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Traduit de l’anglais britannique par Nelly PERONNY.

4
Excellent roman, on est bien avec Jack et Sally autant quand ils se disputent que lorsqu’ils s’entendent bien. Ce roman nous fait rire, sourire et nous émeut souvent. Je pense que ceux qui peuvent lire en anglais ont beaucoup de chance car ils doivent être, plus que nous, sensibles aux maladresses de langue. La traductrice essaie de nous en donner un peu l’idée mais c’est toujours compliqué ce genre de jeux de mots, évidemment !

Donc voilà, Jack veut devenir Anglais, mais alors un Anglais pur jus ! Il a quelques handicaps, il est juif d’origine allemande, il s’appelle Rosenblum, quand il est vraiment en colère les jurons sortent en allemand, sa femme Sadie adore parler allemand et surtout cuisine parfaitement des spécialités qui lui viennent de sa mère et grand-mère et qui n’ont rien à voir (heureusement !) avec la cuisine britannique. Le pire de tout : il n’est pas admis dans les clubs de golf où les juifs ne sont pas les bienvenus. C’est oublié que Jack ne s’arrête jamais à des détails d’aussi piètre importance, puisqu’on ne l’admet pas sur les terrains de golf, il construira le sien.

J’ai tout aimé dans de livre, l’évocation de la campagne anglaise, la peinture des habitants du Dorset, les animaux dont-il faut avoir peur (le cochon laineux par exemple !), et par-dessus tout la façon dont l’auteur rend compte des difficultés d’assimilation de la première génération d’immigrés. Sadie ne peut pas oublier les siens emportés par la Shoa mais grâce à ses talents de cuisinière le village finira par l’adopter, elle et sa mémoire à jamais meurtrie. Jack veut devenir plus Anglais que n’importe quel Anglais il rédige un code de 151 règles. Finalement, il forcera, grâce à son courage -celui de creuser seul la terre du Dorset pendant un mois- l’admiration des villageois et lui permettra de devenir un des leurs.

J’aime que l’antisémitisme anglais soit épinglé sans que cela devienne lourd ni tragique, je trouve que c’est encore plus efficace : le fameux humour britannique ! Lisez le passage où Jack vend sa maison de Londres sans avertir sa femme pour réaliser son rêve, c’est savoureux.

 

Citations

 

Si vous ne pouviez pas traire la vache du voisin, il vous suffira de posséder une vache. Aucun club de golf ne voulait de lui, il n’aurait qu’à construire le sien.

 

Cette boîte contenait tout ce qui lui restait de l’avant : une demi-douzaine de photographies…un vieux livre de prières … ainsi que le livre de recettes de sa mère et une serviette en lin blanc pliée avec soin.

 

« Sadie tâche donc d’être heureuse. »

Il n’avait pas compris. Malgré les années, il n’avait toujours pas compris. « Je ne veux pas être heureuse »

 

« Mein Gott ! Constamment de bonne humeur ! Ce n’est pas normal. Tu ne pourrais être un peu malheureux, une fois de temps en temps ? Nous aurions peut-être enfin des choses à nous dire après tant d’années !

– La colère affleurait dans sa voix, à l’immense satisfaction de Sadie ? Enfin elle le tenait. « Tu es comme un rayon de soleil à un enterrement. »

Jack eu un petit rire nerveux. « Et alors, où est le mal ? »

– Tout le monde veut du beau temps pour un mariage, mais, pour un enterrement, le ciel devrait au moins la décence de se couvrir. Juste par respect. »

Jack finit son pain, décocha un regard las à sa femme et sortit de la cuisine »

 

Sadie lut la recette à voix haute : « Mélangez les œufs, la bonne dose de sucre, de la farine en quantité suffisante et juste ce qu’il faut de vanille »

 

Voyez, voyez ! C’est pour cette raison que l’Angleterre est un grand pays. Dieu vous a donné les meilleures terres de golf au monde. C’est la providence. »

 

On en parle

Chez la souris jaune , je sais où elle a trouvé ce roman !

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3
J’ai fait un petit tour dans ma bibliothèque préféré et je suis tombé sur ce livre. J’ai immédiatement pensé à Krol et sa grande sensibilité à cette maladie. Déjà elle m’a fait découvrir Rides, j’aurais envie de trouver des mots consolateurs pour elle. Mais voilà je ne sais pas. Sauf lui dire qu’elle a raison ce livre est beau et finalement pas si triste que ça.

