20161130_175730Traduit de l’allemand par Leïla PELISSIER. Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

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Ce roman est « gentillet » pour les lectrices de notre club de lecture. Nous nous attendions à mieux et surtout à comprendre pourquoi plus personne ne vient dans cette librairie. Nous voulions aussi savoir si la jeune femme qui en hérite réussit à rentabiliser cette affaire. Car Valérie hérite d’une librairie qu’une vieille tante Charlotte originale lui a confié le temps de son absence, on ne sait pas si elle est morte ou tout simplement partie se distraire ailleurs.

Aucun personnage n’est crédible, et rien ne permet de comprendre le pourquoi de la désaffection pour ce lieu, si ce n’est que les livres se vendent moins. Elle va se lier d’affection avec une rate ce qui ne rajoute vraiment rien à l’histoire et va rencontrer un beau jeune homme dont on ne saura pas grand chose. Quant à l’importance des livres, c’est dit dans le roman sans convaincre, certes Valérie a plus de temps pour lire puisque peu de gens passent dans sa boutique mais cela ne donne pas l’explication ni la solution à la désaffection des lieux qui autrefois enchantaient les grands lecteurs. Bref un livre que je vais très vite oublier comme tous les membres de notre club

Citations

Un magasin vieillot

Ce magasin était comme un vêtement que la vieille dame aurait confectionné autour de sa vie. Certainement confortable pour elle, il était informe et peu pratique pour la jeune femme

Humour

Elle était juste introuvable. Si aucun indice ne permettait de penser qu’elle était partie de son plein gré, rien n’indiquait non plus qu’elle était quelque part contre son gré, fut-ce dans l’au-delà.

Le pouvoir de la littérature

La littérature peut en effet fasciner un être et capter toute son attention. Elle peut le soustraire aux petites misères du quotidien et les transporter vers d’autres mondes au point de s’y abandonner corps et âmes

Je fais souvent ça dans une librairie

Elle prit toute une pile de livres pour son petit fils (en veillant à se faire conseiller en détail, pour faire ensuite des choix personnels forts différents).

Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

Déçue ! j’avais pourtant bien aimé « le club des incorrigibles optimistes » un peu moins « la vie rêvée d’Ernesto G. » et vraiment très peu celui-là. Bref, pas sûre que j’en lise un autre, de cet auteur. Jean-Michel Guenassia se plaît à découvrir les dessous de la grande Histoire . Ici il s’attaque à un fait divers tragique qui a certainement privé l’humanité d’un artiste qui avait encore tant à nous dire à travers sa peinture. Comment est mort vraiment Vincent Van Gogh, on est sûr d’une chose, il est mort des suites d’un coup de feu. Mais qui a tiré ? lui ? Des enfants qui jouaient ? Un homme rencontré peu de temps avant ? et ensuite pourquoi n’a-t-on pas pu extraire la balle pour lui sauver la vie ? Le docteur Gachet était-il compétent ? Quand on va à Auvers toutes ces hypothèses sont évoquées, celle du suicide aussi évidemment, avec une véritable interrogation à propos de l’arme. Un pistolet sera bien retrouvé dans un champ en 1960 mais est-il celui qui a servi et qui s’en est servi ?

Fort de toutes ces interrogations Jean-Michel Guenassia, invente un amour entre Marguerite Gachet et Vincent Van Gogh. Pourquoi pas ? Que ce peintre ait pu émouvoir jusqu’à la passion une jeune fille de province vivant sous la domination d’un père peu sensible à ses volontés d’émancipation, c’est possible. Ce n’est qu’une hypothèse de plus. Je l’ai acceptée au début, espérant qu’elle permette de mieux comprendre ce génie de la peinture. Et c’est là que le roman est faible car si la jeune fille sent immédiatement la force de ce peintre et que quelques descriptions de sa façons de peindre sont attirantes, le génie de Vincent Van Gogh ne devient pas plus familier pour autant. Ce n’est pas très surprenant car l’auteur a vraiment très peu de documents pour étayer sa thèse. Vincent n’a jamais parlé de Marguerite Gachet à son frère. La partie artistique est quelconque et je n’ai guère cru à l’intrigue amoureuse.

