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4
Encore une bonne surprise de notre club. Je ne me précipitais pas vers la lecture de cet essai qui restait sur le rayon de la bibliothèque destiné aux membres du club, car je ne pensais pas y découvrir grandes nouveautés. Erreur, j’ai appris des choses amusantes, comme la difficulté de Madame Thatcher à utiliser le « nous » pour parler de son action au gouvernement. Elle a fini par si bien apprendre sa leçon que, pour annoncer la naissance de son premier petit fils, elle déclara : We have become a grandmother (Nous sommes devenue grand-mère).

Le charme du livre vient du ton utilisé par l’auteur, c’est drôle léger et impertinent. De plus, il puise ses observations dans un grand nombre de langues, parfois très originales. Les remarques sur les subtilités du vocabulaire de la syntaxe et des expressions sont vraiment drôles et intéressantes. J’ai été moins convaincue par la dernière partie sur l’apprentissage. Son livre est enrichi de cinq portraits de personnes parlant plusieurs langues dont la vie est marquée par cette capacité linguistique. Alex Taylor donne envie de connaître Fernando, il parle 16 langues. Quelle chance, il a ! Comme lui je pense que :

« Parler une langue étrangère, crée une deuxième personnalité et une deuxième vie. »

Lui, il en a donc 16 !

Citations

 En Gallois, Gath est un chat lorsque son maître est masculin. On imagine la perplexité de l’infortuné félin dès lors qu’il tombe entre les mains d’une maîtresse et qu’il se voit transformé en chath. Ce n’est donc pas si évident pour les habitants d’Aberystwyth d’appeler un chat un chat.

 

Ces fioritures ne sont pas sans rappeler la proposition de Jack Lang dans les années 1990, qui essaya de rebaptiser les personnes du troisième âge « les flamboyants »

 

À Berlin, on ne cherche plus comme dans le passé une femme de ménage, Putzfrau mais une tonique Putzkraft, une puissance nettoyante.

 

La BBC organisa récemment en consultation avec des milliers de linguistes un concours pour trouver le mot « le plus intraduisible du monde » .Le champion est ilunga de la langue tchiluba parlée au sud-est de la République du Congo. Il désigne une personne disposée à pardonner un affront une première fois, à le tolérer lorsqu’il est commis une deuxième fois mais qui rejette l’idée de pardon si l’affront est commis une troisième fois.

On en parle

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5
J’ai eu envie de le recopier entièrement, puis je me suis dit que vous auriez plus vite fait de l’acheter que de lire mes citations en bas de mon billet. Je l’offrirai certainement, ma seule crainte serait que la personne l’ai déjà. Comme vous avez vu mes cinq coquillages, vous avez compris : « Mon couronnement » est un petit chef d’œuvre. Un livre rare, sur un sujet traité avec une extrême délicatesse : la très grande vieillesse. L’auteure nous permet de comprendre les pensées d’un vieil homme. Si vieux, qu’il a perdu le sens d’une certaine logique, ce qui ne l’empêche pas d’être sûr de ses sentiments.Il a une grande affection pour sa gouvernante Madame Ambrunaz, mais déteste sa sœur Alice qui veut faire du ménage à « l’alsacienne » chez lui. Il n’a qu’un vague souvenir de la découverte qu’il a pu faire dans sa jeunesse et qui lui vaut la récompense et toutes ses soudaines visites. On remonte le fil de sa vie au gré de sa mémoire fluctuante, c’est souvent triste, le portrait de sa première femme est poignant. L’auteure n’évite le tragique que grâce au filtre des années qui rend le malheur plus distant. C’est la même distance qui donne tout son charme aux descriptions des paysages contemporains. Nous les voyons tous les jours sans nous rendre compte de leur laideur. Evidemment, nous ne connaîtrons pas la découverte de Gilbert Kaplan , malgré moi (car tout le roman veut montrer l’inanité de presque toutes les conduites humaines) j’aurais bien aimé savoir ce qu’il avait découvert.