C’est une belle histoire d’amour qui se finit tendrement malgré la maladie. Mais il faut aussi dire qu’il faut des moyens financiers énormes pour que la fin d’un être atteint d’Alzheimer soit à peu près correcte. Des moyens personnels qui ne suffiront pas, la prise en charge par la collectivité a un coût qui me fait toujours me demander jusqu’à quand pourrons-nous supporter de telles charges financières. Car sinon, c’est l’horreur des centres où on parque des malades impuissants et dépendants.

J’ai beaucoup aimé la façon dont elle raconte son aventure à Madagascar, loin d’être accueillie à bras ouverts, elle sera obligée de fuir ce pays en but à l’hostilité de la population. On se dit que la France n’accueille peut-être pas si mal les étrangers. Mais ce n’est pas le propos. L’important c’est la façon dont elle décrit la souffrance du malade et la difficulté de la prise en charge.

Je pense que toutes les personnes qui ont été confrontées à cette maladie retrouveront dans cet essai une partie de leur difficile chemin vers une mort qu’ils espèrent la plus digne possible.

Citations

Les statisticiens aussi y sont allés de leurs élucubrations et prédictions socioculturelles, pour nous prouver que plus notre niveau de culture et de diplôme est élevé, moins on est « sujet à risque ». Que les intellectuels se rassurent, ils sont équipés d’un « réservoir cognitif » bien garni qui leur permettra de mieux résister aux attaques de la maladie d’Alzheimer. Ex-docteurs ès lettres, ex-ingénieurs, ex-avocats ou ex-diplômés de tous bords que j’ai côtoyés au centre d’accueil de jour, comment avez-vous pu dilapider ainsi votre « réserve cognitive » Immunitaire ?

Autre paradigme saisissant, énoncé dans une émission de télévision avec une véhémente componction par un neurologue patenté, « le cerveau vieillit bien si l’on n’est pas malade ». Je suppose que le foie aussi s’il n’a pas de cirrhose, tout comme l’oreille, si elle ne devient pas sourde.

On en parle

Chez Krol bien sur et Brize que je viens de découvrir dans le monde des blogs littéraire.

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4
Je savais que je lirai le livre de Dany Laferrière sur le tremblement de terre à Haïti, j’avais tellement apprécié « l’énigme du retour », je n’étais pas pressée car évidemment, je ne m’attendais pas à un livre d’actualité. Son livre est réussi, d’abord parce qu’il aide à comprendre ce que peut être une catastrophe de cette ampleur. Pour moi, les mots sont plus forts que les images, et je regarde de moins en moins les actualités à la télévision, je trouve que ça nivelle tout et qu’on perd tout sens critique.

Le livre de Dany Laferrière restera donc le témoignage de ce qui s’est passé le 12 janvier 2010 à 16 heures 53. Heure à partir de laquelle « notre mémoire tremble » nous dit-il avec cet art de dire les choses les plus graves sans pour autant larmoyer. On retrouve à travers sa déambulation pour savoir si les siens sont encore en vie, la société Haïtienne dans toute sa variété. Sa famille,ses amis toujours occupés à résoudre les problèmes du quotidien. Par exemple : savoir choisir un pneu pour qu’il dure au pire une journée au mieux une semaine !

On y retrouve la passion de l’auteur pour les artistes de son pays, son mépris pour ceux qui veulent réduire Haïti aux rites vaudou, beaucoup de remarques très intéressantes sur la façon de traverser une catastrophe comme ce photographe qui mitraille l’horreur sans trop se poser de questions.
Dany Laferrière sait faire aimer son pays et ses habitants, et lorsque j’ai senti l’humour poindre dans son texte, j’ai pensé que la vie reprenait ses droits :

« Un seul endroit a été épargné : le jardin dans lequel on s’est retrouvé maintes fois pour discuter de Tolstoï, de Joyce ou de Dieu (Frankétienne ne s’embarrasse pas du menu fretin). »

Citations

Dans les chambres d’hôtel souvent exiguës, l’ennemi c’est le téléviseur. On se met toujours en face de lui. Il a foncé droit sur nous. Beaucoup l’ont reçu sur la tête.

 

Toujours impeccable dans leurs uniformes, les employés de l’hôtel n’ont pas perdu leur sang-froid…..C’est peut-être le fait d’avoir une fonction à remplir qui leur permet de marcher droit.

 

Le séisme s’est donc attaqué au dur, au solide, à tout ce qui pouvait lui résister. Le béton est tombé. La fleur a survécu.

