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Roman très prenant, sur la quête de l’identité mêlée à l’horreur du nazisme. Le côté romanesque est un peu déroutant : reconnaître les traits du visage de son père sur une photo de Buchenwald semble hautement improbable, mais c’est le privilège du romancier que d’inventer des histoires. Bien sûr, l’auteur le dit lui-même, c’est toujours délicat de romancer les camps de concentration. Fabrice Humbert, en focalisant son enquête sur les bourreaux et leur motivation, arrive à donner un nouvel éclairage à la principale tragédie du 20° siècle à propos de laquelle les témoignages et les réflexions ne manquent pas aujourd’hui.

J’ai trouvé très intéressante son analyse de la violence, son passage en lycée dans les banlieues difficiles lui a permis d’ouvrir les yeux sur des souffrances contemporaines, j’ai trouvé qu’il le racontait bien. Les personnalités de son père et de son grand père, donnent une profondeur au secret de famille qui trop vite n’en est plus un pour le lecteur. En revanche, j’ai dû attendre la fin du récit pour vraiment comprendre le père du personnage principal.

J’ai beaucoup aimé également la façon dont l’auteur mêle à son récit les auteurs qui l’inspirent, on retrouve Semprun, Primo Levi mais aussi Jack London et Sebastian Haffner, écrivain allemand dont la lecture éclaire de façon magistrale la montée du nazisme. Comme toujours la lecture de livres sur l’extermination organisée par les nazis est éprouvante, mais c’est également réconfortant de savoir que les intellectuels d’aujourd’hui, la troisième génération après « Auschwitz », ne veulent pas oublier.

Malgré mes réserves sur l’aspect romanesque du roman je ne peux que recommander la lecture, et vous pourrez lire sur le blog « à sauts et à gambades » un avis plus enthousiaste. Le site WEB TV permet de mieux connaître cet auteur.

(Prix Renaudot poche 2010, prix orange 2009)

Citations

Weimar a été une grande ville culturelle et elle a été aussi, au XX° siècle, une ville voisine d’un camp de concentration. À part montrer que la culture n’a jamais protégé de la barbarie, je ne vois pas trop quel lien établir entre les deux.

 

 

Je subis donc son cours (rien de plus pénible pour un professeur que d’écouter les leçons des autres) jusqu’au dessert.

 

La jeune génération de mes petits-cousins, parfaitement incultes, totalement arrivistes et dénués de scrupules- bref modernes. Ils ont dix-sept, dix-huit ans, sortent en permanence, font des fêtes terribles et ne songent qu’à suivre la filière rémunératrice qui leur permettra de respecter notre rang.

 

Je suis incapable de décrire autre chose que cela : la violence. La violence qu’on s’inflige à soi ou qu’on inflige à autrui. La seule vérité qui vibre avec sincérité en moi – et donc ma seule ligne convaincante d’écriture- est le murmure enfantin de la violence, suintant de mes premières années comme une eau empoisonnée.

 

Rencontre avec l’ auteur : WEB TV

 

On en parle

 

 » à sauts et à gambades ».

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Traduit de l’anglais par Éric McComber.

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Un coup de cœur pour ce petit roman, j’espère que je ne serai pas la seule dans mon club. L’écrivaine a un réel talent pour créer et faire vivre des personnages. Plus on avance dans le récit, plus on se dit : je connais quelqu’un comme ça. Le personnage principal est très attachant, la révélation de son plus gros secret m’a laissé pantoise, je me demande si on peut se remettre d’une telle action. C’est de la fiction, certes, mais ça me fait un peu grincer des dents.

Je trouve également que les personnages masculins sont beaucoup moins fouillés et compréhensibles que les femmes, excepté le jeune Gary. Sous la forme d’un journal, Amy Wingate nous fait vivre sa vie de retraitée au bord de la mer. Elle a la chance d’avoir une jolie vue de mer de sa villa victorienne. Comme je comprends son plaisir de vivre là.

