Traduit de l’anglais … je ne peux pas vous dire par qui car ce n’est pas indiqué sur mon livre (et c’est bien la première fois !)
J’ai trouvé ce petit livre de poche dans une vente de livres d’occasion et sans les propos que j’ai souvent entendus à propos de la beauté des nombres premiers en mathématiques je ne l’aurai pas lu. Merci, à ma plus jeune fille professeur de mathématiques d’avoir ouvert ma curiosité à une science si éloignée de mes préoccupations habituelles. Ce roman est une petite merveille car il va promener son lecteur dans l’histoire des nombres et surtout la difficulté de démontrer les choses les plus simples. Tout tourne souvent dans la théorie des nombres sur les nombres premiers. Ma science étant toute fraîche, je vous rappelle qu’un nombre premier n’est divisible que par un et par lui même. Depuis des plusieurs siècles de grands savants veulent démontre la conjecture de Goldbach à savoir :
Tout nombre pair supérieur à 2 est la somme de deux nombres premiers.
Ce roman a donné l’occasion d’un lancement original : paru en 2000 en Grande-Bretagne, la maison d’édition anglaise a promis 1 million ds dollars à celui qui apporterait la démonstration de la conjecture avant 2002 … la somme n’a jamais été réclamée !
Doxiadis choisit de nous raconter les mathématiques grâce à un jeune étudiant, le narrateur, neveu d’un génie son oncle totalement rejeté de sa famille. Petros, cet oncle, qui fut un enfant précoce et génial en mathématiques est devenu la brebis galeuse de la famille car il n’a rien fait de ses talents. Tout cela parce que la seule chose qu’il ait jamais voulu prouver c’est la fameuse conjecture de Goldbach. Le père du narrateur, le frère de Petros essaie d’inculquer à son fils la seule ligne de conduite qui lui semble porteuse d’une vie réussie bien loin de la folie de son frère
Le secret de la vie, c’est de se fixer des buts accessibles, des buts plus ou moins difficiles au gré des circonstances, selon son tempérament, ses aptitudes, mais toujours ac-ces-si-bles ! Je me dis que je ferai bien s’accrocher le portrait de Petros dans ta chambre avec l’inscription : EXEMPLE À ÉVITER.
Mais interdire des études n’empêcheront évidemment pas le narrateur de s’y lancer et d’essayer de comprendre son oncle. Commence alors le voyage vers les hautes sphères des mathématiques et la connaissance de savants aux cerveaux les plus brillants de notre époque. Hélas ! ceux-ci se révèlent souvent un peu, ou complètement fous et si peu équilibrés dans leur vie personnelle que cela ne donne pas envie de les suivre. Surtout que les coups bas entre eux ne grandissent pas leur image. Cependant la « presque » découverte de la solution est enivrante et on est pris par la recherche de Petros que l’on comprend de mieux en mieux. Le roman est bien construit, car si l’on sait que cette conjecture n’a pas été découverte, la façon dont l’auteur termine son enquête est très intelligente. Petros est-il devenu fou à force de se confronter aux nombres de façon de plus en plus abstraite et surtout de façon de plus en plus solitaire ou avait-il trouvé la solution.
La lecture de ce roman s’adresse à tout le monde, évidemment on ne comprend pas tout mais les passages qui demandent de réelles capacités mathématiques n’enlèvent rien à l’intérêt du roman. Je n’ai aucune réserve sur ce livre, car il correspond à ce que j’attends : un voyage vers des contrées complètement inconnues (les nombres premiers) un suspens bien mené, et des caractères de personnages complexes. On aurait pu penser que la grande intelligence rend les hommes meilleurs, mais non l’oncle Petros est avant tout un homme pétri d’orgueil et malmène son neveu de façon peu sympathique, sans pour autant avoir complètement tort.
Citations
Urgence des découvertes en mathématiques
Petros se rappelait de consternantes données statistiques : dans la longue histoire de cette discipline, personne n’avait jamais rien découvert de notables passé trente cinq ou quarante ans.
Les tourments des mathématiciens
L’absence apparente de tout principe infaillibles pour la distribution ou la succession des nombres premiers tourmente les mathématiciens depuis des siècles et rend particulièrement fascinante la théorie des nombres. C’était là que résidait le plus grand mystère de tous, le seul digne d’une intelligence hors pair : les nombres premiers étant les éléments de base des entiers et les entiers la base de notre compréhension logique du cosmos, comment admettre que leur forme ne soit pas déterminée par une loi ? Pourquoi la géométrie divine ne se manifeste-t-elle pas en l’occurrence ?
Les mathématiques
Les mathématiciens éprouve le même plaisir dans leurs études qu’un joueur d’échec dans une partie. En réalité, l’attitude psychologique d’un véritable mathématicien est plus proche de celle d’un poète ou d’un compositeur, c’est-à-dire de quelqu’un qui a affaire avec la création de la beauté, qui recherche l’harmonie et la perfection. Il se tient exactement aux antipodes de l’homme pratique, de l’ingénieur, du politicien ou de l’homme d’affaire.
Naître mathématicien
Cependant, je tirai de cette séance un profil supplémentaire inespéré. Mes derniers scrupules sur le bien-fondé de ma décision de renoncer aux mathématiques ( en sommeil toutes ces années) s’évanouirent en un clin d’œil. Assister à l’exposé de mon oncle confirma pleinement que je ne m’étais pas trompé. Je n’étais pas fait du même matériau que lui, point final. Face à l’incarnation de tout ce que je n’étais pas, j’étais foudroyé par la vérité de la vieille scie : » Mathematicus nascitur non fit ». » On naît mathématicien, on ne le devient pas ». Je n’étais pas né mathématicien et j’avais bien fait de briser là.