Je retiendrai une chose qui est connue mais qui est bien expliquée ici : on peut être une copiste géniale et ne rien avoir à apporter à l’art, autrement dit ne pas être un artiste. Ainsi certains tableaux du musée d’Orsay seraient des copies de la main de Marguerite Gachet dont ce célèbre portrait de son père. Il est vrai que Vincent dans les lettres à Théo parle d’un portrait et pas de ce deuxième. Pas plus qu’il ne parle de son amour pour Marguerite. Et surtout que se cache-t-il derrière le regard dans le vague du Docteur qui aurait laissé mourir sciemment Vincent Van Gogh ? Dans ce cas il mériterait grandement l’opprobre de Jean-Michel Guenassia.

Le vrai acheté par quelqu’un qui ne l’expose jamais.

Et le faux ? celui qui est à Orsay

Citations

le père et le frère de Marguerite Gachet

Ils sont tellement prévisibles, leur égocentrisme est tellement forcené que cela serait risible si je n’en avais autant de tristesse. Chaque année, je n’y fais pas allusion , pour voir s’ils y penseront, et je ne suis pas déçue : ils m’ont oublié.

Les lieux peints par Vincent Van Gogh et les impressionnistes

Nous étions au bord de L’oiseau, c’est un lieu que Vincent affectionne particulièrement. A cette époque cet endroit ressemblait au paradis terrestre, le grand saccage commençait à peine, nous n’avions pas conscience que l’homme était en train de tout défigurer…Quand on voit les bords de Seine tels que les ont peints les impressionnistes et ce qu’ils sont devenus, nous ne pouvons qu’être atterrés de la destruction systématique de ce qui était si beau.

Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard Thème « soudain tout bascule »

Ce livre avait tout çà fait sa place dans ce thème, cet homme a perdu son diplôme du Baccalauréat sa vie devient absurde et malheureusement son livre aussi. C’est un premier roman et depuis il m’a fait beaucoup rire avec « L’écologie en bas de chez moi » mais celui-là est à peu près illisible ? C’est une fable bien sûr dans la quelle il est beaucoup question de sexe, on se demande bien pourquoi. L’enchaînement est totalement absurde, en revanche, il y a quelques remarques sur l’administration française qui sentent le vécu. Le moment où à l’Académie la secrétaire voit qu’il a brillamment réussi son bac mais ne peut pas appuyer sur la touche « imprimer » pour en faire une copie est très proche de la réalité : « que voulez-vous elle n’est pas là pour ça ! » Dans tout un fatras de situations totalement absurdes, après plusieurs semaine de recherches infructueuses, j’ai souri quand sa femme lui a avoué que, finalement, c’était elle qui l’avait ce fameux diplôme, dans ses affaires. Situations que j’ai rencontrées plusieurs fois.

Sinon c’est du grand guignol et j’avoue après une centaine de pages, j’ai plutôt parcouru ce livre qui m’agaçait fortement. Ni les parties de jambes en l’air, ni la course après son diplôme n’arrivaient à retenir mon attention, ni son voisin d’en face. Aucun personnage n’a une quelconque consistance. Bref un premier roman dont j’aurais volontiers fait l’économie, heureusement que je n’ai pas commencé par celui-là : j’aurais gardé une bien mauvaise impression de cet auteur qui m’a tant amusée ensuite.

Citations

Incipit

Malheur à celui des enfants de Dieu qui perd son Baccalauréat

L’art du rangement

C’est ça aussi le bonheur du rangement, le doute permet aux plus artistes d’entre nous d’avoir une approche créative, si tout était figé d’avance on n’aurait plus de raison de vivre

Humour

Le temps est l’ennemi des pin-up comme il est l’ennemi des rangements, les femmes et les papiers jaunissent au soleil

Je préfère le verbe aller au verbe être pour exprimer un déplacement

Le lac des cygnes où on a été avec Marco

L’administration

Quant à rencontrer le doyen, en voilà une farce qui valait des millions ! Passer au-dessus d’un chef du personnel, a-t-on déjà entendu pareille vulgarité ?

20161030_165320Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

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Une déception mais quel dommage ! car c’était une bonne idée : peut-on guérir le mal-être grâce à la lecture ? Le personnage central de cette histoire, Alex, en est persuadé au point de devenir « bibliothérapeute ». (J’ai découvert, grâce à Google, que cette profession existait !). Je sais, également, grâce à mon expérience personnelle que lire et faire partager ses lectures fait un bien fou. Je me suis donc plongée avec délice dans ce roman pour suivre la vie d’Alex et de ses patients. Hélas ! malgré quelques remarques pertinentes sur notre société, un ressenti acerbe contre des mères dévouées mais envahissantes, aucun personnage ne prend un relief quelconque.

