Pourquoi des lunettes de soleil ? Parce que je l’ai lu sur la plage et je dois dire que j’ai un petit compte à régler avec Jérôme et Keisha (c’est chez eux que j’avais noté ce livre) : j’ai éclaté de rire à la lecture de l’introduction et vous savez quoi ? ça ne se fait absolument pas sur la plage de Dinard, j’ai dérangé, de ce fait, beaucoup de gens très bien par mon rire intempestif. Alors, tant pis pour vous, si vous ouvrez votre ordi sur votre lieu de travail et que vous allez sur Luocine pour, soi-disant lire son billet sur Proust, je vais vous la recopier cette fameuse introduction et si vous riez aussi fort que moi, votre collègue sera bien étonné que ce soit le petit Marcel qui vous fasse cet effet :
« Je suis désolé, ma chérie, je l’ai sautée par inadvertance. »
Je comprends qu’un homme puisse sauter une femme par dépit, par vengeance, par pitié, par compassion, par désœuvrement, par curiosité, par habitude, par excitation,par intérêt, par gourmandise, par nécessité, par charité, et même parfois par amour. Par inadvertance, ça non. Pourtant ce substantif vint spontanément à l’esprit de Marc, lorsque je le pris sur le fait avec sa maîtresse.Définition d’inadvertance : « défaut accidentel d’attention, manque d’application à quelque chose que l’on fait ».
Faut-il le dire ? Quand j’ouvris cette porte, ce que je vis n’avais rien d’un manque d’application. Bien au contraire. Il s’agissait d’un excès de zèle érotique caractérisé. En tout cas, le porc qui vit à mes côté ne m’a pas sauté avec autant d’inadvertance depuis longtemps…
À la définition, le dictionnaire accolait une citation de Martin du Gard : « Antoine ne voulait pas se laisser distraire une seconde de cette lutte pressante qu’il menait contre la mort. La moindre inadvertance, et ce souffle vacillant pouvait s’évanouir. »
Cela faisait déjà un bout de temps, chez moi, que le souffle vacillant menaçait de s’évanouir. Plusieurs années sans doute. Cette inadvertance fut de trop et déclencha tout le reste.
Ensuite, tout sera un enchainement d’histoires toutes plus improbables les unes que les autres, chaque récit est loufoque et montre une qualité d’invention extraordinaire. La seule question que je me pose, c’est pourquoi je ne l’ai pas lu plus tôt, puisqu’il a fallu que j’attende son second roman toujours chroniqué par Jérôme et Keisha pour lire celui-ci qui était bien sagement dans ma liste. Parfois le mot loufoque me fait fuir, si c’est votre cas, je peux vous rassurer car le récit est d’une logique implacable, simplement tout est inventé. J’adore ce genre de textes, vous ne connaissez pas les rats-taupes, ni les vierges de Barhoff, ni le syndrome de Paul Sheridan, alors il est plus que temps de vous lancer dans la lecture de « la Fractale des raviolis »ça fait quand même du bien d’être moins bête et tellement plus heureux quand on referme un livre.