 

Je ne savais pas que soixante seconde pouvaient durer aussi longtemps. Et qu’une nuit pouvait n’avoir plus de fin.

On en parle

Les coups de cœur de Géraldine

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3
Moment absolument délicieux mais ambiguë : la première année de retraite après une vie active bien remplie. L’auteur Fanny Chesnel, malgré sa petite trentaine, a su croquer ce moment si particulier. Sa jeunesse a entraîné son roman dans une histoire d’amour torride, peu crédible, qui m’a un peu gênée et puis finalement j’ai tellement bien ri que je me suis dit pourquoi pas ?

Caroline part à la retraite, avec comme cadeau de la part de ses filles, un abonnement au club du « Nouvel âge », club qui permet aux retraités de pratiquer toutes sortes d’activités. Chacune des activités est l’occasion d’un moment d’humour et de tendresse vis-à-vis des personnes oisives qui jouent à s’occuper.

La séance d’œnologie où tout le groupe finit bien éméché est très drôle, la marche où les quelques hommes comparent leur matériel High Tech m’a fait penser à mon activité du mercredi, la séance de poterie m’a fait sourire. Mais j’ai vraiment éclaté de rire quand Caroline se méprend sur le contenu de la petite boîte de bonbons à la violette. Elle envoie son trop jeune amant dans le magasin spécialisé en bonbons de qualité pour trouver les dites petites boites alors qu’il y avait stocké un paradis plus artificiel. Le quiproquo est bien raconté : la gêne du vendeur et de Julien son amant, sa propre naïveté et son obstination à bien faire !

Tout ce que l’auteur a saisi des différences de générations est amusant, comme cette jeune esthéticienne qui lors d’une séance d’épilation dit très fort dans le salon : « Je vous dégage l’anus, ou on reste sur quelque chose de plus sobre ? ». Comme l’a dit une femme du club de lecture de Dinard, c’est un roman qui vous fait éclater de rire. C’est rare, rien que pour cela lisez-le cet été et offrez-le à toutes les femmes qui partent à la retraite.

Je ne suis pas sure qu’il fasse autant rire les jeunes générations (Je parie qu’on tirera un mauvais film à la française de ce livre).

Citations

 Un bon retraité est un retraité en bonne santé. La plupart d’entre nous portent des montres High Tech- cadeau de Noël de leurs enfants en mal d’idées originales probablement – qui mesurent leur poids, leurs dépenses caloriques, leur vitesse, et qui font même GPS.

 

 À présent, je vais finir mon ouvrage et essayer de trouver ça mignon. C’est le mot que tout le monde employait d’ailleurs quand je me baladais avec les colliers de nouilles que les filles me confectionnaient. Le fait maison n’est pas noté pareil, tout est dans l’intention. Au nom de toutes les croûtes qu’elles m’ont offertes, je revendique le droit à la vengeance. Tiens, je vais de ce pas leur confectionner à chacune un joli petit paquet et hop : une coupelle apéro en terre cuite et un cendrier informe. Qu’elles s’estiment heureuses encore. Si j’étais vraiment méchante, je soudoierai Sylvianne pour qu’elle leur lègue son amphore !

On en parle

Cuneipage

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 Traduit de l’anglais par François Dupuigrenet Desroussilles.

4
Cadeau de ma voisine qui a un petit côté dame anglaise raffinée qui lui va si bien. Merci, Marie-Agnès : grâce à toi mon insomnie de pré concert (oui, il m’arrive de chanter et ça me donne toujours une de ses trouilles !) s’est merveilleusement transformée en une balade dans un jardin italien et les cœurs de ses dames « so british ».

Il y a un petit côté agaçant à suivre les pérégrinations de ces quatre femmes qui n’ont d’autres soucis que de se retrouver elle même dans un cadre enchanteur. Mais c’est très bien raconté, le côté vieille femme indigne ou femme de charité est bien analysé. Toujours à la façon anglaise sans insistance mais tellement d’humour, mine de rien ce charmant petit livre en dit beaucoup plus qu’il n’y paraît.

En le relisant plus attentivement, j’ai été étonnée de la qualité de l’analyse des rapports dans le couple. Et l’humour anglais est vraiment irrésistible par exemple le mari qui ne sait marquer son affection qu’en pinçant l’oreille de sa femme. Le soir où il déborde d’amour il lui pince les deux oreilles ! Comme Lotty, je me demande bien ce qu’il pourra bien lui pincer après !

