Un livre vite lu et certainement vite oublié, je ne comprends absolument pas pourquoi cette auteure mêle sa vie sentimentale à ce récit. J’ai essayé de comprendre, puis j’ai lu en diagonal son histoire d’amour torride avec « P » le séducteur. En revanche, j’ai bien aimé la description de sa famille pied-noir. Le portrait de sa grand-mère est criant de vérité. Cette femme si digne , aux cheveux colorés et permanentés, au visage parfaitement maquillé a raconté à sa petite fille ses souvenirs de « là-bas₩ » c’est à dire de son Algérie natale qui n’a vraiment rien à voir avec le « crime contre l’humanité » dont à parlé un politique. Les Montaya sont des Espagnols pauvres qui ont réussi à fertiliser un bout de terre très aride de la campagne oranaise : Misserghin. Toute la famille a vécu dans le souvenir de ce lieu, et l’auteure décide son père à retourner en Algérie. Elle ne sait pas si elle a raison de l’y entraîner, finalement, il l’en remerciera. Dès que son père s’est retrouvé sur les lieux de son enfance, il s’est senti beaucoup plus à l’aise qu’en France où il a toujours été un homme timide et réservé. Les liens entre l’Algérie et la France, à travers les rencontres que le père et sa fille sont amenés à faire avec des algériens de toutes le générations sont décrits de façons sincères et subtiles cela montre que nous sommes bien loin des déclarations simplistes et polémiques des politiques sur ce sujet.

 

Citations

La mémoire de mon père m’impressionne. Celle d’Amin, me stupéfie. Ce n’est pas celle d’un garçons d’une trentaine d’années qui aime avant tout s’amuser et dont le caractère a priori joyeux n’a rien de nostalgique. En aucun cas il ne peut s’agir de ses propres souvenirs, on les lui a transmis. Il a reçu l’Algérie française en héritage, comme moi.

 

 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Édition STOCK

Après « le roi disait que j’étais le diable » voici donc la suite de la vie mouvementée d’Aliénor d’Aquitaine. Elle n’est plus la Reine de France , ni l’épouse du trop sage et trop pieux Louis VII, mais elle est Reine d’Angleterre et l’épouse du fougueux et cruel Henri Plantagenêt. « La révolte » dont il est question ici, est celle qu’elle a fomentée avec ses trois fils pour reprendre à Henri le trône de l’Angleterre. Cela lui vaudra d’être emprisonnée pendant quinze ans dans des donjons britanniques très « inhospitaliers » (En période de confinement, elle aurait peut-être eu des conseils à nous donner !). Mais elle en sortira et soutiendra ses fils qui ne cesseront, eux, de se faire la guerre. C’est une période incroyablement violente, trop pour moi c’est sûr et je n’arrive pas à voir dans Aliénor d’Aquitaine une féministe lettrée que l’auteure veut nous présenter. C’est une femme de pouvoir cruelle et calculatrice et rien ne l’arrête quand elle veut étendre son influence. En revanche, je suis prête à croire au portrait de Henri Plantagenêt, un homme d’action violent et déterminé. Le roman se présente comme un long monologue de leur fils Richard (Cœur de Lion) qu’il adresse à sa mère. Si cette période m’intéressait, je crois que je préférerais lire l’oeuvre d’un historien, je sens trop dans ce récit l’envie de l’auteure de présenter Aliénor comme une femme moderne « féministe ». Cela n’enlève rien au style très alerte de cette auteure mon peu de goût pour ce roman en dit beaucoup sur mon dégoût des scènes de batailles successive où on embroche, on viole, on assassine allègrement.

 

Citations

Tout oppose le roi de France, Louis VII à Aliénor

Blois s’apprêtait à fêter les Rameaux. Ma mère se réjouit. Durant ces années de mariage, au côté d’un Louis si pieux, son sang d’Aquitaine a failli s’assécher. Il réclamait la foule, la musique, les façades décorées. Il était malade de calme. Mais demain, ma mère se glissera au milieu des rondes et boira du vin.

Une belle tempête

 Les marins implorent le ciel, les yeux mouillés de pluie. La mer joue avec le vaisseau comme une balle. Les vagues se dressent, s’abattent et balaient le pont telle une langue blanche surgit des tréfonds . On tombe, s’agrippe, on disparaît. Un marin hurle. Il se balance le long de la coque, son pied coincé dans un cordage la tête en bas. Des lames d’eau frappe sa silhouette, il agite les bras puis devient pantin mou, renversé, qui fait de grands allers-retours au bout de sa corde, et ce mouvement répond à la danse des tonneaux sur le pont qui roulent d’avant en arrière. Autour, dans la vapeur grise, on ne voit rien, mais tout est bruit. On jurerait que le vent ricane, le ciel rugit de joie. Le bois grince tant qu’il semble crier, la coque résonne des hennissements affolés des chevaux. La cale du bateau inondée, recrache les outils des charpentiers. Il faut éviter l’avancée fulgurante des scies, invisible dans les remous, ainsi que celles des clous. À la proue, les bannières tordues de vent rappellent la trace dérisoire d’un prestige. Soudain les nuages s’écartent et découvrent une lune pareille à un œil blanc et fixe. Chacun se tait, figé dans cette clarté sinistre. Puis les brumes se referment comme une bouche, l’obscurité tombe et la tempête reprend.

Genre de scènes « sympathique »

Nous contourneront l’abbaye de Fontevraud que certains voudraient piller, j’entends les mercenaires comparer cette abbaye à une orgie car elle est mixte, hommes et femmes y vivent ensemble, « de quoi se régaler l’heure des messes », ricanent les hommes. Mercadier essaie discrètement de les faire taire. Trop tard. Je remonte les rangs. Le plaisantin est facile à repérer. Il transpire. Je prends le temps de l’observer, puis de sortir mon épée. Elle glisse lentement le long de sa tante ruisselants. D’un seul coup, elle coupe son oreille. Le mercenaire hurle et se plie sur son cheval. Je tourne bride en veillant à ce que les sabots marchent sur l’organe sanglant. Je reprends ma place devant les troupes. Piller Fontevraud ! Ces guerriers ignorent donc que ma mère veut y être enterrée ? Il est hors de question d’y toucher.
 Je lance le départ. Ille chevaux s’ébranlent derrière moi. Ce grondement est une sève, rage et joie mêlées. Mercadier exulte. Un chant monte en puissance.
J’aime quand les coureurs
 Font fuir gens et troupeaux
Et j’aime quand je vois après eux
Venir les venir les gens d’armes…
 Mon épée cogne ma cuisse à chaque foulée, battements d’acier qui rythme ma vie, Au son d’un air gaillard repris par des ogres.

Les souvenirs d’une reine enfermée pendant quinze ans

 Mais je ne dois pas me laisser distraire. La mémoire est un soldat aux jambes maigres et infatigable. Elle attaque la nuit. Inutile de la fuir. Elle grimpe vos murs et rampe sous vos portes. Elle agit sans haine, avec la lenteur sereine de celle qui connaît ses droits. Qu’importe que son scintillement ressemble au robe des fées. Le dormeur, lui, ne peut plus bouger, et se sent gagné par le froid.