Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard et coup de cœur de mon club

Je le mets dans la catégorie « Roman qui font du bien », avec ces quatre coquillages, il est aussi dans « mes préférences », parce qu’il raconte un très bel amour qui a duré tout le temps d’une vie de couple, brisé seulement par la mort trop précoce due à la chorée de Huntington. Il y a tellement d’histoires de couples qui n’arrivent pas à s’aimer dans la littérature actuelle. Certes, (et hélas !) la mort précoce de la jeune femme, est peut-être un facteur de réussite de cet amour, mais Tristan Talberg sous la plume de Patrick Tudoret raconte si bien cette relation réussie, pleine de passion, de tendresse, d’attention à autrui que cela m’a fait vraiment du bien au creux de cet hiver très gris. Ce roman n’est pas non plus un texte de plus sur le pèlerinage de Compostelle, mais plutôt un chemin vers la sortie du deuil.

Cette longue marche à pied, permet grâce à l’effort physique souvent solitaire, un retour sur soi et une réflexion sur la foi. Les bruits du monde sont comme assourdis, s’ils parviennent aux marcheurs c’est avec un temps de réflexion salutaire. Ce n’est pas un livre triste, au contraire, il est souvent drôle, les différents marcheurs sont bien croqués, cela va de l’athée militant aux confits en religion. Tristan est un agnostique dans lequel je reconnais volontiers plusieurs de mes tendances. Beaucoup plus cultivé que moi, il se passionne pour les auteurs comme Pascal, Chateaubriand, Saint Augustin mais c’est pour réfléchir sur ses doutes et fuir tous les sectarismes. Et le prix Nobel dans tout cela ? disons que c’est un beau prétexte pour réfléchir sur la notoriété et la médiatisation du monde actuel. Un roman agréable à lire et j’ai déjà en tête bien des amies à qui je l’offrirais volontiers.

Citations

Ceux qui ont refusé le Nobel

Sartre en 1960, vexé peut-être que Camus l’eût devancé de trois ans… ; Beckett aussi, ascète incorruptible des Lettres (….) Beckett n’avait pas un rond vaillant et la gentillette somme attachée au prix l’eût sans doute bien aidé, mais sa soupente d’étudiant éternel était plus vaste que tous les palais

Ce portrait m’enchante

Fervent sectateur du guide Michelin, son ingénieur de père, pour qui la poésie du monde résidait davantage dans un roulement à billes que dans les vers impairs de Verlaine, en vantait sans fléchir l’objectivité et le sérieux .

La mort de l’aimée

Elle ne vit qu’une masse sombre effondrée sur le lit. Une masse sombre tranchant sur le drap clair, dans cette chambre étouffante et blanche. Un homme couché sur une femme aimée, ploye sur elle, la couvrant de tout son corps comme si elle avait froid. Mais elle n’avait plus froid

Agnostique et Athée

Mais, tu le sais, j’ai toujours eu les fondamentalistes en horreur, qu’ils fussent croyants ou athées. Leurs idées arrêtées en font des statues de sel, des cerveaux en jachère. Leurs certitudes m’emmerdent. Cette pensée enkystée me fait honte et m’effraie à la fois. Fondamentalisme athée, gonflé de prétention sur rationalistes, tenant dans le plus insupportable mépris les 9/10° de l’humanité pour qui Dieu et le sacré sont au coeur de tout, mais aussi fondamentalisme religieux qui nous fait le coup de la certitude « informée », fermée à toute autre forme de pensée

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Une deuxième Bande Dessinée, celle-ci c’est Jérôme qui a été le tentateur. Les mystères du classement de ma médiathèque ont mis cette BD chez les « Ado » je me demande bien pourquoi. Ce n’est pas un album très gai puisque le personnage principal va mourir, mais c’est bien raconté et de façon très pudique. On est bien avec cette famille qui a connu tant de plaisir à se retrouver auprès des grands parents à la campagne même si, quand toute la famille est réunie, dormir devient un problème angoissant surtout pour les insomniaques. Comme l’album s’étend sur un temps assez long, on vit aussi plusieurs moments dont certains nous font sourire. La recherche d’une maison, les déboires avec Internet et les façons d’y accéder (il y a longtemps maintenant, mais personne n’a oublié les heures passées avec les fournisseurs d’accès).

SONY DSCPaul est un être calme d’habitude mais les gens qui étaient censés nous aider pour Internet étaient particulièrement insupportables, c’est peut être mieux maintenant. Les traits de caractères de chacun sont très bien vus sans être chargés, la sœur qui est infirmière et qui ne peut pas s’empêcher de donner des détails techniques sur la maladie de son père est aussi celle qui fera le discours le plus émouvant à son enterrement. Le bonheur des réunions familiales, les jeux de société, les repas trop riches, mais aussi les difficultés dues à la dégradation physique tout cela est très bien raconté. J’ai été émue par les souvenirs de la jeunesse du grand père.

La vie n’était vraiment pas facile au Québec en 1935, les femmes ont trop d’enfants, elle triment comme des bêtes et sont peu considérées, si le mari se défonce dans l’alcool alors la tragédie n’est pas loin. Le style du dessin est un peu trop sage pour me séduire complètement. Mais tout cela est raconté dans la langue de nos voisins du Québec ce qui donne un charme incontestable au texte :

Citations

Le québécois

Ils font exprès pour t’étriver

L’eau doit être frette

La p’tite s’est enfargée dans la lampe

une couple de semaines

Tire la plogue, on la rebranchera demain

Pis Batèche ! vos moucs se lèvent donc ben de bonne heure

Repas en famille les desserts

J’ai pas eu le temps de faire grand-chose : j’ai un tiramisu double crème avec truffes, j’ai un gâteau au chocolat double crème avec truffes, j’ai un gâteau au chocolat, fudge et caramel, et j’ai mon gâteau au sucre à la crème, meringue et tablette crunchie…