Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque, Thème littérature francophone canadienne.

 3
Je dois dire que j’ai une grande tendresse pour cet auteur et tout de suite après que ce n’est pas son meilleur livre. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il a toujours une façon légère de dire les grandes tragédies qui ont traversé sa vie. Il aurait pu faire un livre sur les horreurs du régime d’Haïti qui ne lui ont laissé comme choix que la prison , la mort ou l’exil. Il n’insiste pas , il part dans ce qu’il a justement nommé « sa dérive douce » pour s’adapter à un Canada glacé et où les portes ne s’ouvrent pas si facilement.

Heureusement, il y a les femmes ! Et le corps des femmes. Il décrit avec une grande sensualité ce qui, sans doute, lui a permis de rester en vie au début de cet exil. Il a un sens du portrait bien agréable à lire, il fait vivre devant nos yeux le monde des Québécois pas très riches mais très vivants. Alors des chroniques légères vers un destin d’écrivain. Le livre s’arrête lors de l’achat de la machine à écrire. Comme lui, je pense qu’il a plus d’avenir là que comme ouvrier, pourtant il a essayé et il est tout surpris de se rendre compte que son départ de l’usine n’a étonné personne.

 Citations

Sens du portrait

Il me présente enfin, Jenny sa petite amie, pâle et maigrichonne.
L’impression de serrer une main d’enfant tout en captant au fond de ses yeux un esprit aussi vif u’un rasoir. Je connais ce genre de nana qui ne dit pas un mot en public mais dont l’opinion en privé est décisive.

Lui et les femmes

On était dans le lit Julie et moi à regarder un documentaire sur la fidélité chez les castors (je précise tout de suite que ce n’était pas mon choix). Le zoologiste, qui a passé toute sa vie à étudier la question, racontait que cette fidélité va à un point tel que si le mâle est stérile sa compagne choisira de ne pas procréer. J’ai tout de suite su que cette histoire allait réveiller quelque chose chez Julie.

– Prends ton temps, me dit Julie, je ne suis pas pressée, tu vas m’expliquer pourquoi tu aimes toutes les femmes ?

Je regarde sa main qui s’ouvre et se ferme.

– Je t’écoute, me fait-elle avec cet air buté qu’elle prend pour parler de son père.

 Je jette un coup d’œil par la fenêtre et me perds dans la contemplation d’une famille de nuages, en balade dans le ciel rose de fin de soirée. Julie s’est rhabillée en silence. Je l’entends partir. Je n’ai rien fait pour l’arrêter. Dans de pareils moments je reste toujours figé. Elle n’a pas claqué la porte. Une telle maîtrise de soi nécessite au moins cinq générations d’apprentissage.

On en parle

D’une berge à l’autre qui comme moi aime beaucoup cet auteur.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque.
Proverbe yiddich qui se vérifie dans le roman :

Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut pas en revenir.

3
Je suis passée sur Babelio et j’ai vu que ce roman était encensé par le monde des blogs. Donc je suis un peu mal à l’aise car je vais commencer par quelques critiques. Certains procédés de styles sont difficilement supportables. Kaine Tuil utilise/use/abuse/ me soûle avec les slashs , j’ai failli refermer le livre. Mais j’aurais eu tort : on s’habitue à tout. Elle a découvert également un « truc » qui l’amuse beaucoup . Les notes en bas de page , à propos de personnages secondaires qui ne font que passer dans l’histoire.

L’histoire est très complexe, tout repose sur un trio amoureux qui tourne mal. Autant les deux personnages masculins, Samuel et Samir sont intéressants, autant le personnage féminin, Nina,est complètement vide. Elle est belle, voilà tout.
C’est quand même pas beaucoup. On ne sait qu’une chose d’elle , elle n’a pas osé quitter Samuel pour Samir qu’elle aime car Samuel a essayé de se suicider en apprenant son départ.

Est ce là tout ? Non, car ce roman brasse toute notre époque et décrit de façon pertinente certaines de nos difficultés. Par exemple ce que dit Samir sur sa difficulté à intégrer le monde des avocats d’affaire en tant que jeune arabe musulman est crédible. Cela va l’amener à mentir sur ses origines , d’un petit mensonge du début : Samir va se changer en Sam et se forger peu à peu, une identité juive. J’ai beaucoup apprécié que cette auteure qui visiblement connaît bien ce milieu n’en reste pas à de vagues jugements anti- racistes simplistes.