Citations

Cependant la perspective d’une réception en mon honneur me rend nerveux, je me prends à envisager de mourir avant la date prévue pour que cette réception, quoiqu’il ne soit pas si facile de mourir, comme j’ai aussi fini par le comprendre.

 

Il semblerait que je m’intéresse plus aux détails aujourd’hui, il semblerait que les idées générales m’aient délaissé.

 

Où que j’ai vécu, ranger un peu, a toujours été un projet, chaque fois ajourné.

 

La plupart du temps, au terme d’hypothèses cent fois hasardées et d’observations cent fois répétées, tout ce que nous parvenions à comprendre c’est comment ça ne marchait pas.

 

… de petits vieux tenant une boîte de gâteaux, de celles qu’on apporte avec soi pour se faire pardonner sa vieillesse….

 

Est-ce le moment de lui dire que j’ai oublié jusqu’à la formule de la gravitation, et que des découvertes, il s’en fait tous les jours, malgré quoi nous demeurons dans une ignorance fondamentale.

 

Je me souviens d’avoir d’un bond franchi des barrières et désormais je ralentis aux coins des tapis.
En arrivant, ma soeur va me prendre par les épaules et me congratuler et trois minutes après elle aura un de ces chiffons alsaciens à la main, une offense pour Mme Ambrunaz.

 

 Les gens les plus propres et l’argent le plus sale, tel est le paradoxe de la Suisse.

On en parle

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5
C’est le deuxième recueil que je lis de Kenneth Cook, il ressemble beaucoup à La vengeance du Wombat. L’effet de surprise est donc moins fort.
Je me suis, de nouveau, bien amusée, je conseille cet auteur à tous les gens moroses. Au-delà de son humour caustique, qui est tourné autant vers lui que vers les habitants de l’Australie, on devine une profonde connaissance de son pays loin des clichés habituels. Non, la nature n’est pas toujours hospitalière. Et le bush peut s’avérer mortel. (Hélas, Kenneth Cook a été victime d’une crise cardiaque trop loin de tout point de secours.)

Non, les animaux, même mignons ne sont pas tous gentils. Et les koalas sont visiblement plus agréables en photos et en peluche que de près, en vrai ils sont très désagréables et très dangereux quand on doit les tenir dans les bras, même si on ne cherchait qu’à leur offrir un lieu de vie plus agréable. Non, les espèces protégées ne sont pas reconnaissantes aux hommes de ne plus les tuer. Et un crocodile reste un terrible prédateur. Les Aborigènes, ne sont pas de bons sauvages, pleins de bonnes intentions. Ils vivent dans un pays hostile, avec peu de confort, ils sont sales et cherchent si possible à rouler le touriste de passage.

Si Kenneth Cook peut dire tout cela et bien d’autres choses encore, c’est qu’il utilise le ton du conteur d’histoires. Je me demande si quelqu’un a mis ses histoires en scène, il y a vraiment tous les ingrédients d’un excellent spectacle de conteurs. J’ai aimé les quinze nouvelles, mais ma préférée c’est La vie sexuelle des crocodiles, non pas pour ce que j’ai appris de la sexualité de ces animaux ( tout se passe sous l’eau !) mais j’ai trouvé irrésistible le rapport entre le scientifique qui s’émerveille devant les beaux spécimens de crocodiles et l’auteur mort de peur qui ne pense qu’à sauver sa vie.(Comme je le comprends !)

Citations

 Roger, passionné de crocodiles, déploraient qu’ils aient été longtemps chassés sans répit pour leur cuir…..leur nombre était en augmentation, tout comme la fréquence des attaques sur le bétail et sur les aborigènes.

 

– Et même deux Blancs, des chauffeurs de camion, près de Broome, se réjouit Roger ? Ils dormaient près de leur véhicule et tout ce qu’on a retrouvé, c’est la marque de leurs ongles dans la terre où la bête les a traînés. Naturellement, ajouta-t-il avec pondération, ce n’est pas de chance pour ces pauvres gens, mais il ne reste pas moins encourageant de penser que le nombre de crocodiles est en hausse dans cette région.