C’est un roman fade, les extraits choisis par le thérapeute pour guérir ses patients sont insipides et on se demande bien pourquoi la lecture de ces œuvres peut aboutir à une amélioration de l’état mental d’une personne souffrante. Mon jugement est sévère sans doute, mais il est à la mesure de ma déception. Je ne sais pas si mes lectures m’ont soignée, mais ce dont je suis sûre c’est que je ne pourrai jamais regarder sans sourire le comportement d’un snob après avoir lu Proust nous racontant Legrandin, que quand je suis triste ces vers de Verlaine me hantent :

Je ne sais pourquoi

Mon esprit amer

D’une aile inquiète et folle vole sur la mer

Tout ce qui m’est cher

D’une aile d’effroi

Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, Pourquoi ?

Lire permet de se comprendre, d’accepter la vie et celles des autres. Je m’attendais à trouver dans ce récit la magie de textes pouvant faire plus et même soigner quelqu’un, mais je ne l’ai pas trouvé. Une déception donc. Je n’ai pas réussi à m’intéresser au personnage du commercial qui confond les qualités de sa femme et celles de sa machine à laver, ni au footballeur qui ne sait pas s’il doit rester jouer en France, ni à Yann atrocement mutilé après un accident de voiture. Et hélas ! je n’ai pas cru aux amours d’Alex et de Mélanie.

Citations

Difficultés de plaire pour un littéraire

Elles cherchaient un amoureux fougueux, courageux, dont elles pouvaient être fières pas un garçon capable de déclamer Racine au bord de la piscine où les autres exécutaient des saltos avant.

La phrase qui tue pour un adolescent qui veut sortir avec une jolie fille

Je veux bien sortir avec toi mais je ne veux pas qu’on nous voie ensemble

C’est drôle mais peu crédible

Si Alex avait grandi dans une famille d’aliénés il lui aurait demandé si elle avait également filmé la conception de sa fille chérie. Les films de naissance ennuient tout le monde, enfin les personnes sensées. Les films de conception trouveraient un public plus large.

20160508_123628Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thèque de Dinard.

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Roman en deux parties, d’abord sur la musique d’inspiration africaine, autour d’une chanteuse extraordinaire Kitami. On la retrouve écrasée par son tambour africain, ou assassinée peut-être mais par qui ? Cette première partie sur la musique ne m’a pas beaucoup passionnée. On voit des jeunes à la dérive essayer de se construire une identité à partir de la musique d’improbables ancêtres. La seconde partie raconte la jeunesse d’une enfant Prisca, au Rwanda. Entre sorcellerie et racisme contre les Tutsi, la jeune fille grandit et devient une brillante élève. C’est compliqué pour elle, le village pense qu’elle a des pouvoirs de sorcières et les autorités voient d’un très mauvais œil cette jeune et belle Tutsi vouloir aller à l’université.

A la fin de ses études, on lui impose d’épouser un Hutu pour charmer les blancs. C’est très intéressant car on sent que le massacre des Tutsi par les Hutus n’était donc pas le fruit du hasard, mais d’une haine ancienne entretenue par le pouvoir hutu. La jeune fille préfèrera donc partir avec un tambour rwandais caché dans un village, avec le groupe de musiciens venant d’Amérique à la recherche de la musique africaine. Elle deviendra la célèbre Kitami dont l’origine de la mort reste incompréhensible. J’avoue ne pas avoir une grande passion pour la magie africaine, et les mauvais sorts ne m’intéressent guère, mais l’auteure sait très bien raconter comment au Rwanda c’est difficile de se défaire de ce genre de légendes, et que l’accusation de magie est aussi un bon prétexte pour supprimer toutes les personnalités quelque peu différentes. C’est un livre qui doit ravir les amoureux de l’Afrique.

 Citations

Les langues africaines

D’où venaient-ils, ces mots ? du kinyarwanda, la langue maternelle de la chanteuse, d’un anglais dans la version rasta-jamaïcaine, du yoruba-cubain, d’un français quelque peu créolisé, certains prétendaient y reconnaître les sonorités de l’amharique, du swahili, du sango, du wolof, du ruhima, du lingala, du copte, du sanskrit, de l’araméen..

Le racisme anti-Tutsi

Nous savons, par exemple, que tu es intelligente, trop intelligente même, la République du peuple majoritaire n’a pas besoin de Tutsi femmes savantes.