Son journal lui permet d’analyser ses amies et elle-même de façon très détaillée. Il ne faut surtout pas en conclure que vous allez vous ennuyer, car elle sait très bien raconter et nous intéresser à son cercle de relation.

Sa relation avec le jeune Gary, un jeune adolescent à la dérive et qu’elle a blessé, dans un geste de colère est vraiment passionnante. En essayant de l’aider, elle sera amenée petit à petit à dévoiler sa vie et à revivre son passé si bien enfoui car, pour une fois, elle ne peut qu’être honnête avec « ce blessé de la vie » :Gary, si elle veut le sortir de la misère morale dans laquelle la vie l’a enfoncé. Derrière son chignon de vieille professeure coincée se cache une étonnante femme vibrante de vie et d’amour.

Je ne parle pas souvent de la traduction, dans ce roman j’ai été gênée par le tu/vous, pour moi elle devrait tutoyer Gary. D’autre part le traducteur confond ennuyant et ennuyeux. C’est ennuyeux !

Citations

 Pour toutes les femmes qui ont en assez de se faire appeler « ma petite dame ». L’emploi du mot « petite » est une autre de ses façons –sans doute inconsciente- de maintenir sa supériorité. Une « petite dame » lui confectionne des vêtements sur mesure et un « petit monsieur » vient entretenir son jardin. La « petite femme » du magasin du village « l’adore »….. .Le monde de Francesca est peuplé de nains.

 

Je me suis souvent demandé comment les mariages pouvaient survivre à ce type de désintégration ; cette chute des hauteurs, de la magie haletante jusqu’à l’indifférence familière. Comment pourrait-il en être autrement ? La familiarité n’engendre pas nécessairement le mépris, mais elle défait à coup sur la magie.

 

J’aime les vielles photos, dit-il en ramassant celui qui est au sommet de la pile. Ça me fait une drôle d’impression quand je regarde la tête des gens et que je me demande ce qu’ils pouvaient penser. Sont là, si heureux, si pleins de vie. Mais c’est fini pour eux. Tout ce qui leur causait du soucie ou qui les rendait heureux c’était rien du tout en fait.

 

Voilà peut-être pourquoi ils étaient plus heureux entourés d’une foule d’amis, ou en présence d’un tiers devant qui ils pouvaient mimer le couple parfait et y croire eux-mêmes

 

On en parle

le souk de moust et Amanda Meyre (une référence dans le monde des blogs consacrés aux livres).

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Traduit du russe par Elena Balzamo.

4
Merci à Dominique qui tient « à Sauts et à Gambades  », c’est grâce à son article très élogieux que je me suis procuré et lu ce petit livre. Il est écrit par un dissident russe, il paraît en 1976 en Israël mais il est interdit en Union Soviétique. Il a pour sujet la résistance face à la barbarie, le nazisme, bien sûr, mais les autorités soviétiques ne s’y sont pas trompés, il n’y a pas de si grands différences entre le nazisme et le communisme, ce livre a été interdit dans son pays.

Le problème posé est simple : Qui doit s’opposer à l’injustice d’une dictature ? Pourquoi, quand, comment, et la question annexe est ce que ça sert à quelque chose ? Tous les faits qui sont racontés sont dans notre mémoire historique à propos de la seconde guerre mondiale, ils concernent soit la Pologne soit les Etats du Nord en particulier le Danemark. L’auteur a choisi un état fictif gouverné par un roi qui finira par coudre sur sa poitrine l’étoile juive.

Etait-ce utile ? Autant ? Moins ? Plus ? que le fougueux commandant de la garde royale qui, sabre au clair, a foncé contre les mitraillettes allemandes, laissant sur la place, devant le palais, la garde royale entièrement décimée , ne retardant que de quelques minutes l’entrée de l’armée allemande.

On retrouve dans ce petit livre l’humour distancié des dissidents russes, c’est un des charmes du livre. Je fais une réserve sur ce roman et je ne parlerai pas de chef d’œuvre. Certes, si je l’avais lu à l’époque mon avis aurait été complètement différent, aujourd’hui on a beaucoup lu sur le sujet, le problème posé est toujours passionnant, en revanche la forme sous laquelle il est traité n’apporte aucun éclairage nouveau en tout cas pour moi (mais je dois dire que j’ai déjà beaucoup lu sur cette période, et ce sujet).