J ‘aime beaucoup l’hystérie de la gentille Lotty, même si elle m’a un peu agacée avec son côté « tout le monde à un côté positif vous verrez la beauté du jardin italien au printemps le révèlera ». Elle est « trop » dirait-on, aujourd’hui. Si vous aimez le thé, les vieilles ladies, les beaux jardins, ce roman vous permettra de passer un très agréable moment.

Citations

 

Elle était de ces gens que nul ne remarque dans un vernissage. Ses vêtements mités de ladrerie, la rendaient presque invisible.

 

 

Dieu premier servi ! Frederick avait été comme saigné à blanc par les prières de sa femme.

 

De toute façon je suis persuadée que c’est péché de se rendre malheureuse à force de vertu. Vous avez l’air si triste que vous avez dû être bien vertueuse durant toutes ces années.

 

N’étaient-elles pas en Italie où les nuages semblent des anges potelés ?

On en parle

de façon très enthousiaste : La bibliothèque d’Allie

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 Traduction Philippe Giraudon.

3
L’été, j’aime bien lire des bons romans, un peu longs qui m’entraînent dans des univers différents du mien. Je n’aime pas trop les romans historiques, je traînais donc dans ma bibliothèque préférée (à Dinard) et la bibliothécaire, m’a proposé celui-ci, en me disant « ce n’est pas ton genre mais ça peut te plaire ». Elle a gagné, je m’y suis plongée et je n’en suis sortie que quatre jours plus tard.

C’est un roman pastiche des romans Victoriens. Tout y est : les bas fonds de Londres, la richesse et la décadence de la noblesse anglaise, les histoires compliquées d’héritage et l’enfant que l’immonde oncle croyait avoir assassiné et qui réapparaît. Et même le Happy End final. On a tous lu des histoires similaires dans son enfance ou adolescence.

Cela permet de soutenir l’intérêt du lecteur , car l’histoire est touffue et souvent sordide , mais le côté novateur et passionnant de ce roman, c’est la construction de la personnalité de Rose Des circonstances exeptionnelles ont obligé cet enfant puis adolescent à garder l’apparence d’une fille alors qu’il était un garçon. Et cela pendant 17 ans ! C’est très bien raconté, on s’attend toujours à une catastrophe qui arrivera finalement.

Les différents cadres où se passe l’action sont très importants pour ce roman, j’ai vraiment cru que ce château était réel, il correspond à des images tellement classiques vues au cinéma ou dans des illustrations que, finalement, il existe bien dans l’imaginaire de chaque lecteur.

Il y a un passage où j’ai lâché prise, c’est lorsque le personnage arrive en Turquie pour retrouver la source d’Hermaphrodite, j’ai alors lu en diagonale.Si cet été vous avez envie d’un roman ,celui-là n’a d’autres ambitions que de vous embarquer dans la fiction et dans vos souvenirs de Dickens, en même temps il vous fera réfléchir sur la construction de la personnalité d ‘un être humain.

Citations

 Après avoir porté le deuil de son époux – une année en noir, deux en gris puis encore deux en gris clair-, lady Loveall était passé directement à celui de sa fille, puis à celui de sa sœur, avec qui elle était brouillée. Quand elle eut épuisé les ressources des autres, elle porta son propre deuil.

 

Sa mère ne s’intéressait pas aux enfants, et encore moins aux siens qu’à ceux des autres. Elle détestait les toucher….. À ses yeux, l’enfance n’était que l’état ennuyeux après lequel la conversation devenait possible. Encore faut-il avouer que Lady Loveall avait plus besoin d’un muet admirateur que d’un interlocuteur.

 

Toute réponse évidente est un mensonge.

 

Pour la première fois de ma vie, j’éprouvai un sentiment qui me serait familier à l’avenir : celui d’essayer en vain de convaincre une personne de la réalité d’un fait qu’elle ne pouvait pas comprendre.

 On en parle

Lulu off the Bridge

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Traduit de l’américain par Sophie Aslanides.

2
Coup de cœur de mon club de lecture. Tous les blogs vous le diront ce livre commence par le pire cauchemar de tous les parents : perdre des yeux quelques secondes un enfant et ne plus le retrouver. C’est pour cela que je l’ai lu et le début m’a beaucoup intéressée et puis, le roman s’enlise dans une enquête à laquelle je n’ai absolument pas cru.