20160425_150845Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thèque de Dinard 

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Un roman très court, 113 pages, où l’auteure, sous couvert d’une rocambolesque histoire de roman disparu, traite de la création littéraire. Elle s’est visiblement bien amusée avec force de clin d’œil pour initiés sans m’entraîner dans son histoire et puis, finalement, m’a fortement agacée, un peu comme lorsque les animateurs de télé parlent de leurs propres émissions et rient eux mêmes de leurs bonnes blagues. Colombe Boncenne cherche à perdre son lecteur dans les méandres du monde de l’édition. Son personnage retrouve par hasard un roman de son auteur fétiche. Personne ne connaît ce roman, l’auteur lui même nie l’avoir écrit.

Est-ce que « Neige noire » existe ? A-t-il été écrit par Émilien Petit ? Autant de questions qui tournent en boucle dans la tête du personnage principal qui mène une vie peu passionnante entre sa femme Suzanne et sa maîtresse Hélène. Quelques écrivains viendront peupler ce roman peu consistant, comme je le disais , c’est un exercice intellectuel où les gens se reconnaissent se renvoient la balle, c’est de l’entre-soi et peu à peu je me suis sentie exclue de ce qui ressemble à un exercice de style pour initiés.

Citations

Les journaux de province

Le journal local, qui constitue l’une de mes petites joies d’un weekend en province : du reportage de proximité au menu du restaurant scolaire en passant par la légende délicieusement ordinaire des photographies, je me délecte toujours d’apprendre que la confrérie des chasseurs de papillons s’est réunie vendredi dernier à l’heure où les enfants des écoles primaires dégustaient une cassolette de légumes de saison dans le cadre de la semaine du goût.

Les vacances en Bretagne, les clichés sur la météo c’est quand même un peu facile non ?

L’été, Suzanne parvenait toujours à me traîner sur l’île de Groix, en Bretagne, quand moi, je rêvais de soleil et de rythme méditerranéen. Suzanne était plus douée que moi en matière d’organisation, elle me prenait toujours de court, réservait une location très en avance, convainquait des amis de venir avec nous et usait de toute la mauvaise foi qui pouvait être la sienne lorsque je protestais : « Tu ‘avais qu’à t’en occuper, des vacances. » Alors, en fait de tapas, d’horaires décalés et de soirées langoureuses, je me retrouvais à filer sous la halle aux aurores pour espérer y acheter quelque poisson pêché dans la nuit, puis chez un éleveur de chèvre baba-cool pour tâcher d’y obtenir un fromage frais ; l’après midi sur la plage, à essayer de me baigner dans une eau à 17 degré sous le prétexte d’un rayon de soleil ; enfin le soir, à jouer au Scrabble au coin du feu, car oui il faut l’admettre, un bon petit feu nous réchaufferait. Et encore, je parle des jours où la météo était clémente. Quatre semaine passèrent ainsi, je me baignai quatre fois et gagnai dix-sept parties de Scrabble sur trente-huit- c’est dire le temps qu’il fit.

Un moment où j’ai souri

Quelques jours après cet anniversaire, dans une rame de métro bondée, je crus avoir une hallucination : au fond du wagon une femme discutait avec un épi de maïs. Une observation plus précise de la scène me fit comprendre qu’un minuscule appareil portable était coincé entre son oreille et le lainage de son bonnet, en réalité, elle téléphonait tout en grignotant un maïs grillé.

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Roman étonnant et que je n’aurais jamais lu sans le Club. J’ai vu que cette auteure a dédié son livre à Nelly Arcan, que je ne connaissais absolument pas. J’ai cherché à comprendre et je me suis rendu compte que ces deux auteures avaient en commun de s’être beaucoup exposées dans les Médias. Nelly Arcan s’est suicidée, et Camille Laurens a fait, subi et gagné un certain nombre de procès. Bref, c’est une adepte d’un genre qui me touche rarement « l’autofiction », à force de se dévoiler dans des romans, on en souffre mais cela peut être le moteur d’une écriture particulière et qui a trouvé son public. Ce roman est vraiment un roman moins auto-fictionnel que d’autres, et même si sa vie lui sert de trame de fond, il a l’avantage d’être également construit de façon littéraire intéressante. Il a pour sujet une manipulation sur Facebook, Claire un peu par vengeance d’un homme qui l’a repoussée parce qu’elle a vieilli (du moins, c’est ce qu’elle pense), décide de créer un profil d’une femme de 25 ans sur Facebook. Commence alors une correspondance, et un lien virtuel entre elle et le meilleur ami de cet homme, et une passion amoureuse partagée par les deux personnages.