 

Je lâchai le bateau et saisis mon fusil
Roger lâcha le bateau et saisit son appareil photo

 

On me qualifie parfois d’obèse, mais je me considère simplement comme corpulent, une centaine de kilos, disons.

 

J’étais alors moins corpulent qu’aujourd’hui, mais je n’en restais pas moins un homme bien en chair. Comprenez par là que tout en parvenant aisément à lacer mes souliers , j’étais loin d’être un athlète.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Annick Le Goyat.

4
Sous la forme de sept lettres adressées à un dirigeant Chinois, venu visiter L’Inde pour comprendre le dynamisme de ce pays , Balram Halwaï se charge de le lui expliquer. Pour moi, c’est un livre à offrir à tous ceux qui ont visité l’Inde ou qui veulent le faire. On est loin de l’idée que les pauvres sont heureux dans leur misère et n’envient pas notre facilité de vie. Certaines descriptions sont à la limite du soutenable, par exemple l’hôpital public, où le père du personnage principal mourra sans avoir vu de médecin, dans des salles d’une saleté repoussante. La corruption est partout, les familles dominantes ne lâchent pas un iota de leur puissance et si, dix pour cent de la population vit bien sur le dos des quatre vingt dix pour cent de malheureux qui se tuent gratuitement à la tache, c’est que les familles sont autant d’otages aux mains des puissants barons de cette mafia.

Toute la société indienne est passée au crible et rien ni personne ne sortent indemnes du regard attentif et accusateur de Aravind Adiga. Sur la quatrième de couverture on lit « Roman écrit au scalpel et même à la chair du sous-continent… » C’est vrai.

Pour autant le talent de l’écrivain ne rend pas ce livre étouffant, mais implacable. Je me suis dit que je me servirai de ce livre pour expliquer pourquoi je n’irai jamais en Inde (Pour être très honnête, j’ai beaucoup de mal à voyager…) Le passage sur la description du Gange répond à une de mes interrogations : Comment peut-on prendre un bain dans le Gange qui visiblement sert à tout dans ce pays ? Réponse il ne faut surtout jamais le faire.

Citations

Je vous déconseille fortement un bain dans le Gange, à moins que vous n’aimiez avoir la bouche remplie d’excréments, de paille, de fragments de corps humains détrempés, de charognes de buffles, et de toutes sortes d’acides industrielles.

 

En résumé il y avait autrefois mille castes et destins en Inde. De nos jours, il ne reste que deux castes : les Gros Ventres et les Ventres Creux.
Et deux destins : manger ou être mangé.

 

 Il existe trois maladies majeures dans ce pays, monsieur : la typhoïde, le choléra, et la fièvre électorale.

 

Les rêves des riches ne coïncident jamais avec ceux des pauvres, n’est ce pas ? Toute leur vie, ces derniers rêvent d’avoir assez à manger et de ressembler aux riches. Et de quoi rêvent les riches ?
De perdre du poids et de ressembler aux pauvres.

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4
Roman destiné aux adolescents, ce roman peut séduire un public assez large de l’enfance aux adultes. C’est un plaidoyer contre tous les obscurantismes. Elvina jeune fille juive vivant au 11e siècle n’a pas le droit d’apprendre. Elle est interdite d’école et d’études parce que c’est une fille ! Or l’écriture la passionne et rien ne pourra l’empêcher d’apprendre.

On voit de l’intérieur d’une famille, pourtant très érudite, tous les interdits religieux qui sont autant de frein à la compréhension du monde. Au- delà de la petite communauté rode les hordes des croisés, et la peur qu’ils anéantissent tous les juifs avant de partir en terre sainte. Comme le récit est vu à travers le personnage d’Elvina, c’est très facile à lire et permet de revivre cette époque. Le point de vue sur les croisades n’est pas exactement celui que j’avais appris à l’école mais c’est vrai qu’il n’y a plus aujourd’hui grand monde pour chanter les louanges des valeureux croisés !

Le mazal ? C’est l’ange gardien d’Elvina à qui elle écrit tout ce qui la perturbe, un peu comme les adolescentes d’aujourd’hui remplissent des cahiers intimes.