À la fin du roman Samir (Sam) aura la surprise de voir que le cabinet d’avocat qui l’avait embauché sur sa fausse identité juive, vient de recruter un jeune Soufian arabe et musulman sur ses qualités intellectuelles. La réussite de Sam ,mari d’une très riche héritière juive de New York va se transformer en cauchemar le jour où son demi frère refait surface de sa banlieue parisienne. La fin est inattendue et bien imaginée.

Donc, un roman qui a plu mais qui ne m’a pas passionnée. Je l’ ai lu peut-être un peu rapidement car je voulais le rendre assez vite pour que d’autres lecteurs du club de lecture puissent se faire une opinion.

Citations

Le truc des notes en bas de page et les slashs

Ils se retrouvent autour d’une table en Plexiglas noir placée devant la piste de danse, un seau à champagne attire des pétasses blondes/brunes/rousses. Dès filles° nues s’enroulent autour de rampes lumineuses

° Charlène et Nadia,23 et 25 ans. La première rêvait de devenir danseuse classique. La seconde avait longtemps été professeur d’aérobic avant d’ être embauchée dans ce club sur l’insistance de son compagnon Bruno Benchimol dit BB. A ses parents, elle avait dit qu’elle travaillait « dans l’événementiel »

Les arabes et les juifs

La vérité, c’est que les Arabes se sentent humiliés et les juifs persécutés.
La vérité c’est que les Arabes réagissent encore comme si on cherchait à les coloniser et les juifs comme si ils risquaient toujours d’être exterminés.

 On en parle

sur Babelio et »blablamia » avec qui je suis en grande partie d’accord

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque, thème littérature canadienne française.

4
Quel livre ! J’ai toujours su que je le lirai. Toutes les personnes qui m’en avaient parlé m’en avaient donné envie. Et puis…. le temps passait. Si l’un ou l’une d’entre vous ne l’avez pas pas encore lu , précipitez vous. Ce livre est dans toutes le bibliothèques , j’en suis certaine.

C’est une oeuvre autobiographique, Denise Bombardier est née au Québec et est élevée dans une foi catholique qu’on peut qualifier de très intense qui frise parfois l’obscurantisme et la bêtise absolue. Pendant cette lecture, je me disais que tous les croyants devraient lire ce livre pour comprendre comment des conduites aussi absurdes qu’inquisitrices peuvent produire exactement le contraire de l’effet escompté. Et pourtant, cette petite fille a mis toute son énergie pour devenir la plus parfaite des petites catholiques. Seulement voilà, elle avait aussi une grande envie de vivre et de s’instruire.

Alors patatras, une injustice de plus, une remarque encore plus absurde que la précédente et d’un coup elle a tout rejeté. Ce qui fait la force de ce témoignage , c’est qu’elle se souvient bien à quel point elle a cru et participé de tout son coeur au bourrage de crâne des sœurs qui, en plus de lui inculquer la religion catholique, l’amenaient à mépriser celles qui étaient moins en réussite qu’elle.

Ce qui est amusant c’est que l’ensemble du Québec a rejeté ces formes de religiosité ,Denis Bombardier n’a été en somme qu’une précurseur(e) d’un mouvement beaucoup plus général d’émancipation.

Citations

Drôle de sentiments de charité chrétienne (« les queues » sont la mauvaises élèves)

Lorsque, en préparant nos âmes, avant la confession bimensuelle, Mlle Tremblay nous demande : « Avez-vous aimé votre prochain comme vous-même ? » il ne me viendrait jamais à l’esprit de me sentir coupable de mon attitude odieuse à l’endroit des pauvres « queues ». Le prochain, ce sont mes égaux, elles sont mes inférieures.