Une grande partie du roman parle de ça : du désir, de celui qui disparaît chez l’homme quand la femme de son quotidien vieillit. C’est aussi un roman sur la création littéraire et la façon d’exister au monde à travers ce pouvoir que possède l’écrivain. Au cœur de la vie parisienne, Camille Laurens connaît bien la puissance des rumeurs, des ragots . Elle commence son livre en comparant deux couples célèbres du « Tout Paris » , celui de Moscovici qui a 30 de plus que sa dernière femme sans que cela ne choque personne et Macron qui a 20 ans de moins et dont le couple apparemment est souvent sujet de quolibets. Bien loin de toutes ses réalités qui ne m’intéressent pas vraiment, je partage son avis, le vieillissement de la femme est différent de celui de l’homme, l’âge se marque différemment chez les deux partenaires. Mais pour être entourée de gens très âgés, je vois aussi que passé 80 ans les femmes s’en sortent plutôt mieux côté séduction.

Ce livre m’a souvent agacée, et parfois intéressée, le genre « ragot » ce n’est vraiment pas ce qui peut me retenir, en revanche, la manipulation sur Facebook et le danger qu’il y a à entretenir une relation virtuelle est bien analysé. Comme je plains les personnes réelles qui entourent cette écrivaine, elles peuvent un jour se retrouver dans ses romans et les comptes qui se règlent par écritures interposées ressemblent plus à une guerre civile qu’à une œuvre artistique.

Citations

L’aide quand on va mal

Vous êtes médecin ou seulement psychologue ? Quelle différence, remarquez ? Ce que je n’aime pas dans votre discipline, votre prétendue science, c’est qu’elle ne change rien. Vous avez beau savoir ce qui se passe, ce qui s’est passé, vous n’êtes pas sauvé pour autant. Quand vous avez compris ce qui vous fait souffrir, vous souffrez toujours. Aucun bénéfice. On ne guérit pas de ce qu’on rate. On ne reprise pas les draps déchirés.

Internet et Facebook

Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l’attente, on ne peut pas faire son deuil d’une histoire pourtant morte, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s’accroche aux présences factices qui hantent la toile, ai lieu de se déliter on se relie . Ne serait-ce que la petite lumière verte qui indique que l’autre est en ligne ! ah la petite lumière verte, quel réconfort , je me souviens.

Humour

C’est comme cette épitaphe sur la tombe d’un Américain au Père-Lachaise. Sa femme a fait graver : « Henry, je sais enfin où tu dors ce soir. »

SONY DSCTraduit du suédois par Esther Sermage.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je pense que, pour tous ceux et toutes celles qui ont des chats, ce roman va prendre une couleur particulière tant il est vrai que maintenir son chat dans son jardin et empêcher celui du voisin de venir dans le vôtre est une véritable gageure. À partir de l’histoire d’un chat qui a décidé que les jardins des voisins étaient aussi les siens, Maria Ernestam (qui, nous dit-elle en postface, l’a vécu personnellement) a écrit un très court roman ou une grande nouvelle comme vous voulez (99 pages). Le point de départ est moyennement passionnant : comment expliquer à votre voisin que leur chat terrorise le vôtre chez vous. Mais, en réalité, l’histoire aurait pu finir très mal car derrière cette histoire de félins se cache une histoire de voisinage bien plus grave et qui aurait même pu être tragique.

Il ne faut pas plus d’une soirée pour lire ce livre , vous serez peut être plus indulgente que moi. J’ai trouvé cette histoire de voisinage assez plate même si, finalement un peu de suspens assaisonne la sauce au final.

Citations

Le grand gagnant : le chat du voisin

D’un bond, il monta sur le mur en pierre et inspecta son territoire, mettant tous ses sens à contribution. Les jardins mitoyens, puis ceux des voisins plus éloignés. Il avait implacablement chassé tous ses concurrents, l’un après l’autre, sans céder un pouce. Ceux qui osaient s’aventurer dehors, dans leur propre jardin, il les avait vaincus à force de ruse et de haine raffinée.