Je pense que c’est un livre à lire dans les classes de première et seconde pour faire réfléchir au totalitarisme et à la résistance les jeunes générations.

Citations

Efficacité de la conquête

En trois heures, la campagne fut achevée, et les bombardiers qui survolaient le royaume n’avaient pas épuisé leurs réserves de combustible. 

L’occupation

Cependant, respectueux de l’autorité, les citadins éprouvaient une confiance instinctive à l’égard de ce nouveau pouvoir. Un certain laps de temps sera nécessaire avant que l’idée qu’un ordre puisse n’être que le masque du crime se fraie un chemin dans leurs braves têtes à l’esprit étroit. 

L’héroïsme

Avant que les soldats eussent atteint la grille, le portail en fer forgé s’ouvrit, et l’escadron, sabres au clair et heaumes rutilants, se rua sur les visiteurs. La surprise fit reculer les Allemands. La voiture du fondé de pouvoir fit marche arrière. les envahisseurs furent scandalisés

L’honneur

L’honneur ? Que voulait dire ce mot. Semblable à certains phénomènes optiques, le sens en fuyait dès que la raison tentait de le cerner. L’honneur n’avait qu’une seule signification : le devoir envers soi-même 

L’humour (un exemple il y a beaucoup d’humour dans ce roman)

…(on) entama l’hymne national : « Seigneur, sauvez notre roi, nous-mêmes et nos champs ! ». Et nos maisons ! Et nos parterres de fleurs autour des petites fontaines ! Et nos comptes en banques ! Et la brume de nos mers ! Et nos ministres chauves ! Et nos….

On en parle

à saut et à gambades.

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Traduit de l’anglais américain par Pierre GIRARD.

4
Encore un livre desservi par son titre français : du sobre « The Help », on arrive à « la couleur des sentiments » titre cucul au possible et en plus très ambiguë. C’est d’autant plus dommage que l’auteure essaie de ne pas sombrer dans un travers sentimental. Or, comment ne pas faire dans l’émotion quand on a été soi-même élevée par une bonne noire qu’on a aimée plus que sa propre mère ?

L’Héroïne du roman vit à Jackson dans le Mississipi et les lois ségrégationnistes sont encore en vigueur, la domesticité noire n’a pas le droit d’utiliser les mêmes toilettes que la famille blanche. Pour expliquer les raisons d’une telle mesure, on fait appel aux règles d’hygiènes et de transmission des maladies, les noires étant évidemment porteurs de maladies graves et dangereuses pour les blancs !

C’est un roman a plusieurs voix : l’héroïne blanche qui veut écrire un livre sur les bonnes, différentes bonnes et certaine patronnes blanches. Cela permet de faire le tour de la vie à Jackson dans les années 60. Le côté rétrograde et étroit de la petite ville de province qui s’arcboute sur des modes de vie complètement dépassés est très bien rendu. L’idéal de la femme américaine qui sait ou qui ne sait pas tenir une maison, la mode des blondes platines aux cheveux laqués, le fond teint et le maquillage et surtout le terrible ennuie de ces femmes qui ont pour distraction les commérages et le bridge, tout cela m’a fait penser à « Mad-Men », ma série préférée du moment.

Un des intérêts du roman, c’est le récit de l’écriture du livre par les bonnes elles-mêmes, c’est passionnant et cela soutient l’effet de suspens jusqu’à la fin : les bonnes noires arriveront-elles à faire comprendre ce qu’elles vivent sans avoir d’ennuis trop graves ? L’une d’entre elles, celle qui ne peut jamais se taire, a imaginé une solution que je ne peux pas vous dévoiler mais qui est franchement bien vue. L’écriture d’un livre dans un livre , c’est toujours quelque chose qui m’intéresse. Dans ce cas on sent que cette auteure est passée par les ateliers d’écriture, cela lui a été reproché, j’ai trouvé que c’était intéressant (mais je fréquente également ce genre d’endroit). L’analyse des rapports entre les domestiques et les patrons est très fine et si ici, elle est particulière à cause du racisme ambiant, elle permet de réfléchir sur la nature des liens entre employeur et employé dans une même maison.