Les gens instruits

 On se méfiait des gens trop instruits.Ils faisaient peur. Seuls échappaient à cette règle les médecins, les avocats et et les prêtres, qui incarnaient les trois besoins fondamentaux du Québec d’alors : se faire soigner si l’on est vraiment malade, pouvoir se défendre si l’on est attaqué, et sauver son âme pour s’assurer une vie meilleure dans l’au-delà. C’est pourquoi Maurice Duplessis avait tant de succès auprès des foules lorsqu’il lançait sa petite phrase : « L’instruction, c’est comme la boisson forte, y en a qui ne supporte pas ça. ».

 La foi

Mgr Léger, archevêque de Montréal , réussit à « mettre le Québec à genoux » , selon sa propre expression . Il devint la vedette du Chapelet en famille diffusé chaque soir à la radio . La cote d’écoute de l’émission battit tous les records et, en survolant le Québec à cette heure , on pouvait entendre durant quinze minutes le murmure d’un peuple entraîné par son pasteur vers le refuge sacré du sein de la Mère des mères.

On en parle

J attends vos réactions pour mettre un lien votre blog car je n’ai rien trouvé sur Babelio.

Traduit de l’anglais par Fernande DAURIAC
Lu grâce à la recommandation de mon libraire préféré.

Voyager c’est découvrir que tout le monde a tort.

5
J’espère que mon libraire n’attend pas avec impatience mon article sur Luocine car cela fait quelque temps que je trimbale ce livre dans tous mes déplacements… Sans jamais m’y mettre , mais, lorsque je l’ai commencé, j’ai compris son enthousiasme. C’est un livre à recommander à tous les voyageurs.

En voici le principe, à chaque fois qu’Aldous Huxley arrive dans un lieu, il nous en fait une description précise et rien que pour cela , ce livre mérite d’être lu. Aldous Huxley n’est pas qu’un observateur c’est aussi un penseur critique sur l’organisation sociale et comme le titre l ‘indique un authentique septique. J’ai savouré ses descriptions. Celle de Bombay est très drôle l’énumération des différents style d’une ville qui a été construite entre 1860 et 1900 est inoubliable :

On passe du « style gothique vénitien » au « style ornementé français du quinzième siècle » en passant par le « style gothique du quatorzième siècle » et pour finir « le style moyenâgeux de Mr Trubshawe » et comme le rajoute Aldous Huxley avec son humour si britannique : « Mr Trubshawe resta prudemment imprécis. » Cet auteur m’a sidéré par la modernité, la pertinence et parfois la profondeur de ses propos. Son livre est publié en 1926, et la partie la plus intéressante et la plus longue de son voyage se situe en Indes.


Il passe ensuite en Malaisie, en Chine, au Japon, aux USA, et revient à Londres. C’est une époque où, un Anglais aux Indes est amené à s’interroger sur la supériorité, ou la soi-disant supériorité, des valeurs du colonisateur par rapport à celles du colonisé. Bien loin de simplifier les situations, il nous entraîne à chaque fois dans une réflexion qui nous étonne. Je prends un exemple, il est amenée à faire une promenade à dos d’éléphant, il explique d’abord ce que représente un éléphant pour un homme important à Jaipur, puis avec un humour très britannique décrit ce mode de transport, 

au risque de paraître ingrat, je dois reconnaître que, de tous les animaux que j’aie jamais montés, l’éléphant est de beaucoup le plus inconfortable.

Suit une explication précise de l’inconfort. Comble de l’horreur, ce jour là l’éléphant se soulage. Une pauvre paysanne se précipite pour recueillir les excréments du royal animal.

Première remarque sur les différences de statuts

elle nous donna du Salaam Maharaj, nous octroyant dans sa reconnaissance le titre le plus pompeux qu’elle pût trouver

Il continue sa réflexion et après sa gène, d’être aussi nanti, il finit par conduire sa réflexion sur l’utilité de recycler les excréments. Et voici sa conclusion :

« Notre œuvre , quand on la compare à celle des vaches et des éléphants, est remarquable . Eux, font, de façon automatique , du fumier ; nous, nous le recueillons et en faisons du combustible. Il n’y a pas là matière à déprimer ; il y a là de quoi être fiers. Pourtant , malgré le réconfort de la philosophie, je restai songeur. »

Trois pages de réflexions sur les excréments d’éléphant .. nous laissent un peu songeur mais très amusés également !
A son arrivé à Manille, il est sollicité par la presse, il réfléchit alors sur ce qu’est la notoriété et il se scandalise d’être plus sollicité par les journalistes parce qu’il est un écrivain déjà célèbre. Il se dit que s’il avait été un scientifique dont les recherches pourraient être très importantes pour l’avenir de l’humanité, il aurait été beaucoup moins connu.
Je me suis alors demandé ce qu’il penserait de notre époque ou une jeune femme devient célèbre pour avoir dit « Allô quoi «  !

