Édition du seuil

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

Un roman déjanté comme je les aime … presque. Cuné chez qui je l’avais noté a moins de réserves que moi. Il y a, en effet, un aspect que j’ai toujours du mal à accepter : la dérision des meurtres et ici d’un tueur en série. C’est ce qui lui a fait rater une étoile sur Luocine , mais que les amateurs de cet esprit de dérision se précipitent car dans le genre c’est très bien raconté. C’est drôle et c’est une très bonne satyre des comportements des humains d’aujourd’hui. La famille belge qui arrive dans un camping avec la radio à fond qui dérange tout le monde avec la plus grande désinvolture est à mourir de rire. Le personnage principal à qui nous devons cette histoire est un gigolo Dino Scala, il vit au crochet de Lucienne une femme de vingt ans son aînée immensément riche. Seulement, malheureusement pour lui, il y a aussi la belle mère Macha qui n’aime pas du tout Dino. Celui-ci doit fuir le Luxembourg paradis des millionnaires et de Dino et Lucienne après avoir été quelque peu violent avec un banquier. La description du Luxembourg fait partie des morceaux de bravoure de ce roman. Il arrive dans un camping de la côte d’Azur et rencontre un écrivain qui pour des raisons personnelles veut connaître le peuple d’en bas. Charles Desservy et Dino font un couple improbable lié par un secret qui les conduira très loin et au passage vous fera beaucoup sourire avec ce qui pour moi est une limite que l’on peut pour rendre la vie encore plus agréable se séparer en les assassinant des empêcheurs de tourner en rond.

 

Citations

Les vieux

Les vieux sont sympathique , en général . Même ceux qui , plus jeunes, étaient des crevures. On ne peut d’ailleurs jamais savoir comment ils étaient, avant , car ils finissent tous en mode « friendly » . Étant donné qu’il n’y a pas neuf humains dur dix de bienveillants, on peut en déduire que nos chers aînés s’assagissent avec l’âge. D’une certaine façon ce sont des faussaires, des fourbes, à l’image de tous ces dignitaires qui ont terminé leur vie en Argentine et qui s’appelaient Muller. Après avoir bien pourri leur monde, ils se détendent. La raison en est simple : ils se retrouvent en position de faiblesse. Fini l’autorité, fini les décisions et fini le permis de conduire, tiens, plus rien, tu demandes à ta fille pour aller pisser et t’es bien content qu’on te sorte à Noël. La peau comme du carton mouillé, le ventre gonflé, les pommettes tout en bas, les cheveux violets des femmes et le pue-de-la-bouche des hommes. Un naufrage.
La seule arme qui leur reste pour se défendre, c’est la gentillesse. Ils deviennent adorables pour qu’on les préserve et qu’on ne les pique pas.

Humour

J’étais présentement assis dans une berline de luxe, attendant que la porte du garage achève de se lever, dans le silence capitaliste de Kirchberg, ce quartier si paisible de Luxembourg. Ici, les Porsche et autres Maserati vieillissaient comme leurs propriétaires, jamais à plus de 70 km à l’heure.

Le Luxembourg

J’ai pris les courses dans le coffre et je les ai mises dans le monte-charge. Parce que ici, on ne monte pas ses courses. Ce sont les gens qui montent leurs courses et au Luxembourg, On n’est pas des gens, on est des Luxembourgeois.

Portraits

J’imaginais très bien quel genre de fille cela pouvait être. De bonnes intentions et de l’altruisme. Elles trouvent que l’Inde est un pays extra et le Pérou l’avenir de l’humanité. Plus tard, elle rouleront dans une voiture hybride à quarante mille euros et elles dormiront dans des draps de chanvre. Elles mangent des graines et boivent du jus de pomme artisanal diarrhéique , font des Nouvel An tofu-tisane et partent à l’autre bout du monde pour enseigner l’anglais a des animaux malades.

Des regrets de n’avoir pas fait d’études

Et pourquoi je n’ai pas fait des études, tiens ? Pour devenir, je ne sais pas moi, médecin ? Tout le monde peut le faire, médecin, c’est qu’un boucher avec beaucoup de mémoire, un médecin.

Le Luxembourg

Le site le plus visité du Luxembourg ce n’est ni le Palais-Royal, ni le Musée d’Art Contemporain, ni rien de ce à quoi on pourrait s’attendre. Le site le plus visité du Luxembourg est l’aire d’autoroute de Berchem. On y trouve ce que ce pays a de mieux à offrir aux frontaliers et aux Européens de passage, de l’essence et des clopes moins cher qu’ailleurs. Cette station service Shell, démesurée par sa taille et par le nombre de cartouches de cigarettes vendues, qui compte un McDonald’s et un café Starbucks, contient en elle-même toute la quintessence du Luxembourg. Elle est la parfaite métaphore du Grand-Duché, un pays où on ne fait que passer et où l’on ne vient que pour l’argent. Une banque, quoi, avec le petit plus d’une décoration sympa, la famille royale.

La différence de classe

Charles et moi avons gentiment entrepris de préparer notre soirée, sur sa terrasse à lui. Dans l’effet, je me suis retrouvé avec le couteau à huître dans les mains et Charles avec une coupe de champagne. Le colon et son bougnoule. Avec lui les bulles, moi les doigts massacrer. Les huîtres, allez, au boulot.

La famille belge tatouée

La famille avait un point commun : les tatouages. Ils évoluaient en portant sur eux les autocollants de frigo de leurs convictions, des messages si obscurs qu’ils devaient certainement passer des heures à expliquer le sens des c’est Post-it qu’ils se trimbalaient. Genre leur prénom traduit en dialecte inca. Et comment on dit Kevin en Maya, hein ? Et Cindy, en aztèque ? J’imaginais qu’ils devaient aussi avoir des slogans quelque part, sur un quelconque tibia, sur un bout de fesse. Un cri de ralliement de la contre-culture d’il y a trente ans. D’où j’étais, je pouvais reconnaître sur l’épaule de la mère, une mésange. Enfin ce qui avait dû être une mésange, à l’époque, ressemblait maintenant davantage à un chapon.

12 Thoughts on “Pension complète – Jacky SCHWARTZMANN

  1. keisha on 8 juillet 2019 at 07:55 said:

    Oh le déjanté j’aime beaucoup..; Mais je comprends ton hésitation

  2. tu n’es pas la seule à le trouver un petit cran en-dessous. J’adore cet auteur et je l’accepte tel qu’il est :)

  3. Encore un auteur que je ne connais pas.

  4. J’adore cet auteur ! Mauvais coût, son premier roman, reste de loin le meilleur selon moi.

  5. J’ai de plus en plus besoin de dérision dans mes lectures, même si celles-ci ne le montrent pas vraiment, mais je fais avec les livres de ma PAL et certains projets de lectures qui me tiennent à coeur. Donc je note ce titre.

  6. Rha j’ai du mal avec la derision des meurtres, sauf quand c’est servi par une cause comme dans Mamie Luger. Je pense que ce livre n’est pas pour moi ;-)

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