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C’est avec une grande tristesse que j’ai lu ce livre, par ailleurs excellent. Je savais bien que la Chine maoïste ne correspondait en rien à mes croyances de jeunesse, mais « Petit Mao » va plus loin, il détruit dans une machine à broyer les moindres illusions tous les mythes maoïstes. En plus de l’horreur qui s’est abattue sur les lettrés de cette grande civilisation, il y a la douleur personnelle d’avoir prêté une oreille positive à toute cette propagande. Comment croire que tuer tous les oiseaux de Chine, pouvait aider à résoudre la famine ! ! Comment croire que les textes des siècles anciens étaient droitiers et qu’il fallait tous les brûler, comment croire qu’il fallait humilier, jusqu’à la mort, l’intelligence.Le roman est bien imaginé, un enfant construit sa vie sur le désir de retrouver sa mère qui a été la première femme de Mao. Il est confié à un couple communiste et lettré. Cela permet à l’auteur de décrire les tragédies de la Chine communiste d’un point de vue original. Comme souvent dans ce genre de livre qui remet en cause les choix politiques d’un pays, je préfère l’écriture de ceux qui ont eu à en souffrir. Les Chinois sont nombreux à écrire je rappellerai juste la force et l’humour de « Balzac et la petite tailleuse Chinoise » de Dai Siji.

Citation

– Tu hésites parce que ce porc est ton père ? aboya un garde à mes oreilles.

La meute se déchaîna.

– Nos pères ne sont rien ! S’ils trompent le Parti, les fils ont le devoir de les éliminer. Nous sommes les fils de la révolution, pas ceux de nos pères ! Frappe-le !

– Mort aux pères ! hurlèrent-ils.

Et ils m’obligèrent à gueuler avec eux.

– Mort au père, criai-je.

Comment auraient-ils deviné que mon cri s’adressait non à l’homme que je vénérais et qui souffrait sous leurs tortures, mais à celui qui en était l’instigateur, Mao Zedung lui-même ? Dérisoire et invisible victoire.

Seul Wang Yi comprit la vérité de cet hallali.

On en parle

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5Cinq coquillages ? Oui, parce que ce livre met tout le monde de bonne humeur, cela se vérifie pour tous les nouveaux lecteurs de La vengeance du Wombat. Comme notre bibliothécaire, je n’apprécie pas trop les livres sur les animaux mais Kenneth Cook a un talent de conteur extraordinaire. C’est le deuxième conteur que j’ai découvert cette année : après le grand nord de Jorn Riel, voici le bush australien. En 14 nouvelles, l’écrivain nous plonge au cœur de cette région d’Australie où les animaux sont plus agréables à regarde dans les reportages animaliers que de très près. Je ne suis pas une très grande fan de nouvelles car je trouve difficile de changer d’histoires tous les trois ou quatre pages. Généralement, il y en a toujours que j’aime moins.

Dans ce recueil, les quatorze sont passionnantes. On finit par bien connaître les réactions de l’écrivain, il a vraiment l’art de se retrouver dans des situations impossibles. Par exemple : accroché au ventre d’un kangourou qui a décidé de le tuer alors qu’il venait de le sauver ! On sait aussi qu’il ne résistera jamais à un verre ou une goulée d’alcool offert par des gens qui ne lui voudront pas toujours que du bien. On sait enfin que lorsqu’il nous décrit sa phobie absolue des requins, il va se trouver quelqu’un qui réussira à l’entraîner à la pêche du plus dangereux des prédateurs d’humains.

Les scènes dans les cafés sont inoubliables et quelque peu terrifiantes. Entre autre, lorsque tous les consommateurs sans se paniquer le moindre du monde, se mettent à parier pour savoir si la grenade dégoupillée qu’un des buveur tient dans sa main peut exploser ou non… Si vous aimez découvrir des contrées lointaines, des animaux et des humains différents de vous, et surtout si vous aimez rire précipitez vous dans votre bibliothèque préféré découvrir Kenneth Cook … si vous ne le connaissez pas déjà.