J’ai moins aimé ses descriptions et ses remarques sur les USA, pourtant ça commençait bien avec la description de la publicité pour une entreprise de pompes funèbres qui est vraiment très drôle !

Un livre à déguster et qui vous surprendra !

Citations

philosophie du voyageur

En voyage vous perdez vos convictions aussi facilement que vos lunettes, mais il est plus difficile de les remplacer.

 Un septique

Bien des matériaux pourraient, sans inconvénient pour personne, être laissés là où ils sont. Par exemple, ces molécules d’encre que je transporte si laborieusement de leur bouteille à la surface de mon papier.

 La vie des colons

En discutant avec des Européens qui vivent et travaillent en Orient, j’ai constaté que, s’ils aiment l’orient ( et c’est le cas de la plupart) , ils l’aiment toujours pour la même raison. Là , disent-ils un homme est quelqu’un : il a de l’autorité, il est considéré ; il connaît tous les gens qui comptent, on le connaît . Dans son pays le même homme est perdu dans la masse, ne compte pas, n’est personne.

 Solutions à propos de la puanteur des gens trop pauvres pour se laver

Comme remède, Tolstoï nous suggère de puer tous ensemble. D’autres réformateurs souhaitent améliorer la situation économique pour que tout homme puisse prendre autant de bains chauds et changer de chemise aussi souvent que les privilégiés d’aujourd’hui qui ne puent pas. Personnellement, je préfère la seconde solution.

Valeurs humaines des Indiens

Car les Indes ne sont pas le berceau des sentiments humanitaires. La vie d’une vache, il est vrai, y est respectée, mais non la vie d’un homme.

 Dieu

Le fait que les hommes ont eu sur Dieu des idées absurdes et évidemment fausses ne justifie pas notre effort pour éliminer Dieu de l’univers . Les hommes ont eu des idées absurdes et fausses sur presque tous les sujets imaginables. Ils ont cru , par exemple que la terre était plate et que le soleil tournait autour d’elle. Nous n’en concluons pas que l’astronomie n’existe pas.

 Enfin voici ma préférée

Voyager c’est découvrir que tout le monde a tort.

Les philosophies, les civilisations qui, de loin, vous semblent bien supérieures à la vôtre, vues de près sont toutes, à leur façon , aussi désespérément Imparfaites. Apprendre cela -et cela ne s’apprend qu’en voyageant- mérite, il me semble, toute l aa peine, toute l’absence de bien-être , et tous le s frais d’un tour du monde.

On en parle

On en parle peu voici un blog où j’ai trouvé un avis qui rejoint un peu le mien : Le pas grand chose

 Coup de coeur du club de lecture de la médiathèque

3
Présenté comme un roman pour ado, mais plutôt pour adulte, à mon avis. Un jeune américain venant d’un village arriéré de l’Illinois à la population abrutie par la méchanceté et l’alcool , part faire la guerre du Vietnam. L’armée découvre qu’il ne connaît pas le sentiment de peur, il sera donc recruté par la CIA pour ses basses besognes. Le personnage ne se sent jamais impliqué par les aventures qu’il est amené à vivre . Il fait un peu penser à Forrest Gump, il lui manque quelque chose , et cet éloignement du réel lui permet de voir le fonctionnement de son pays sans aucune bienveillance.

On voit donc à travers Bibow Bradley les actions les plus sombres de la CIA. Autant quand les américains le font, je suis intéressée autant quand c’est un français , je n’ai pas le même plaisir de lecture. Dans ce roman , c’est sans aucune nuance, les US sont vraiment le grand Satan que tant d’autres décrivent. On est pris par ce roman au rythme rapide, car ce personnage tel un autiste essaie de comprendre le monde , il lui manque les clés habituelles comme l’attirance, la compassion, la peur. Il faut donc l’initier aux différents sentiments, mais on utilise d’abord ses capacités pour en faire un tueur redoutable .