Dans la foule des détails sur la vie de province, j’ai bien aimé les ventes de charité organisées par les dames patronnesses de Jackson, pour récolter de l’argent pour les pauvres petits… Africains ! J’ai lu une critique qui parlait de « bons sentiments » à propos de ce livre, je ne suis pas d’accord, la violence est là, le plus souvent comme une menace qui fait peur à tout le monde, elle rôde dans le quartier noir. Ce livre permet de comprendre les émeutes violentes qui sont venues dix ans après. Un seul conseil : lisez le vite et ne vous arrêtez pas au titre français.

Citations

C’est un projet qui vise à rendre obligatoire la présence de toilettes séparées à l’usage des domestiques de couleur dans toutes les maisons occupées par des blancs.
Règle numéro un pour travailler chez une blanche, Minny : ce n’est pas ton affaire. Rappelle toi une chose : ces blancs sont pas tes amis.
Règle numéro 6 : tu frappes pas ses enfants. Les Blancs aiment faire ça eux-mêmes.

C’est depuis la nuit des temps que les Blancs empêchent les Noirs de dire ce qu’ils pensent..

 

Je n’ai encore rien avalé de la journée hormis la tisane de maman contre les sexualités déviantes.

 

Mais c’est la dichotomie affection-mépris qui m’étonne toujours. La plupart de ces femmes sont invitées au mariage des enfants, mais seulement dans leur uniforme blanc. Je savais déjà tout cela mais l’entendre de la bouche de ces Noires est comme l’entendre pour la première fois .

– Donc tu dis qu’il y a pas de limites, non plus entre une bonne et sa patronne ?
– C’est des positions, rien de plus comme sur un échiquier. Qui travaille pour qui, c’est sans importance.

– Les seins sont faits pour la chambre et pour l’allaitement. Et la dignité ça existe aussi.
-mais enfin, Eleanor, que veux-tu qu’elle fasse ? Qu’elle les laisse à la maison ?
– Je-veux-qu’elle-les-couvre.

On en parle

Les lecture d’Anna. Une lectrice qui a eu la chance de le lire en anglais : Nymphette.

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Traduit de l’anglais par Michèle VALENCIA

4
J’ai été passionnée par ce roman, je l’ai lu deux fois, la première fois pour fixer l’intrigue et la deuxième pour en savourer les moments clés. (Il faut dire que j’étais beaucoup dans les transports parisiens ces derniers temps et Marie O’Farrel sait embarquer son lecteur dans son univers romanesque). Le récit est très bien construit, avec sans doute quelques invraisemblances, du moins je l’espère (pouvait-on garder 60 ans dans un asile quelqu’un qui avait bien énervé ses parents ?).

Iris, une jeune femme d’aujourd’hui, a de grandes difficultés à construire sa vie amoureuse, elle est entourée par deux voix de femmes très âgées, qui reconstruisent leur passé, l’une a la maladie d’Alzheimer, l’autre a été internée pendant plus de soixante ans. Ces trois destins sont liés et jusqu’à la dernière ligne, le lecteur est tenu en haleine par une intrigue très bien menée. On est plongé dans la haute société Ecossaise du milieu du siècle dernier. Une jeune fille, un peu originale, qui aurait préféré faire des études plutôt que de se marier va être victime de sa propre famille.

Un des intérêts du livre, c’est la réflexion sur la condition féminine et l’horreur de l’internement abusif. Jamais le roman ne tombe dans la démonstration car tout est raconté de façon parcellaire par deux vieilles femmes qui peuvent se tromper, s’il est certain qu’Esme n’aurait jamais dû être traitée de cette façon, on ne saura pas si elle n’était pas un peu déséquilibrée. J’aime bien que les choses ne soient pas présentées de façon simpliste, ce n’est pas un roman à thèse, cela reste avant tout un bon roman qui permet, aussi, de réfléchir sur les graves dysfonctionnement de l’internement en psychiatrie au siècle dernier.