Citations

De nos jours, le quokka est toutefois considéré par tous comme étant inoffensif, en raison de sa petite taille ; ce qui s’inscrit dans une longue série de grandes illusions qu’entretiennent les gens sur les marsupiaux d’Australie. Comme la plupart sont petits, les gens ne les croient pas dangereux. Quelle bévue !

 

Il n’y a rien d’étonnant à croiser un anthropologue dans les coins reculés et arides du désert australien. Ils sont partout. On estime que, dans l’outback, il y a plus d’anthropologues étudiant les Aborigènes que d’Aborigènes.

 On en parle

dans un de mes sites préférés : link.

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3
On est loin de l’humour de La vengeance du wombat du même auteur. Dans ce court roman (109 pages) Kenneth Cook nous fait découvrir l’horreur d’une soirée alcoolisée en Australie. Il se donne la peine de remonter la chaîne des responsabilités qui a abouti à la mort d’une femme. C’est horrible et cela ne donne pas envie d’aller boire une bière un samedi soir dans les bars australiens. La description très précise des actions d’une rare violence est prenante et on est absolument écœuré par tant de bêtises. Le passage sur la façon de tuer les bœufs à coups de merlin est à peu près insoutenable.

On est dans le sordide, je ne sais pas si la lecture de ce roman aiderait les gens à ne pas se livrer à des beuveries, sinon je recommanderai ce livre à tous ceux pour qui font la fête en frisant le coma éthylique. La bonne personne est accusée de meurtre mais peut-être pas pour le bon meurtre. Car finalement ce soir là, dans cet endroit là, il y a eu un viol, la mort d’un jeune complètement ivre au volant de sa voiture, une tentative de meurtre digne d’un film d’horreur et finalement la mort d’une femme.

 Citations

John Verdon, instrument d’une société qui avait besoin de viande tout en refusant de tuer, alla se doucher de très mauvaise humeur. Dans la mesure où son travail lui procurait du plaisir – sans parler de son salaire –, il était lui aussi un artiste. Les exécutions défectueuses le démoralisaient plus qu’il n’aurait plus l’exprimer.

 

Verdon avait souri en sentant l’élan du marteau et, pour la première fois depuis plus d’un an, le plaisir de tuer qui lui descendait dans les reins.

 

Le jeune se mit sur pied avec difficulté, à peine conscient de son entourage, le taux d’alcool dans son sang proche du niveau fatal….. Son corps se soumit alors à l’instinct du vingtième siècle qui offre à un homme incapable de tenir debout la faculté de conduire une voiture.

 

Malheureusement, cet instinct n’améliorait guère sa vision, surtout à la vitesse de cent quarante kilomètres à l’heure qu’il avait atteinte peu après avoir quitté l’hôtel.

 

C’est ainsi qu’il s’encastra dans un semi-remorque, dont le plateau lui arracha le crâne au niveau du nez.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Jamila Ouahmane Chauvin et Serge Chauvin

4
Destinées de femmes malheureuses dans l’Angleterre de l’après-guerre. Rosamund, 76 ans, se sentant mourir explique les liens qui la relient à Imogen une petite cousine aveugle. Pour cela, elle s’enregistre et raconte sa vie à partir de vingt photos correspondant à des moments particulièrement forts d’une destinée malheureuse. L’auteur analyse tout en finesse les rapports entre les êtres humains. La vie de ces femmes aurait pu être plus heureuse ou plus tragique encore. Le destin ne tient à pas grand-chose mais a une place importante dans le roman, il lui arrive même de se rappeler aux personnages du livre sous une forme inattendue. (Comme cet oiseau qui vient se tuer sur le pare-brise de Gill, un « certain » soir sur une « certaine » route.)

Béatrix n’a pas été aimée par sa mère, elle a fait subir un destin plus tragique encore à Théa sa fille, qui dans un geste de violence rendra sa propre fille Imogen aveugle. Rosamund n’a pas pu, malgré tout son amour pour Théa, briser ce cercle infernal. Beaucoup de tristesse dans ces portraits de femmes qui se battent mais pas toujours avec les bonnes armes pour connaître le bonheur. On espère jusqu’à la dernière page que les chaînes du malheur s’arrêteront à la troisième génération.

