Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard, thème le Maroc

Lors du mois consacré au Maroc, il se devait d’y avoir au moins un livre de ce grand écrivain à la langue si belle. Ce roman correspond exactement au thème : il raconte la vie d’un travailleur marocain. La vie ou plutôt toutes les vies de ces ouvriers recrutés dans les années 50 dans le bled marocain et qui restent attachés de toutes leurs forces à leur village dont ils sont issus. Mohammed » Limmigré » comme on l’appelle aussi bien au Maroc qu’en France est le sympbole de tous ces hommes qui prennent comme identité le fait d’être « Immigré » c’est à dire coincé en France dans des quartiers où il ne fait pas bon vivre et rêvant de leur village natal où ils ne reviennent que l’été. Ses seuls moments de bonheur sont ceux où ils se sent musulman où il peut faire ses prières et respecter les principes d’une religion qu’on lui a apprise dans sa petite mosquée de son village. Ils sont simples ces principes : « fait le bien autour de toi sur terre et tu iras au paradis pour être heureux, fais le mal et tu ne connaîtras que le malheur dans l’au-delà ». Alors bien sûr, il ne comprend pas grand chose aux versions violentes de l’islam, pas plus qu’il ne comprend ses enfants qui se sont mariés avec des non-musulmans, pour son fils il l’accepte mais pour sa fille il l’a carrément supprimée de sa famille. Toute sa vie, il a travaillé à l’usine et il a aimé ce rythme, se lever tôt, sa gamelle, son retour chez lui avec une femme qui l’a toujours accompagnée. La seule chose vraiment positive de la France qu’il retiendra, en dehors de son salaire régulier, c’est l’hôpital où il est mieux soigné qu’au Maroc et aussi l’éducation que reçoit son neveu trisomique qu’il a adopté pour qu’il puisse bénéficier d’une bonne éducation. Cet enfant sera son vrai bonheur car il est heureux et lui donne toute l’affection que ses enfants n’ont pas su lui témoigner. Mais catastrophe ! voilà la retraite qui arrive alors que faire ? « L’entraite » comme il dit a déjà tué deux de ses amis, plus rien n’a de sens : ses enfants sont loin de lui ; on lui dit qu’il a du temps pour lui, mais il ne sait absolument pas quoi en faire de ce temps. Le romancier part alors dans une fable, qui a sûrement un fond de vérité, Mohammed construit dans son village du bled, avec toutes ses économies une maison énorme et totalement absurde pour réunir toute sa famille. Ce sera finalement son tombeau.

 

Citations

Le nouvel iman

Seul l’imam des Yvelines avait la capacité de citer un verset et de le commenter. Il connaissait le livre par cœur et disait l’avoir étudié au Caire, à la grande université d’zl-Azhar. Peut-être était-ce vrai, personne n’avait les moyens de le contredire. Cet iman était tombé du ciel, personne ne l’avait vu arriver. Il était entouré d’une cour de jeunes délinquants décidés à reprendre le droit chemin. Il les appelait mes enfants. Il avait une grosse voiture, portait de belles tenues blanches, se par fumait avec l’essence du bois de santal et habitait en dehors du quartier infernal.

 

Une observation tellement juste et drôle

J’ai vu à la télé des gens riches, des Françaouis ou Spagnouli qui viennent vivre avec des paysans pauvres, ça les change de leurs immeubles, des voitures et de tout ce que nous n’avons pas ; alors on va vendre le bled, ce sera un village de vacances pour personnes riches et fatiguées d’être riches ; ces gens viendront chez nous pour faire l’expérience du rien.

 

 

 

11 Thoughts on “Au Pays – Tahar BEN JELLOUN

  1. Je n’ai pas lu celui-là, mais je note le titre.

  2. Cet écrivain a une très belle plume.

  3. Pas encore lu cet auteur…

  4. Oui cet écrivain a une belle écriture mais il y a bien longtemps que je ne l’ai pas lu.

  5. il y a longtemps que je n’ai pas lu cet auteur, j’avais été moyennement emballée par certains livres A voir donc

  6. Jamais lu Ben Jelloun. Celui-ci serait parfait pour commencer je crois.

  7. Je constate que je ne suis pas le seul à ne pas l’avoir lu. Surprenant. Je note donc ce titre, le sujet est vraiment intéressant, de même que ton billet.

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