Citations

Il suffisait à un homme d’avoir un papier signé par un généraliste pour faire interner sa femme ou sa fille dans un asile d’aliénés (…) Un bonhomme pouvait se débarrasser d’une fille indocile.

 

leur grand-mère les oblige à revêtir leurs plus beaux habits et à arpenter le front de mer en saluant les passants. Surtout les familles qui ont des fils.

 

Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent des identités… Nous venons au monde en tant qu’anagrammes de nos ancêtres

 

Nous parlons d’une gamine de seize ans qu’on a enfermée pour avoir essayé des vêtements.

 

Vêtues de chemises pâles, elles se déplacent comme des nuages. Difficile de dire s’il s’agit d’hommes ou de femmes car leurs chemises sont lâches et leurs cheveux coupés si courts. Certaines regardent droit devant elles, sans bouger. L’une sanglote dans ses mains. Une autre pousse un cri rauque qui se termine en marmonnement.

 On en parle

Delphine’s Book, je partage son avis sur le personnage d’Iris. Le goût des livres et à sauts et à gambades, mon blog fétiche, avec une photo remarquablement choisie et qui m’a fait remonter bien des souvenirs.

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5
Je ne suis qu’à la fin de la saison 2, mais dès le premier épisode de la saison un (« le pilote ») comme tout le monde, je suis complètement tombée sous le charme de cette série. Don Draper (joué par John Hamm) est un publicitaire des années 50/60 à New-York, autant dire, que s’il n’est pas le roi du monde, il les côtoie tous les jours. Il est hanté par un lourd secret qui se dévoile au cours des épisodes.

Cette série est aussi passionnante pour ses intrigues que pour la reconstruction de l’époque. Le moindre détail nous fait sourire et encore, nous ne sommes pas américains ! Je ne suis pas prête d’oublier la petite fille qui arrive auprès de sa maman avec un sac transparent sur la tête : les enfants jouaient aux cosmonautes, elle se fait gronder, sa mère suppose qu’elle a dû, en utilisant la housse du pressing, ne pas faire attention aux vêtements. Je me souviens très bien que la peur qu’un enfant ne s’étouffe avec des sacs en plastique est venue petit à petit. Je raconte ce court passage car il est significatif de ce qu’on éprouve en regardant la série, soit « Ah ! Oui, je me souviens bien » ou «  Ah ! Ce n’est pas possible ».

Les rapports des hommes et des femmes dans la société sont surprenants finement analysés et très américains. Il y a des points communs avec la société française mais pas complètement. Par contre, l’analyse du couple est universelle et atemporelle. Les rapports dans le monde du travail, l’arrivée de Kennedy au pouvoir, le début de la contestation étudiante, les ressorts de la publicité, tout est là, et je garde le meilleur pour la fin : les costumes et les décors, je peux me repasser en boucle certains épisodes uniquement pour regarder dans les détails les objets et les vêtements.

Je ne suis pas très originale en vous disant que cette série est excellente, voici son palmarès : treize Emmy et quatre  Golden Globes. C’est la première série télévisée câblée à remporter trois années consécutives l’Emmy pour les trois premières saisons en 2008, 2009, 2010. Évidemment, il faut la regarder en anglais avec pour moi les sous-titres en français. Je vais avoir du mal à attendre pour m’offrir la saison trois !

On en parle

Les deux blogs que je consulte régulièrement au sujet des séries : Tête de série et Le Monde des séries.

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 Traduit de l’espagnol par François Maspero.

