vraiment du bien au creux de cet hiver très gris. Ce roman n’est pas non plus un texte de plus sur le pèlerinage de Compostelle, mais plutôt un chemin vers la sortie du deuil.

Cette longue marche à pied, permet grâce à l’effort physique souvent solitaire, un retour sur soi et une réflexion sur la foi. Les bruits du monde sont comme assourdis, s’ils parviennent aux marcheurs c’est avec un temps de réflexion salutaire. Ce n’est pas un livre triste, au contraire, il est souvent drôle, les différents marcheurs sont bien croqués, cela va de l’athée militant aux confits en religion. Tristan est un agnostique dans lequel je reconnais volontiers plusieurs de mes tendances. Beaucoup plus cultivé que moi, il se passionne pour les auteurs comme Pascal, Chateaubriand, Saint Augustin mais c’est pour réfléchir sur ses doutes et fuir tous les sectarismes. Et le prix Nobel dans tout cela ? disons que c’est un beau prétexte pour réfléchir sur la notoriété et la médiatisation du monde actuel. Un roman agréable à lire et j’ai déjà en tête bien des amies à qui je l’offrirais volontiers.

Citations

Ceux qui ont refusé le Nobel

Sartre en 1960, vexé peut-être que Camus l’eût devancé de trois ans… ; Beckett aussi, ascète incorruptible des Lettres (….) Beckett n’avait pas un rond vaillant et la gentillette somme attachée au prix l’eût sans doute bien aidé, mais sa soupente d’étudiant éternel était plus vaste que tous les palais

Ce portrait m’enchante

Fervent sectateur du guide Michelin, son ingénieur de père, pour qui la poésie du monde résidait davantage dans un roulement à billes que dans les vers impairs de Verlaine, en vantait sans fléchir l’objectivité et le sérieux .

La mort de l’aimée

Elle ne vit qu’une masse sombre effondrée sur le lit. Une masse sombre tranchant sur le drap clair, dans cette chambre étouffante et blanche. Un homme couché sur une femme aimée, ploye sur elle, la couvrant de tout son corps comme si elle avait froid. Mais elle n’avait plus froid

Agnostique et Athée

Mais, tu le sais, j’ai toujours eu les fondamentalistes en horreur, qu’ils fussent croyants ou athées. Leurs idées arrêtées en font des statues de sel, des cerveaux en jachère. Leurs certitudes m’emmerdent. Cette pensée enkystée me fait honte et m’effraie à la fois. Fondamentalisme athée, gonflé de prétention sur rationalistes, tenant dans le plus insupportable mépris les 9/10° de l’humanité pour qui Dieu et le sacré sont au coeur de tout, mais aussi fondamentalisme religieux qui nous fait le coup de la certitude « informée », fermée à toute autre forme de pensée

20161125_185110Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

4
Surtout que cette photo ne vous induise pas en erreur, ce roman n’est pas à jeter aux toilettes. Il fallait que j’évoque, soit le RER, soit la machine à broyer les livres, soit une « dame pipi » .
J’avais très envie, de rendre hommage aux « Dames-pipi » , car Julie qui nettoie tous les jours les WC dans une galerie marchande, est un des rayons de soleil de ce roman. Je trouve particulièrement compliqué de parler de ce métier sans tomber dans la grossièreté ou la condescendance. Julie est gaie, a plein d’idées, attend son prince charmant en comptant les carreaux de faïences des toilettes qu’elle nettoie avec ardeur et conscience. Le personnage principal Guylain Vignol que le surnom de Vilain Guignol poursuivra toute sa vie, a bien besoin de rayons de soleils dans sa vie lui l’amoureux des livres qui travaille dans une usine on les pilonne, les livres !

7438643-11462508Pour lutter contre cette destruction qui lui déchire le cœur, le personnage principal du livre vole quelques page à la monstrueuse machine, et il les lit à haute voix dans son RER de 6 heures 27 créant ainsi, peu à peu, un public attentif. Il est entouré de personnages sympathiques, un Italien qui a perdu ses jambes dans cette broyeuse de livre et un concierge fou d’alexandrins , heureusement qu’il a ses amis car son patron est horrible et son poisson rouge pas très bavard. Je vous laisse découvrir comment Julie rencontrera Guylain et comment ce doux rêveur enchantera les pensionnaires plus très jeunes de la résidence des Glycines.
Le charme de ce roman vient beaucoup de la langue de l’auteur on a l’impression parfois de petits morceaux de douces poésies un peu désuètes. Je vais mettre une nouvelle catégorie : romans qui font du bien et ce sera le premier de la liste. J’ai vraiment envie de lire de tels romans en ce moment , cela me fait du bien de le mettre sur Luocine un 26 décembre après un Noël où tant de gens luttent pour leur survie.

Citations

Quel joli début

Guylain Vignolles, lui, était entré dans la vie avec tout fardeau la contrepèterie malheureuse qu’offrait le mariage de son patronyme avec son prénom : Vilain Guignol, un mauvais jeu de mots qui avait retentit à ses oreilles dès ses premiers pas dans l’existence pour ne plus le quitter.

Jolie façon de parler de l’alcoolisme

Il savait de quoi il parlait le vieux, lui qui n’avait rien trouvé de mieux que le rouge étoilé pour se donner le courage de continuer.

Les énumérations évocatrices

La chose était née pour broyer, aplatir, déchiqueter, malaxer, pétrir, ébouillanter.

Une évocation parlante du christianisme

Arrosé d’un Lacryma Christi, Giuseppe se plaisait à lui rappeler que s’enivrer avec des larmes du Christ était la plus belle chose qui puisse arriver à un chrétien.

Petit moment de poésie (selon moi)

Mes attentions vont plutôt aux éclopées, aux fendillées, aux jaunies, aux ébréchées, à toutes celles que le temps a estropiées et qui donnent à l’endroit, outre ce petit cachet vieillot que j’ai fini par aimer une touche d’imperfection qui étrangement me rassure. « C’est dans les cicatrices des gueules cassées que l’on peut lire les guerres, Julie, pas dans les photos des généraux engoncés dans leurs uniformes amidonnés et tout repassés de frais. » M’a dit un jour ma tante tandis que toutes les deux briquions les carreaux à grands coups de peau de chamois pour leur rendre leur lustre d’antan.

J’ai ri

Si avec ça l’habit ne fait pas le moine, alors comme disait ma tante : « Que Sainte Aude-Javel, la patronne des dames pipi soit damnée ! »

Auto-portrait du personnage principal

Non tout ne va pas si bien que ça, eut envie de rétorquer Guylain. J’attends le retour d’un père mort depuis vingt huit ans, ma mère me croit cadre dans une société d’édition,. Tous les soirs je raconte ma journée à un poisson, mon boulot me dégoûte à tel point qu’il m’arrive de dégueuler tripes et boyaux, et enfin pour couronner le tout, je suis en train de tomber amoureux d’une filles que je n’ai jamais vue. En résumé pas de problème, sauf que je suis quand même dans tous les domaines un petit peu « à la limite inférieure de la courbe ».

Sourire

On peut s’attendre à tout d’un constipé même à rien.