Édition Albin Michel. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Ce roman permet de revivre les,expériences de Charcot à la Salpêtrière. Comme le célèbre tableau d’André Brouillet nous en laisse la trace.
Ce tableau m’a, de tout temps, mise mal à l’aise : je lui ai toujours trouvé une dimension d’un érotisme dérangeant. La femme est très belle, trop dénudée, entourée de regards d’hommes qui se veulent scientifiques. La science n’est très certainement qu’un alibi pour de nombreux spectateurs
 Et cette pauvre femme comment peut-elle guérir de quoi que ce soit quand on sait à quel point l’hystérie tout en ayant des manifestations publiques relève de l’intime.
Bref ce livre avait tout pour me plaire sauf que…. Il est écrit par une jeune auteure qui n’a qu’un but prouver que les hommes de cette époque sont tous des tortionnaires pervers en puissance.
On ne peut nier les méfaits de la société patriarcale et que des hommes aient abusé de leur pouvoir pour interner leur femme ou leur fille a existé, j’en suis certaine. Mais dans ce roman à part le bien pâle Theophile le frère d’Eugènie Cléry l’internée qui parle avec les défunts et dont nous allons suivre l’internement aucun homme n’est positif. Le rôle de Charcot n’est analysé qu’à travers ces séances publiques sur l’hystérie. Aucune allusion aux découvertes sur les maladies dégénératives qui sont pourtant à mettre à son crédit.
En revanche, le regard de l’écrivain sur ces femmes qu’on internait si facilement est très compatissant et sûrement proche de la réalité. Le personnage de l’infirmière responsable du pavillon est aussi très riche et on croit à ce personnage. L’héroïne qui voit et entend les défunts lui parler est touchante, mon problème est que j’ai beaucoup de mal avec le spiritisme. Je ne comprends pas le choix de l’auteure, s’il y avait tant d’internements abusifs dans des familles bourgeoises pourquoi ne pas prendre un exemple qui aurait convaincu tout le monde même ceux qui ne croient pas que les morts viennent parler aux vivants… je cite deux exemples qui hantent ma mémoire l’internement de Camille Claudel et la lobotomie en 1941 de Rose Marie Kennedy qui aimait trop les garçons… ceci dit ce roman se lit facilement et on suit avec intensité le suspens qui monte autour de la possibilité d’évasion d’Eugènie Cléry lors du bal de la Salpêtrière. Le titre vient de cet événement festif qui avait lieu tous les ans à la mi-carême, auquel le Tout-Paris se précipitait pour voir de plus près ces folles que la société avait enfermées.

 

Citations

Une assistante complètement sous le charme du grand patron

Geneviève esquisse un sourire. Chaque fois qu’elle le regarde s’adresser à ses spectateurs avides de la démonstration à venir, elle songe au début de l’homme dans le service. Elle l’a vu étudier, noter, soigner, chercher, découvrir ce qu’aucun n’avait découvert avant lui, penser comme aucun n’avait pensé jusqu’ici. À lui seul, Charcot incarne la médecine dans toute son intégralité, toute sa vérité, toute son utilité.

Deux personnages

Thérèse l’internée Geneviève l’infirmière cheffe

Thérèse est la seule que l’ancienne ne peut contredire. Les deux femmes se côtoient entre les murs de l’hôpital depuis vingt ans. Les années ne les ont pas rendues familières pour autant -concept inconcevable pour Geneviève. Mais la proximité à laquelle oblige ces lieux, et les épreuves morales auxquelles ils soumettent ont développé entre l’infirmière et st l’ ancienne putain un respect mutuel, une entente aimable, donc elle ne parle pas mais qu’elle n’ignore pas. Chacune a trouvé sa place et conçoit son rôle avec dignité, Thérèse, mère de cœur pour les aliénées , Geneviève, mère enseignante pour les infirmières. Entre elles a souvent lieu un échange de bons procédés, la Tricoteuse rassure ou alerte Geneviève sur une internée en particulier ; l’Ancienne renseigne Thérèse sur les avancées de Charcot et les événements à Paris. Thérèse est d’ailleurs la seule avec qui Geneviève se soit surprise à parler de sujet autre que la Salpêtrière. À l’ombre d’un arbre une journée d’été, dans un coin du dortoir un après-midi d’averse , l’aliénée et l’intendante ont parlé avec pudeur, des hommes qu’elles ne côtoient pas, des enfants qu’elles n’ont pas, de Dieu en qui elles ne croient pas, de la mort qu’elle ne redoute pas.