Les époques qui se succèdent à travers les vingt photos font une grande partie du charme de ce roman. (La guerre, l’immédiate après-guerre, l’époque « baba-cool », l’Angleterre d’aujourd’hui…). J’ai beaucoup hésité à mettre quatre coquillages ou seulement trois, car je n’ai pas du tout retrouvé l’humour du « testament à l’anglaise ».

Citations

Non ça ne me dérange pas la pluie en été. En fait, j’aime bien ça. C’est ma pluie préférée. – Ta pluie préférée ? ? ? » Je revois Théa fronçant les sourcils en méditant ces paroles, et puis elle a proclamé : «  Eh bien moi, j’aime la pluie avant qu’elle tombe ».


Tout ce qui a abouti à toi était injuste. Donc tu n’aurais pas dû naître.
Mais tout chez toi est absolument juste : Il fallait que tu naisses.
Tu étais inévitable.

 

Oui, c’est vrai, rien de tout ça n’aurait dû arriver, ce n’est qu’une longue suite d’erreurs terribles, terribles, et pourtant regarde à quoi ça a abouti. Ça a abouti à toi Imogen.

On en parle

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5
The Wire ! Ma série cultissime ! N’ayons pas peur des mots ! Ni des points d’exclamation ! Au risque d’écorner l’image d’intello que peut donner mon blog : livres et films plutôt « art et essai » (désolée je n’ai pas ri au « Chti »), j’avoue ou plutôt je dévoile que je suis une fan des séries TV. Je le suis devenue quand j’ai pu les regarder en DVD, et dans leur langue d’origine. Avec les sous-titres, hélas ! Quand je connais un épisode presque par cœur, je mets les sous titres en anglais.

Pour « The Wire », je ne peux le regarder qu’avec des sous-titres en français : 80 % des personnages parlent l’argot des quartiers en difficultés de Baltimore et à mon grand regret je ne comprends rien. On perd d’ailleurs un des charmes de la série : les jeux sur les expressions et les accents. Entre eux, ils se reconnaissent de Baltimore-Ouest et Baltimore-Est.

La série comporte cinq saisons, chacune d’entre elle se centre sur une des grandes difficultés des grandes villes américaines :

  • La saison 1 : la création d’une cellule avec des policiers qui vont essayer d’être intègres face à la drogue.
  • Saison 2 : la fin de l’ère industrielle traditionnelle, ici la fin de l’activité portuaire.
  • Saison 3 : la corruption politique.
  • Saison 4 : l’éducation.
  • Saison 5 : les difficultés de la presse écrite.

Loin des séries où on voit des policiers intègres réussir à tous les coups à mettre le méchant hors d’état de nuire. « The Wire » colle au plus près de la réalité policière, si chaque saison a bien pour thème une enquête , celle-ci se déroule en 12 épisodes et quand elle est résolue c’est souvent par le hasard et le travail de fourmis des enquêteurs beaucoup plus que par le grand coup de géni d’un policier hors du commun. Évidemment, il n’y a pas de gentils par contre, il y a des vrais méchants qui font très peur. La façon dont est traitée la réalité de la grande ville américaine est passionnante, j’ai été très touchée par l’évocation du lycée en zone sensible.

La réussite vient de la complexité aussi des personnages secondaires, Omar, le vengeur solitaire, Bubbles l’indic drogué, l’horrible Rawls le policier corrompu et brutal. Mais aussi des personnages principaux : aucun n’est totalement sympathique, et surtout pas Mc Nutty le policier qui a un rôle très important dans la série. Sauf peut être Lester le policier intelligent et désabusé et le rédacteur du grand journal de Baltimore. Le seul acteur qui me pose problème, car je trouve qu’il joue mal c’est celui qui incarne Cédric Daniel, du coup son personnage est moins crédible.

En regardant cette série, on l’impression de mieux comprendre les Etats-Unis. On voit aussi les différences et les ressemblances avec notre société en espérant qu’on ne laisse jamais s’installer, en France, une économie parallèle autour de la drogue aussi puissante !

On en parle

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