J ‘ai une réserve sur le côté, critique violente de la politique anticommuniste de la CIA lors de la guerre du Vietnam, mais en lisant les avis sur Babelio, je vois que je suis bien la seule à m’être étonnée de cet aspect du roman.

Citations

L’Illinois profond

Les crétins des p’tites villes américaines sont pas très doués en géographie, en général . Faut dire que par chez nous, quand on entend parler d’un pays , c’est qu’on est en guerre avec.

 En 1954

En mai, la France se « fait baiser par les Viets ! ! ! ».
Mon grand père commente : »connards de Français d’merde. Déjà qu’i z’ont pas pu s’débarrasser des boches tout seuls ! »

 On en parle

Un nouveau blog qui insiste beaucoup sur l’aspect humoristique du roman dont je n’ai pas assez parlé, il est vrai.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque , thème le voyage. 

4
Et … Quel voyage ! L’écrivain explique, dans l’avant dernier chapitre, la genèse de ce roman historique. Cette épopée incroyable a, pour déclencheur, des faits authentiques,Michel Gardère en avait trouvé témoignage dans un petit livre qu’il a malencontreusement perdu et , malgré ses efforts désespérés , il n’en a, hélas ! retrouvé aucune trace mais en revanche, il a lu tout ce qui se rapporte à cette histoires qui est donc, en grande partie, véridique.

Des Arméniens vivant en Perse , dans un petit village chrétien, Khosrew Abad , sont réduits à la misère car ils ne peuvent plus faire face aux impôts levés par le Shah. Ces impôts sont exigés pour payer les dettes de la guerre perdue contre la Russie en 1828. Les villageois sont au bord de la faillite et risquent de se voir chasser de leur village , leurs biens confisqués,leurs femmes envoyées dans des bordels et les hommes en esclavage. Trois hommes entreprennent un périple incroyable pour se rendre à Paris afin d’y retrouver un ami du vendeur de chevaux qui lui avait parlé de la patrie des droits de l’homme et auprès de qui il pense trouver de l’aide.

Chahèn, le vendeur de chevaux espère retrouver son ami en France et ainsi sauver son village. Plusieurs sources attestent de ce périple et aussi de l’élan de solidarité de la part des catholiques français pour sauver ce petit village. Hélas ! un travail d’historien , montre que, si l’argent a bien été récolté , il s’est perdu dans les différentes rouages des églises orientales. (Décidément ce n’est pas d’aujourd’hui que l’argent des causes humanitaires sert surtout à faire vivre les organisations plutôt que de soulager les gens victimes des catastrophes).

L’écrivain fait revivre dans ce roman trois personnages haut en couleur et retrace leur périple. On sent une jubilation dans l’écriture et on sent aussi le plaisir de Michel Gardère qui doit être un conteur plein de vie. L ‘écriture est fleurie et très moderne , on a parfois l’impression de lire des romans de cap et d’épée , ou encore du Rabelais à la sauce Zevaco. Cela pour dire que j’ai eu un peu de mal avec le style mais qu’il ne faut pas s’arrêter à des formules toute faites et quelque peu anachroniques du genre :

Plate comme le pays de Jacques Brel sans ses canaux, mais avec ses canards , la steppe offrait pour seul obstacle à la monotonies des petits monticules de terre qui surgissaient de proche en proche.

On est emporté par la verve du conteur et on est bien dans cette histoire qui nous permet de visiter des contrées lointaines dans l’espace et dans le temps. Ah oui, vous vous dites que de Perse à Paris surtout à pied ça prend du temps ! Mais vous êtes loin du compte , nos trois compères veulent absolument avoir la bénédiction de la plus haute autorité ecclésiastique de leur mouvance religieuse . Les Arméniens sont plus proches des orthodoxes que des catholiques, alors avant de rejoindre Paris il leur faudra passer par les principaux lieux de ferveur religieuses : Salmas, Erevan, Odessa, Kiev, Moscou, Saint Pétersbourg … Ce n’est pas le chemin le plus direct , mais c’est celui que leur foi les oblige à prendre. Enfin bénis et bien fatigués ils peuvent se rapprocher de Paris.