Ensuite, contrairement aux lectrices du club et beaucoup de blogueuses qui ont adoré ce livre, je me suis beaucoup ennuyée à la lecture de ce roman que j’ai fini en diagonale. Tout m’a semblé convenu et tellement prévisible ! Quant-aux considérations pseudo philosophiques sur la mémoire, j’ai trouvé cela très, très lourd !

Mais si, comme moi, le sujet vous tente lisez la critique dans le blog « quartier livre  » cela vous convaincra peut-être.

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5
Merci Cathy de m’avoir prêté ce livre, depuis que je l’ai commencé je ne l’ai pas lâché. Et bravo à Emmanuel Dongala d’avoir écrit ce beau livre sur une lutte de femmes. Le sujet est superbe une lutte de femmes qui cassent des pierres et qui exigent d’être un peu mieux payées. Le style est réussi, l’héroïne se parle à elle-même et en se secouant avec un « tu » qui rend son discours accessible immédiatement.

Chacune de ces dix femmes est, en quelque sorte, représentante d’un des problèmes de l’asservissement des femmes en Afrique : les femmes réduite à la mendicité par leur belle famille dès leur veuvage, celles qui ont été défigurées par une première épouse jalouse, celles qui ont failli brûler vives parce que leur propre famille les pensent sorcières, celles qui ont été violées par la soldatesque en furie, celles qui sont rejetées parce qu’elles n’ont pas donné d’enfant à leur mari….

Et les autres drames de femmes dans le monde sont évoqués grâce aux informations de la radio qu’écoute tous les matins Méréana. Vraiment les hommes ont beaucoup d’imagination quand ils ont le pouvoir d’assouvir tous leurs bas instincts au détriment d’être sans défense !

Comme cette enfant de13 ans en Somalie qui a été lapidée pour avoir été violée et jugée comme adultère. Ses bourreaux s’y sont repris à trois fois, trois fois ils l’ont déterrée et malgré ses supplications ses bourreaux ont fini par l’achever à coups de pierre ! !

La lutte permet de décrire des personnalités complexes, ce ne sont ni des saintes, ni des militantes mais des femmes qui sont confrontées à la survie des leurs. Ce n’est pas un roman triste même si la tragédie est présente, la force de vie des femmes africaines est extraordinairement bien rendue. Les hommes ne sont pas tous mauvais mais le pouvoir corrompt tout et tout le monde. On sent quand même que la ministre des « femmes et des handicapés » (oui, les deux sont réunis sous le même ministère je ne sais pas si ce détail est vrai mais c’est savoureux !), est un peu moins corrompue que le Ministre de l’intérieur.

La fin se termine par un happy end qui fait du bien même si on n’y croit pas beaucoup, et on espère de toutes ses forces qu’un jour le Congo sera à la hauteur de ses écrivains.

Citations

Triste à dire, mais en Afrique il n’y a pas que le sida et la malaria qui tuent, le mariage aussi.

 

La génération de la messe en latin où, les yeux fermés, vous vous agenouilliez avec foi devant le prêtre, ignorant que dans son baragouin il vous disait en réalité : « Fermez les yeux que je vous couillonne, » Dieu merci, votre génération est celle des femmes aux yeux ouverts !

 

Le chemin le plus court vers le cœur d’un homme passait par son estomac 

 

Je ne fais confiance à aucun homme. Ils ont beau avoir des bourses entre les jambes, ils ne sont pas si couillus que ça !

 

La question de l’heure est toujours un problème dans un pays où l’heure est toujours en avance et où les gens arrivent toujours en retard.

On en parle

Chez Lo.

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Traduit de l’anglais par Sabine Porte.

4
Je ne connais pas le premier roman (« une brève histoire du tracteur en Ukraine ») de cette auteure, je me promets de le lire car j’ai beaucoup apprécié son humour et son style. Le talent de la traductrice Sabine Porte m’a bluffée. L’auteure joue avec les accents de chaque personnage, et avec les déformations des mots de la mère de Georgina qui souffre d’une légère surdité, c’est très drôle en français (petit exemple son père qui doit être opéré de la prostate et risque d’être « imputent »), je me demande comment c’était en anglais.

Le fil conducteur, c’est peut être la rupture de Georgina et de son mari Rip, à moins que ce soit la colle ! Ou le chat Wonder-boy qui tue les oiseaux et qui saute sur toutes les chattes du quartier ! Peu importe, ce roman survole beaucoup des problèmes de notre monde, la solitude et la déchéance des personnes très âgées, les malaises de la jeunesse, les conflits sociaux de la Grande Bretagne, les conflits du monde actuel, ceux du XXe siècle aussi.