SONY DSCTraduit de l’anglais (SriLanka) par Esther Ménévis.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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J’aurais tant voulu apprécier ce roman qui raconte tout ce qui rend notre actualité si difficile à supporter : Ben, jeune médecin tamoul, tout juste diplômé est obligé de fuir son pays, il rencontre en Grande Bretagne une femme qui va l’aimer mais leur histoire sera tragique . Le roman donne d’abord le point de vue de Ria, poétesse anglaise vivant isolée dans une maison au bord de la mer. Puis celui d’Anula, la mère de Ben, puis de Lydia l’enfant de Ria et de Ben. Tout est très sombre, car Ria est encombrée par une histoire familiale très lourde, la disparition de son père l’a enfermée dans un silence hostile et a complètement perturbé son frère.

Je n’ai pas vraiment accroché au roman, car je trouve que l’auteur mélange trop les histoires d’amour impossibles avec la réalité tragiques des réfugiés sans statut. Je ne comprends pas non plus pourquoi Ria ne coupe pas plus les ponts avec son frère destructeur qui appartient à des mouvements d’extrême droite. C’est vraiment confus au début et c’est pénible de voir un personnage entouré de personnages uniquement négatifs. Il y a quand même son voisin, Eric, mais qui lui aussi est marqué par la mort , j’ai eu beaucoup de mal à croire à sa relation avec Anula la mère de Ben. Tout en rédigeant ce billet, je me rends compte qu’en réalité les personnages m’ont prodigieusement agacée. Faire de l’amour un remède au deuil, me semble bizarre . Mais ce roman a au moins un mérite : remettre en mémoire le sort tragique des populations tamoules prises entre deux feux , celui des indépendantistes et celui de la terrible répression de l’armée sri-lankaise . Et au-delà du cas du Sri-Lanka nous faire comprendre ce que ça veut dire, de tout quitter pour sauver sa peau.

Citation

l’horreur de l’exil

L’obscurité qui régnait dans le camion avait aboli toute possibilité de penser à autre chose que respirer. Elle avait effacé jusqu’au souvenir de la peine qu’il avait éprouvée en apercevant le visage de sa mère pour la dernière fois ; et c’est ainsi qu’il avait voyagé, à travers des terres sans fin, avec le sentiment toujours plus fort de son insignifiance et de sa propre mortalité. Comme le nageur qu’il était, il s’était éloigné de la rive, encore et encore, jusqu’à ce qu’arrive le moment où il avait compris ce que l’on entendait par « point de non retour ».

20151011_123211Traduit de l’anglais par Florence VIDAL. Titre original : One Step too Far.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je me demande ce que veut dire cette catégorie « Thriller », je l’y ai mis car c’est écrit sur la couverture. Pas de suspens difficile à supporter, pas de sang, pas de peur. Alors ? sans doute le manque d’imagination de l’éditeur et la volonté d’attirer un public plus large. J’imagine facilement sa déception. Bien sûr, je vais tout faire pour ne pas « divulgacher » la fin, car une surprise il y en a une, que je n’avais pas vu venir, donc si vous voulez lire ce roman, je ne vous dis que l’essentiel. Une femme décide de recommencer sa vie en quittant son foyer et en essayant de ne laisser aucune chance à ses proches de la retrouver. Parmi ses proches, une sœur jumelle qui est très perturbée et qui détruit tous les gens autour d’elle

C’est le récit de l’ascension dans une nouvelle vie, de cette femme qui était douce, équilibrée et sage, elle va se mettre à la cocaïne et à voler dans les magasins, et tout lui réussira. La quatrième de couverture dit qu’« elle cache un secret obsédant, jusqu’à la dernière ligne, sans aucun répit ». Je n’ai pas ce plaisir de lecture, et les personnages que l’on voit passer sont trop proches de la caricature sans y tomber complètement, cependant. Comme pendant le festival du film britannique, j’ai retrouvé l’ambiance du milieu branché de Londres, alcool et cocaïne ne rendent pas les gens très attrayants. Un roman qui se lit en deux soirées et s’oubliera encore plus vite.

Keisha avait bien aimé , mais elle a la chance de pouvoir lire en anglais, cela rajoute sans doute au plaisir.

Citation

La méchante sœur

– Le rôti était vraiment savoureux, maman, où est-ce que tu l’as acheté ? 
– En ville, chez le boucher, ma chérie. Je trouve que la viande est meilleure qu’en grande surface.
– Certes, lâcha Caroline. Je préfère largement les animaux morts quand ils sont du quartier.