L’auteur a créé un trio , très sympathique , entre Chahèn, le sage septique qui perd peu à peu confiance dans les valeurs de la religion , le colosse Bartev qui impressionne tout le monde par sa force et son courage , et donne des complexes à ses deux compagnons parce que chez lui tout est plus grand que chez les autres (oui même les parties intimes de son anatomie !), Gaïdzag le jeune voleur avide de tout savoir .

La vie de tous les jours entre ses trois compères est faite d’amour et de fidélité et les aventures se succèdent à un bon rythme, on ne s’ennuie pas , on s’amuse très souvent.

 Citations

le féminisme religieux

Si la femme était bonne à quelque chose, Dieu en aurait une auprès de lui.

 Les comparaisons de zizis

Les deux autres pèlerins frileux découvrirent avec beaucoup de surprise -à dire vrai de stupéfaction- que le géant ne l’était pas que par la taille. Tout chez lui était démesuré. Tout. Même en sortant de l’eau glacée. Sans se concerter, ils décidèrent qu’ils ne se laveraient que le haut du corps, jusqu’à la taille. En trempant la main dans l’eau et en la frictionnant sous leur bras et sur leur ventre. Le reste -et singulièrement leur virilité- attendrait bien un jour ou deux.

 Réflexion pleine de sens

Quand les sens partent dans tous les sens , la vie prend du sens , mais on perd le sens de la vie.

 Les Kurdes et l’éternel humain

Des bandes de brigands kurdes menaçaient souvent les convois mais ne prenaient jamais de risque s’ils étaient escortés. Délicieux paradoxe : bien souvent la garde se composait exclusivement de Kurdes provisoirement rangés.

 Le pari pascalien

Si Dieu n’existe pas , je peux évidemment faire ce que je crois juste. Mais s’il existe et que les catholicos est vraiment son porte-parole, je cours un risque personnel , ce qui n’est pas bien grave, mais j’en fais courir un bien plus terrible à mes compagnons et à mon peuple. Et je n’en ai pas le droit . C’est sur cette terrible dualité du doute que l’Église- toute les Églises- a bâti son message et sa force. Je ne peux pas démontrer que Dieu est une invention de l’homme , mais je ne peux pas non plus prouver qu’il n’existe pas.

Une formule amusante

Fuir , c’est prendre son courage à deux pieds.

On en parle

un nouveau blog « une pause livre« 

 Traduit de l’allemand par Olivier MANNONI

1
Une énorme déception, j’ai fini par lire complètement en diagonal les derniers chapitres. Pourquoi suis-je allée vers ce roman, parce que « Small World » du même auteur,est pour moi un excellent roman. Il y avait tout dans ce roman, l’intensité d’un polar, une réflexion sur la société et les difficultés d’un être en prise avec un Alzheimer débutant. Et j’avais également beaucoup aimé « le cuisinier« . Et là rien, sauf une lenteur et une prétention à propos des réflexions sur le temps ! Le scénario à peine digne d’un mauvais atelier d’écriture, un vieil homme obsédé par la mort de sa femme veut remonter le temps.

Comme le temps n’a pas de réalité, que seuls le vieillissement et les transformations sont tangibles, il va embarquer le narrateur qui a, également, perdu sa femme (assassinée devant chez lui) dans une reconstitution à l’identique de la journée d’avant la décision qui a entraîné la mort de sa femme.

Et voilà , le roman, il faut retrouver dans les moindres détails la journée où le vieil homme va accepter d’aller au Tibet avec son épouse et non pas en Afrique où celle-ci attrapera une malaria mortelle. Et là vraiment c’est d’un ennuie mortel : il leur faut mesurer chaque plante, chaque portion du paysage de leur rue… En même temps notre narrateur recherche l’assassin de sa femme, et surprise, ce n’est pas la mauvaise piste sur laquelle nous étions au début, et puis surprise finale.

Non , je ne vous en dit pas plus lisez le, si vous voulez, et sachez que cet écrivain mérite beaucoup mieux que ce roman.

