J’ai lu ce livre dans le TGV entre Paris et Rennes, il a parfaitement rempli son rôle, celui de m’entrainer loin du train et du monde de ce jour là, rien que pour cela il mérite d’être dans mes préférences. Un livre de plus sur le nazisme, mais ceci n’est pas une critique, en tout cas pour moi, car l’intrigue se situe à un moment de l’histoire allemande à propos duquel je me suis toujours interrogée : le moment de la défaite, précisément au moment où les allemands sont encore nazis ou proches du nazisme et où le monde découvre les horreurs du régime. Quand et comment ont-ils changé leur regard sur ce qu’ils ont laissé faire et s’ils y ont participé, comment peuvent-ils survivre après que des jugements moraux leur sont imposés par une défaite militaire.
Le récit par le médecin de l’élimination des malades mentaux est particulièrement insoutenable et assez vraisemblable. Le roman lui-même est assez étonnant, l’intrigue se construit à travers les sensations d’une jeune adolescente complètement perdue et enfermée dans un silence rempli de souffrances et de méfiances , opposé à l’humanité d’un capitaine français. C’est peu vraisemblable mais on se laisse prendre car l’écriture est limpide souvent très belle.
Pour moi l’important n’est pas dans l’histoire mais dans la desciption du sentiment de malaise d’une population qui sait qu’elle a laissé l’irréparable se commettre sur son sol, dans son village. ( J’ai pensé à Semprun et son interrogation sur la conscience des habitants de Weimar tout proche de Buchenwald .)
Citations
La vieille femme prenait soin d’ordonner sans parler, d’un regard dur que percevaient même ceux qui lui tournaient le dos.
Ce peuple avait défié les lois de la pesanteur humaine dans un allègrement fanatique. On ne sentait ni regret, ni peur, ni culpabilité, il était simplement dégrisé, étourdi de n’être rien de plus que les autres, réduit jour après jour à trouver sa pitance. Le Reich millénaire déchu avait fait de ses hommes et de ses femmes de petits rongeurs anonymes surpris par l’hiver sidéral qu’ils avaient eux-mêmes soufflés à leur manière.
On en parle
Livrogne très enthousiaste, plus nuancées les critiques sur Babelio.