Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Édition La librairie du XXI°siècle Seuil

Il existe parfois des petits bijoux littéraires que l’on a envie de partager avec le monde entier. C’est le cas pour ce conte auquel on ne saurait ni ajouter ni enlever un seul mot. La tragédie du XX° siècle nous apparaît dans toute son horreur sous une forme de conte que l’on ne pourra pas raconter à nos enfants. Du premier mot au dernier, j’ai tout aimé de cette lecture et je pense qu’elle renouvelle complètement notre regard sur la Shoa. Il s’agit d’un bébé jeté, en 1942, d’un des trains de marchandises dont on connaît la destination aujourd’hui et recueilli par une pauvre femme qui va le sauver. Je ne peux pas en dire beaucoup plus, lisez-le, j’aimerais tant savoir ce que vous en pensez et surtout, surtout …. ne vous dites pas : « Ah, encore un livre sur ce sujet ! » .

 

 

Citations

Le début

Il était une fois, dans un bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.

Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas « le Petit Poucet ». Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons…

L’apparition du bébé

Alors apparaît, oh merveille, l’objet, l’objet qu’elle appelait depuis tant de jours de ses vœux, l’objet de ses rêves. Et voilà que le petit paquet, l’objet à peine défait, au lieu de lui sourire et de lui tendre les bras, comme le font les bébés dans les images pieuses, s’agite, urgent, serre les poings les brandissant bien haut dans son désir de vivre, torturé par la fin. Le paquet proteste et proteste encore.

Retour du père des camps

Il avait vaincu la mort, sauvé sa fille par ce geste insensé, il avait eu raison de la monstrueuse industrie de la mort. Il eu le courage de jeter un dernier regard sur la fillette retrouvée et reperdue à jamais. Elle faisait déjà l’article à un nouveau chaland montrant de ces petites mains la provenance du fromage en désignant du doigt la chèvre chérie et sa maman adorée.

L’épilogue

Voilà, vous savez tout. Pardon ? Encore une question ? Vous voulez savoir si c’est une histoire vraie ? Une histoire vraie ? Bien sûr que non, pas du tout. Il n’y eut pas de trains de marchandises traversant les continents en guerre afin de livrer d’urgence leurs marchandises, oh combien périssables. Ni de camp de regroupement, d’internement, de concentration, ou même d’extermination. Ni de familles dispersées en fumée au terme de leur dernier voyage. Ni de cheveux tondus récupérés, emballés puis expédiés. Ni le feu, ni la cendre, ni les larmes. Rien de tout cela n’est arrivé, rien de tout cela n’est vrai.

 

21 Thoughts on “La plus précieuse des marchandises -Jean-Claude GRUMBERG

  1. keisha on 24 février 2020 at 08:54 said:

    Ben a priori je me méfiais un peu…

    • Oh non il ne faut pas se méfier , il faut le partager au plus vite. Mais je te fais confiance, si tu as des réserves. Je serai surprise et très intéressée.

  2. J’ai l’intention de le lire ; un livre de plus oui, mais c’est à chaque fois une situation unique et une mémoire à conserver.

  3. Je l’ai lu, ai beaucoup aimé mais n’ai pas écrit de billet parce que je ne savais que dire sur un tel texte ! D’ailleurs tu as été très brève !

  4. Chouette, une pépite. C’est noté

  5. Oh my… juste lire le début de l’histoire, le coeur me serre…

  6. Un indispensable j’ai l’impression ! Je vais essayer de mettre la main dessus au plus vite.

    • Ah oui j’aimerais vraiment que tu me dises ce que tu en penses et surtout si cela te semble adapter à un public jeune dont je suis assez loin hélas!

  7. j’ai noté le titre pour des jeunes lecteurs autour de moi j’aime bien ce genre de récit cela me fait penser sur un thème différent à Matin brun, un court récit qui retient l’attention simplement sur un fait grave et qui mérite qu’on s’y arrête
    je suis comme toi c’est avec la goulag, un thème que je lis et relis, les victimes méritent cela non ? et nous ferions bien d’être très attentif à un future bien tordu

    • Oui, je crois que tout le monde peut le lire et comme toi j’ai pensé à « Martin brun ». La fin me sert encore le cœur, tout sonne juste dans ce roman.

  8. difficile de passer à côté de ce bel engouement !

  9. Ben, c’est justement ce que je me disais… Encore un !
    J’ai tout faux, donc. Comme il est plutôt court, je ne risque pas grand-chose à tenter l’aventure, hein ?

  10. Je comprends ton commentaire « ne vous dites pas : « Ah, encore un livre sur ce sujet ! »  » en lisant les extraits, car la forme mérite à elle-seule la lecture. Très jolis passages, je note aussi !

    • c’est un livre au ton particulier qui ne cesse de nous dire en quelque sorte  » vous n’y croyez pas ! c’est pire que tous vos récits d’enfance ! et pourtant vous savez que cela a eu lieu » . Et c’est aussi léger que le vol d’un papillon et pourtant ça marque à jamais votre esprit .

  11. J’aurais pu écrire tes mots… j’ai tout aimé dans ce livre ! A partager !

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