On en parle

Sur Babelio avec plein de critiques positives.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/413oiod0F9L._SL500_AA300_.jpg

3Dans une autre vie , je n’ai manqué aucune des émissions de cet animateur grand amateur de livres. J’ai toujours apprécié qu’il sache faire la différence entre lui, qui faisait découvrir les auteurs, et ceux qui créaient la littérature.

Je le trouvais bienveillant et sa curiosité toujours en éveil. Alors, quand sur les rayons de ma « pauvre » bibliothèque en cours de déménagement, j’ai trouvé son roman, je n’ai pas résisté. On retrouve bien l’impertinence et le sens du plaisir de l’animateur de télévisions, à travers toutes les questions que le narrateur ne cessent de poser à tout le monde. Le procédé est parfois fatigant mais je n ‘oublierai pas certains passage, et comme lui, je me sens parfois une frustrée de la vie quand je n’ai pas su poser le bon « pourquoi ? » au bon moment. Je trouve terrible son histoire d’amour avec Douchka , j’ai eu envie que celle-ci se reconnaisse et lui laisse un message pour lui expliquer sa soudaine froideur.

J’ai souri à son récit de confession. Ce n’est pas un grand livre, mais assurément un bon moment de lecture. Les questions à Dieu sont très drôles et parfois émouvantes.

Citations

la justification absolue du questionneur

C’est simple : au paradis on répondra à toutes vos questions ; en enfer, on ne répondra à aucune.

 Questions au Seigneur, question sérieuse

Seigneur, qui sont les auteurs et les commanditaires de la fusillades antisémite de la rue des Rosiers, Paris VI, le 9 août 1982, qui a fait six morts et vingt deux blessés ?

Curiosité personnelle de l’auteur

Seigneur, qui est l’honnête et discrète personne qui , le 23 septembre 1985, a glissé sans un mot, dans ma boîte aux lettres avec argent et papiers, mon porte-feuille que j’avais perdu quelques heures plus tôt dans la rue ?

Question que je ne me suis jamais posée

Seigneur, chez les hyènes tachetées, – et seulement chez les tachetées-, pourquoi la femelle est-elle plus grosse et plus agressive que le mâle- ce qui est rare chez les mammifères- et pourquoi est-elle pourvue d’un clitoris géant par lequel naissent ses petits ?

On en parle

Liratouva

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque, thème le voyage.
Traduit de l’italien par Carole Cavellera.

2
Les hasards sont étranges, je lis ce livre et en même temps, j’entends une émission consacrée à Malaparte. 
Personnalité ambiguë , l’émission m’a donné envie de relire ses œuvres plus connues. Je ne peux pas dire que j’ai été conquise par ce court roman. Et je me demande bien pourquoi il a été choisi pour participer au club de lecture sous le thème « voyage ».

Il s’agit surtout de la guerre et de la désorganisation des troupes confrontées à la défaite. Voici l’histoire : un soldat ramène le cercueil de son capitaine à sa famille à travers une Italie en déroute. La quatrième de couverture parle « d’un portrait tout en finesse du peuple italien, capable des pires bassesses mais aussi plein de courage et de générosité. ».

Le roman ne fait qu’une centaine de pages donc très court et sans grand intérêt et il faut tout la bienveillance d’un éditeur pour dire que c’est « un de ces inédits dignes de figurer aux côtés des plus grandes œuvres de leur auteur ». Le soldat a promis à son capitaine de ramener son corps à Naples , il va le faire , on se demande bien pourquoi. Au lieu de se rendre , puisque le combat était perdu d’avance, ce capitaine a fait tuer dans des combats pour l’honneur la moitié de ses hommes.

On a du mal à comprendre que ce brave soldat soit si attaché à son officier. Mais, avec ce que j’ai entendu de Malaparte , j’ai pensé que cela correspondait à son idéologie : un brave paysan rustre mais honnête, qui se charge du corps de son capitaine appartenant à la vieille noblesse italienne. Sur son chemin, il rencontre d’abord une jeune orpheline éprise de liberté, mais qu’il sera incapable d’aider, puis une femme dont il va tomber amoureux.