4
Le mois de septembre, c’est le mois de mon anniversaire donc le mois où je reçois des livres souvent merveilleux. L’an dernier, ma sœur m’a offert « l’ombre du vent ». Étant donné ce que j’en avais lu sur les blogs, je me suis précipitée mais voilà, parfois je lis mal et trop vite et je me suis perdue dans les méandres de cette histoire. Cette année, j’avais plus de temps et j’ai absolument été captivée du début jusqu’à la dernière page. J’aurais voulu que le plaisir dure encore… Je me demandais pourquoi il ne m’avait pas séduit tout de suite. C’est simple on ne peut pas le lire trop vite. L’intrigue est complexe les histoires très imbriquées les unes dans les autres. En prenant mon temps tout s’est éclairé, en plus c’est un tel hymne à la lecture au plaisir des livres que tous les lecteurs se retrouvent à un moment ou à un autre dans les personnages. Ma sœur avait raison ce livre ne pouvait que me plaire.

En toile de fond, les violences de la guerre civile espagnole avec toutes ses horreurs ! Si le livre est souvent sombre et tragique, il est aussi plein d’humour, le personnage de Firmin et de son immense amour pour toutes les femmes est à la fois tendre et drôle. Les histoires d’amour sont très belles et passionnées (nous sommes en Espagne !) La tendresse des pères pour leur enfant est émouvante.

Bref un très beau roman qui suit les méandres complexes de la littérature, on y retrouve beaucoup de clins d’œil littéraires, ce qui ne rend pas le roman pédant pour autant.

Citations

L’un des pièges de l’enfance est qu’il n’est pas nécessaire de comprendre quelque chose pour le sentir. Et quand la raison devient incapable de saisir ce qui se passe autour d’elle, les blessures du cœur sont déjà trop profondes.

 

Ces gens qui voient le péché partout ont l’âme malade, et si tu veux vraiment savoir, les intestins aussi. La condition de base du bigot ibérique est la constipation chronique.

 

Elle a même appris à broder et on m’a dit qu’elle ne s’habille plus en Simone de Beauvoir

 

Le problème, c’est que l’homme, pour en revenir à Freud et utiliser une métaphore, fonctionne comme une ampoule électrique : il s’allume d’un coup et refroidit aussi vite. La femme, elle, s’est scientifiquement prouvé, s’échauffe comme une casserole. Peu à peu, à feu lent, comme la bonne fricassée. Mais quand elle est chaude, personne ne peut plus l’arrêter.

 

La femme, c’est Babel et Labyrinthe. Si vous la lissez réfléchir, vous êtes perdu. Souvenez-vous-en : cœur chaud, tête froide. L’a b c du séducteur.

 

La vie dans la rue est brève. Les gens vous regardent avec dégoût, même ceux qui vous font l’aumône, mais ce n’est rien comparé à la répugnance qu’on s’inspire à soi-même. C’est comme vivre attaché à un cadavre qui marche, qui a faim, qui pue et qui refuse de mourir.

On en parle

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 Traduit du finnois par Sébastien CAGNOLI.

4
Livre terrible et éprouvant, mais livre à lire certainement. On comprend pourquoi des jeunes filles de l’est se font prendre aux pièges terribles de la prostitution. Le destin de la vieille Aliide et de la jeune Sara se réunissent dans l’horreur, jusqu’au bout on se demande si celle qui a connu les purges staliniennes (mais qui a collaboré) va aider celle qui est tombée dans les griffes d’un souteneur. Sara ne sait pas comment expliquer sa situation à la vieille femme et elle a tellement peur que les mafieux tortionnaires la retrouvent. Sara comprend l’Estonien mais le parle mal ce qui rajoute à son angoisse : la vieille femme va-t-elle la comprendre ?

Aliide la peur ça la connaît, cela fait plus de 60 ans qu’elle vit avec  : est-il possible qu’un membre de sa famille qu’elle a contribué à envoyer en Sibérie vienne lui demander des comptes… c’est si loin tout ça ! Sara et Aliide sont liées par l’angoisse et la peur qui rôde à la porte même de la maison : rien dans ce livre n’est léger ! La construction du roman est étonnante, comme des cercles qui se resserrent, comme un serpent qui entoure sa proie en l’étouffant peu à peu, la vérité se fera jour. Sara pourra-t-elle revivre et éloigner d’elle l’horreur. À lire donc (si on est en forme et si on a le moral !)