Tout cela dans une sombre histoire de maison et d’héritage, dont on a très envie de connaître la fin.Je ne peux pas la raconter, ce serait dommage pour le suspens, je peux quand même dire que c’est bien imaginé ! L’amitié entre Georgina, hantée par sa séparation douloureuse et sa voisine très âgée, Madame Shapiro, permet de découvrir le monde de l’hôpital pour les personnes âgées et les problèmes de la dépendance quand des intérêts financiers sont en jeu. Ce n’est pas très réjouissant.

À travers madame Shapiro une femme juive de 82 ans, on suit le parcours tragique des juifs européen et la belle exception danoise. Comme sa vieille et trop belle maison a besoin de réparations, nous ferons la connaissance d’ Ali l’ex ingénieur palestinien reconverti en plombier, et de la tragédie des palestiniens chassés de leurs maisons en 1947 pour permettre la création d’Israël . (C’est la deuxième fois, pour moi cette année qu’un livre réunit le destin des juifs et des palestiniens « la maison au citronnier  »).

Le récit est loin d’être linéaire et Georgina, est aussi la fille de parents ouvriers qui ont connu les terribles grèves de mineurs. Mère d’un ado tenté par des gourous religieux qui sévissent sur le net. Amante d’un Mark qui l’attache du velcro aux montants de son lit, et qui oublie de la détacher alors que son fils rentre du lycée…

Tout cela prend peu à peu sa place dans le roman, qui du coup est un touffu, un peu trop peut-être, la colle a beau être le fil conducteur on s’y perd un peu.

Citations

 

Peut-être que si l’on réussissait à améliorer la cohésion humaine, les autres détails – les lois, les frontières, la Constitution – se régleraient d’eux-mêmes. Il suffisait de trouver l’adhésif le mieux adapté aux supports. La clémence. Le pardon. Si seulement ça existait en tube.

 

Ben, mon bébé, seize ans déjà et citoyen à part entière du Web ; « je suis un cuber-ado, m’man. J’ai grandi avec l’hypertexte », m’avait-il répondu un jour où je lui reprochais de passer trop de temps sur le Net.

 

Elle m’a regardée en arborant son impassible sourire professionnel. J’avais envie de l’étrangler avec son ignoble tenue de reptile et de lui enfoncer ses talons carrés dans sa gueule de crécelle.

 

Papa disait toujours : « J’aime bien quand c’est un peu brûlé », ce qui tombait bien, car maman lui faisait volontiers cette faveur.

 

On en parle

Fattorius.

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Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin.

5
Vive les blogs et les blogueuses ! ! Je leur dois cette belle émotion de l’été. C’est un petit livre qui n’a l’air de rien, à peine plus long qu’une nouvelle et qui dévoile peu à peu toutes ses richesses. Je l’ai dégusté relu (c’est l’avantage des livres très courts) et je l’offrirai en sachant que je peux faire plaisir à beaucoup de lectrices (et de lecteurs ?). Une petite fille de 7 ans membre d’une grande fratrie est gardée le temps de la naissance d’un énième bébé chez un couple sans enfant. Être ainsi, pour la première fois, à la fois séparée de sa famille et l’objet d’une attention bienveillante, la trouble, lui plaît et finalement lui permettra de grandir.

Son regard sur les adultes va changer, à l’avenir on peut espérer qu’elle se défendra d’eux, en particulier de son père. Tout le texte est écrit à travers la compréhension de l’enfant, tous les mots sonnent justes, c’est à la fois pudique et émouvant.

Je me joins au concert de louanges .Cela fait plaisir de se sentir ainsi en phase avec une belle sensibilité d’auteur ainsi que des lecteurs et lectrices que je ne connais qu’à travers le monde des blogs mais dont je me sens parfois si proche.

Citations

 Je me demande pourquoi mon père ment sur le foin. Il a tendance à mentir sur des choses qui seraient bien si elles étaient vraies.

 

– Ah, les femmes ont presque toujours raison quand même, dit-il. Sais-tu pour quoi les femmes ont un don ?
– Quoi ?
– Les éventualités. Une vraie femme regarde loin dans l’avenir et devine ce qui arrive avant qu’un homme flaire quoi que ce soit. 

On en parle

Je dois ce livre au blog de Krol que je lis toujours avec grand plaisir.