On retrouve dans les descriptions des personnages , l’ambiance des films néoréalistes de l’après guerre en Italie. Ce sont souvent des femmes courageuses qui s’opposent aux truands mais elles doivent avant tout trouver du travail pour nourrir leur famille. Il y a un passage très cinématographique , où Mariagiulia administre une claque superbe à une mère maquerelle , et où les macs ne peuvent pas s’opposer à la fuite des jeunes femmes qu’ils avaient déjà recrutées pour leur sale trafic.

Je me demande bien ce qu’en penseront mes amis du club… (vous avez remarquez le masculin , et oui avec la nouvelle médiathèque , un homme a rejoint le club !).

Citations

Au début

Ce sont des hommes simples, honnêtes, et bien qu’ils pressentent que tout est perdu, inutile, qu’il n’y a plus rien à faire , ils ne renoncent pas à leur devoir .

À la fin

 Invoquant la Madonne et tous les Saints, avec cette forme de piété collective qui à Naples est le signe le plus noble, le plus spontané , de la solidarité chrétienne et sociale des pauvres.

On en parle

lecture addict où j’ai lu une remarque très intéressante, c’est une ébauche de roman, je pourrai rajouter ou un script de film.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque (thème : littérature canadienne).

3
Je ne connaissais pas cette auteure, pourtant présentée comme un « grand classique » de la littérature canadienne. C’est un roman très agréable à lire , même si (ou parce que !)on a parfois l’impression d’être au pays des « bisounours » ! Tout le monde est gentil et même les méchants sont fréquentables. Ce roman correspond à l’idée que l’on se fait des Canadiens : des gens vivant dans des contrées très isolées dans une nature aussi belle que sauvage, parlant peu , rudes à la tâche et au cœur d’or.

Derrière le côté gentil, se dessine des vrais personnalités , et en lisant ce livre, je me disais que nous, lecteurs d’aujourd’hui,étions davantage attirés par la noirceur et la dureté des rapports humains. Par exemple, le personnage de Bessette qui exploite les trappeurs aurait pu être peint sous les traits d’un infâme avare, certes, il est odieux , mais comme tout le monde doit vivre avec lui , on a l’impression qu’il est préférable de l’accepter comme il est.

Et notre homme d’église qui se donne le rôle de justicier, et qui réussira à faire payer les fourrures à un prix plus juste, s’en voudra d’avoir précipité les hommes des bois dans un alcoolisme encore plus violent qu’auparavant (du temps où Bessette les exploitait outrageusement). J ai été émue par le passage où Luzina se rend compte que l’éducation qu’elle a tant voulu donner à ses enfants les a conduits à s’éloigner définitivement de son mode et de son lieu de vie.

Un roman sympathique , bien loin des difficultés de notre société actuelle, un bol de grands espaces peuplés de gens gentils.

 Citations

Portrait d’un taiseux

Dans un pays où on était souvent silencieux, faute d’avoir du nouveau à commenter, il détenait le record de la taciturnité. Il passait pour avoir mené ses affaires, accepté des commissions, rendu service, accompli son devoir de facteur, fait l’amour, procréé des enfants, tout cela sans avoir prononcé plus d’une dizaine de phrases.

 Un trait de caractère assez répandu

Telle était Miss O’Rorke. Sa préférence morne et accablante allait toujours à ce qu’elle avait perdu, et s’il y avait des coins du monde qu’elle vantait sans répit, c’étaient toujours ceux-là où elle était assurée de ne plus remettre les pieds.

 Un facteur qui a une vision personnelle du progrès

Quinze ans plus tôt , il était arrivé tout fin seul dans ce pays, et il avait pu croire qu’il y vivrait en paix. Personne ne savait écrire et lire dans ces bons temps , et personne n’en souffrait. Le progrès, la civilisation, comme ils appelaient les embêtements, avaient tout de même commencé à les rattraper, petit à petit dans le Nord. D’abord les gens s’étaient fourré dans la tête de recevoir des lettres, des catalogues de magasins. Les catalogues de magasin , voilà à peu près ce qu’il y avait de plus bête au monde ! C’était encombrant. Ça vous bourrait un sac en un rien de temps, et pourquoi, je vous le demande ! Rien que pour vous démontrer que vous auriez maintenant besoin d’un tas de choses dont vous vous étiez parfaitement passé…

On en parle

Livres de Malice que j’ai trouvé sur Babelio.