Citations

Pour le studio de tatouage, Pacha se faisait la main sur des filles hors d’usage. Comme avec Katia… Il avait piqué sur les seins de Katia : une femme à forte poitrine qui taillait une pipe à un diable… il avait orné le bras de Katia d’une deuxième image du diable. Ce dernier avait une grosse bite velue.
« Aussi grosse que la mienne ! » avait rigolé Pacha.

Après cela, Katia disparu.

 

Zara ouvrit un flacon de poppers et renifla. Quand Pacha la prendrait pour se faire la main, elle saurait que son heure était venue.

 

Mais la terreur de la fille était tellement vive qu’Aliide la ressentit soudain en elle-même…Mais maintenant qu’il y avait dans sa cuisine une fille qui dégoulinait de peur par tous les pores sur sa toile cirée … . La peur s’installait là, en faisant comme chez soi. Comme si elle ne s’était jamais absentée. Comme si elle était juste allée se promener quelque part et que, le soir venu, elle rentrait à la maison.

 

Alors que cette fille, avec sa jeune crasse, était ancrée dans le présent, ses phrases rigides sortaient d’un monde de papiers jaunis et d’albums mités remplis de photos.

 

On en parle

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 Traduit de l’anglais par Anne RANINOVITCH.

4
Problème de traduction : je ne trouve pas que le titre français traduise bien le titre anglais : Never Let Me Go. J’espère que cela ne reflète pas le travail de la traductrice ! Toutes les critiques autour de ce roman se trouvent confrontées à la même difficulté : comment partager le plaisir de la lecture sans dévoiler l’intrigue qui est étonnante et fait pour une grande part l’intérêt de ce roman. Donc je ne dévoilerai rien. Au-delà de l’aspect science fiction, qui je l’espère ne sera jamais réalité, l’analyse des souvenirs et des sentiments venus de l’enfance est d’une finesse absolument remarquable. N’oublions pas que Kazuo Ishiguro a écrit «  Les Vestiges du jour », on retrouve la même précision dans l’analyse des sentiments et de la société britannique.

Ce que je peux rajouter, c’est qu’une fois terminée la lecture, j’ai pris un très grand plaisir à relire ce livre avec toutes les clés de compréhension. J’ai été sidérée de voir à quel point j’avais négligé les indices très clairement donnés dès les premières pages, un peu comme les enfants réunis dans ce lieu de Hailsham , j’avais tous les éléments pour comprendre , mais le voulais-je vraiment ? C’est une prouesse d’écrivain que de nous mener au même rythme que ces héros et nous forcer peu à peu à accepter la réalité qui nous fait peur.

 

Citations

Madame avait peur de nous. Mais elle avait peur comme d’autres avaient peur des araignées. Nous n’avions pas été préparées à cela. Nous n’avions jamais eu l’idée de nous demander ce que nous éprouverions si on nous voyait ainsi, si les araignées, c’était nous.

 

En tant qu’élèves de Hailsham, nous étions tous très spéciaux, et notre mauvais comportement était d’autant plus décevant.

 

Je pense que j’avais perçu qu’au-delà de cette ligne il y avait quelque chose de plus dur et de plus sombre, et que je ne le voulais pas. Ni pour moi, ni pour aucun d’autres.

On en parle

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 Traduit de l’Anglais (Afrique du Sud) par Françoise ADELSTAIN.

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4
C’est la première fois que ma participation à « masse critique » de Babelio est un succès total. Je ne pense pas que j’aurais entendu parler de ce livre autrement et c’est injuste pour la qualité de ce récit. Ce roman est absolument passionnant surtout pour la peinture de l’Afrique du Sud dans les années 60. J’ai une petite réserve à propos du parcours initiatique du jeune Simon, je le trouve un peu trop naïf mais ça n’enlève rien à la force et donne un peu d’humour au roman.