Le rôle des hommes

Mais la majorité des aliénées le furent par des hommes, ceux dont elles portaient le nom. C’est bien le sort le plus malheureux : sans mari, sans père, plus aucun soutien, plus aucune considération n’est accordée à son existence.

La peur de quitter l’hôpital après 30 ans d’internement

Son état général s’était à ce point stabilisé que lorsque le docteur Babinski l’avait examinée hier, il avait décidé aucun signe ne s’opposait plus à une sortie. Ces propos avaient ébranlé l’internée qui avait maintenant un certain âge. La perspective de sortir et de retrouver Paris, ses rues, ses parfums, de traverser la scène dans laquelle elle avait poussé son amant, de marcher à côté d’autres hommes dont elle ignorait les intentions, de fouler ses trottoirs qu’elle connaissait trop l’avait envahie d’une épouvante incontrôlable.

26 Thoughts on “Le Bal des Folles -Victoria MAS

  1. keisha on 9 mars 2020 at 08:15 said:

    Pas trop envie de m’y lancer…

  2. Même déception pour moi, je l’ai trouvé bien fade et n’ai pas accroché du tout à l’histoire du spiritisme. L’infirmière m’a paru trop caricaturale, et son histoire tirée par les cheveux.

  3. J’ai déjà lu bien des restrictions à propos de ce roman (qui a du succès, tant mieux) et comme le spiritisme va m’agacer, c’est sûr, je ne le lirai pas.
    PS Je partage totalement ton avis sur le tableau !

  4. Je passe aussi, tous les billets lus à son sujet expriment des bémols. Sur le même sujet, La salle de bal, d’Anna Hope, semble plus abouti, car moins manichéen..

    • Complètement d’accord. Ton commentaire était parti dans les indésirables, alors que je le désire…

      • Oui, j’ai un souci sur certains blogs depuis deux semaines environ, je suis fichée comme « indésirable », notamment par wordpress… en général, le fait de repêcher un de mes commentaires (merci !) résout temporairement le problème (sur certains blogs, il se reproduit ensuite…).

  5. Le pitch de départ me plaisait beaucoup mais la succession de billets déçus a fini de me détourner de ce roman dont pourtant on continue d’entendre beaucoup parler dans les médias.

    • je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir des réserves. Et oui le point de départ est très intéressant, c’est d’ailleurs pour cela que je suis très déçue.

  6. Comme tous ceux et celles qui m’ont précédée, j’étais partante au départ, mais la déception est trop souvent au rendez-vous. Et je préfère rester sur le souvenir de « la salle de bal » qui m’a beaucoup plu.

    • Tout à fait d’accord pour « la salle de bal » c’est très mauvais signe pour un livre que tous les commentaires parlent d’un autre livre qui est plus intéressant que lui.

  7. Je l’ai trouvé bien fade ce roman, pas passionnant et d’une écriture très neutre. Et comme le dit Ingannmic, La salle de bal sur le même thème est bien supérieur !

  8. un sujet qui m’intéresse mais la houle médiatique autour de ce livre m’a rendu sévère et j’ai été déçue, certes il y a de bonnes choses mais le sujet est traité d’une façon qui ne m’a pas convaincu suffisamment
    Pour Camille Claudel je partage ton intérêt

    • Il reste donc à écrire un roman sur l’internement abusif, et je pense que les femmes ont payé un lourd tribut à cette pratique. C’était déjà mieux que de le brûler pour sorcellerie !!!!

  9. Je suis TELLEMENT d’accord avec ton avis. Je n’ai pas compris l’intérêt du côté spirite du personnage principal, un cas d’abus aurait été plus punchy je trouve. Et aussi d’accord pour Charcot.

  10. Tout le monde s’est emballé pour ce premier roman, du coup ça m’a grandement refroidi^^

  11. tiens, c’est drôle, il me semblait qu’il faisait l’unanimité et je me tâtais à cause du thème qui ne m’attire pas, tu confirmes que ça ne me plairait pas trop.

  12. Je l’avais réservé à la bibliothèque et n’ai pas pu aller le chercher avant qu’elle ne ferme. J’en étais un peu frustrée mais du coup c’est sans regret !

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