Le récit démarre dans un lycée de la capitale de « l’état libre d’Orange », le héros se retrouve confronté à un élève avec qui il a partagé ses années de primaire, Fanie. Un tournoi de tennis est organisé entre leur lycée plutôt classique et un lycée professionnel fréquenté par des afrikaners que les lycéens anglais méprisent en les appelant « les Clefs-à-molette ». Chaque rappel de ce qui s’est passé entre Fanie et Simon, est l’occasion pour le héros de se replonger dans son enfance. Nous voyons alors se dérouler la vie dans une petite ville de province afrikaner, c’est à peu près l’horreur. Racisme, intolérance, stupidité et étroitesse d’esprit tout cela béni par une religion obscurantiste sont au rendez-vous. Les adultes sont d’une lâcheté et d’une bêtise incroyables. On a parfois du mal à croire que tout cela se passe dans les années 60, on se dirait au début du 20° siècle. Le racisme n’est pas tant envers les noirs qui sont à peu près absents du livre, c’est entre les afrikaners et les anglais et entre les différentes religions.

Une personnalité noire sera l’objet d’un souvenir : une femme, Mary qui, pendant 8 ans, a lavé les cheveux dans un salon de coiffure et est mariée avec le jardinier de la famille de Simon. Un blanc prend sa place et elle est chassée sans aucun état d’âme : c’est la loi ! Il faut dix ans dans le même emploi pour qu’un noir puisse rester dans une ville blanche. Mary retournera dans une tribu à des centaines de kilomètres qu’elle ne connaît pas, laissant derrière elle un mari totalement désemparé. L’humour vient de la personnalité de la mère de Simon qui est un peu moins conventionnelle que les autres habitants du bourg. Le récit de l’instituteur sadique est terrible, mais hélas plausible (et cela pas seulement en Afrique du Sud).

Le jeune Simon se forme peu à peu à la sexualité des adultes dans un pays entièrement sous la domination de la religion, c’est vite de l’ordre du péché, même si c’est un prêtre qui l’initie à la masturbation « réciproque ». Steve, l’ami de Simon et Fanie, a le malheur de ne pas être de leur communauté, donc il sera jugé et condamné et mourra en prison parce que la femme du pasteur est sure qu’il est pédophile (ce qui n’est pas prouvé) alors que le prêtre lui semble très bien être accepté par la communauté et peut continuer à initier les jeunes garçons. Bref un monde étroit et pervers où l’originalité est considérée comme une offense aux « bonnes » mœurs.

J’ai été sensible à l’écriture de Michiel Heynes, (comment ne pas l’être ! et bravo à la traductrice), c’est un grand écrivain : il est nous entraîne dans un monde que je ne connaissais pas, nous fait sourire parfois et nous fait découvrir bien des ressorts cachés de l’âme humaine.

Citations

Le rugby étant le plus important, en réalité l’unique, dénominateur commun de la culture blanche en Afrique du Sud.

Nous en avions donc conclu que le père de Fanie était un homme sobre, et Louis van Niekerk avait déclaré d’un ton péremptoire : « C’est pour ça qu’il est fils unique. »

 

Son père l’avait retiré de l’école pendant un an parce qu’il avait découvert une référence à la théorie de l’évolution dans notre manuel de sciences naturelles.

 

Elle figurait comme dans notre livre d’histoire au titre de foyer d’une petite tribu indigène « amicale » -ce qui signifiait que les autochtones n’avaient opposé aucune résistance à l’occupation de leur terre par les Voortrekkers* (boers)

 

Je révérais tant l’autorité que je respectais même un de ses représentants aussi perverti que Mr De Wet ; je n’ai jamais perdu l’espoir absurde de plaire à cet homme dont le bonheur consistait à faire mail aux autres.

 

Klasie allait prouver que les Boers avaient en réalité gagné la guerre, en démontrant de façon décisive que les historiens anglais avaient falsifié tous les récits des combats, étant donné le fait bien connu que, ayant inventé l’écriture, les Anglais peuvent habiller la vérité à leur image.

On en parle

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