20151216_122141Pendant les derniers mois de l’année 2015, il a été beaucoup question de relecture, j’ai mis sur ma liseuse tous les classiques que je veux relire. J’ai choisi de relire « Madame Bovary » (que vous connaissez tous et toutes) car j’ai été passionnée par un débat sur France Culture, animé par Alain Finkielkraut, lors de son émission « Répliques » du 28 novembre 2015. Étaient invités : Suzanne Julliard qui vient de publier une anthologie de la prose française ordonnée par genres ( des orateurs aux critiques) et le comédien Fabrice Luchini.

Suzanne Julliard affirmait que, si la langue de Flaubert était travaillée à la perfection, elle n’était en aucun cas poétique. Ma relecture très attentive me place dans son camp. Pourtant Luchini et Finkielkraut étaient tellement passionnés que j’aurais aimé qu’il en soit autrement. J’ai lu « Madame Bovary » plusieurs fois, mais toujours dans des cadres scolaires puis universitaires. Je me souviens combien, au lycée, j’avais été agacée par cette Emma qui me ressemblait si peu, toujours à rêver sa vie au lieu de la vivre.

Et puis, sont parvenus jusqu’à moi, sans pour autant que je relise cette œuvre, les débats menés par les féministes de notre époque accusant Flaubert, d’avoir fait une héroïne avec des yeux de « mâle dominant » occidental. Je trouvais ce débat stérile, et je ne voulais pas m’y intéresser. J’ai repris ce roman avec des préjugés favorables pour ce qui est considéré, à juste titre, comme un monument incontournable de la littérature française. Et de nouveau, Emma m’a prodigieusement énervée, mais je ne comprends absolument pas les propos des critiques féministes, car les hommes sont d’une nullité crasse, seul Charles grâce à son amour sans faille pour sa trop jolie femme, a une présence plus sympathique que l’ensemble des personnages.

C’est un livre désespérant, car personne n’est habité par un sentiment positif pour ce qui fait le sel de la vie, les joies intellectuelles ou les satisfactions physiques. Emma les rêvait dans la réalisation d’un amour passionné, et finalement, étant donné le cadre monotone de sa vie qui peut lui donner tort ? Elle vit à travers ses romans, mais nous blogueuses et plus rares blogueurs, ce sont pour nous aussi de moments délicieux que ceux passés parmi nos lectures. Je vais sans doute résumer le drame d’Emma a bien peu de choses, mais si elle s’était réalisée dans la société autrement que comme la femme de Charles Bovary, Flaubert n’aurait eu à se mettre sous la dent que la série de portraits d’hommes aussi peu reluisants que, Homais, le pharmacien qui se croit savant alors qu’il est tout juste scientiste borné, Rodolphe, le jouisseur, L’heureux l’usurier escroc, Léon le pâle amoureux arriviste et j’en passe.

C’est donc un roman désespéré et je suis vraiment contente de n’avoir pas à l’expliquer à la jeune génération. À la relecture, je me disais sans cesse combien je préfère la lecture de Maupassant autrement plus humain que ce Flaubert qui s’est si bien corseté pour écrire son chef d’œuvre, qu’il ne laisse aucune chance à la vie pour se faufiler à travers les interstices de nos rêves et nos délicieux fantasmes.

Citations

Poésie ? Charles amoureux et heureux

Et alors, sur la grande route qui étendait son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu’aux genoux, avec le soleil sur les épaules et l’air du matin à ses narines, le cœur plein des félicités de la nuit, l’esprit tranquille, la chair contente, il s’en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore après dîner, le goût des truffes qu’ils digèrent.

Emma et la recherche du bonheur

Avant qu’elle se mariât, elle avait cru avoir de l’amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n’étant pas venu, il fallait qu’elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l’on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d’ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres.

La vie de couple

La conversation de Charles état plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie.

Solitude (poésie ?)

Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon.

Phrase célèbre

Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude. 

Cruauté de Flaubert envers les femmes

L’aplomb dépend des milieux où il se pose : on ne parle pas à l’entresol comme au quatrième étage, et la femme riche semble avoir autour d’elle, pour garder sa vertu, tous ses billets de banque, comme une cuirasse, dans la doublure de son corset.

Remarque à méditer sur l’amour

Mais le dénigrement de ceux que nous aimons toujours nous en détache quelque peu. Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains.

Une belle réaction d’Emma

Vous profitez impudemment de ma détresse monsieur ! je suis à plaindre, mais pas à vendre !

Victoire d’Homais, dernières phrases du roman

Depuis la mort de Bovary, trois médecins se sont succédé à Yonville sans pouvoir réussir, tant M. Homais les a tout de suite battus en brèche. Il fait une clientèle d’enfer ; l’autorité le ménage et l’opinion public le protège.
Il vient de recevoir la croix d’honneur

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Voici une nouvelle raison de tenir mon blog, et cette raison je la dédie à toutes celles qui ont eu ces temps derniers envie d’arrêter le leur, en espérant que cela leur redonnera l’envie de continuer car la lecture des blogs divers et variés font partie de mes plaisirs de vie. Je me suis promis de relire un tome par été de « La recherche du temps perdu », je l’ai lu depuis longtemps et essayé plusieurs fois de le relire. Mais je me croyais obligée (je me demande bien pourquoi !) de commencer par le début, cela fait que je connais assez bien (avec Proust , il faut toujours rester modeste sur la connaissance de son œuvre) « du Côté de chez Swann » et « à l’Ombre des jeunes filles en fleurs ». Je pense donc qu’en dehors des challenges proposés par les amis, on peut se donner à soi-même des défis en pensant les mettre sur son blog.

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Mettre des coquillages à ce chef d’œuvre, c’est un peu stupide, mais Proust me ravit trop et sa lecture me fait un tel bien que je veux le clamer haut et fort. De même la petite madeleine sur ma photo est quelque peu kitsch, il me pardonnera surement mes fautes de goûts lui qui sait si bien décortiquer les ressorts de l’âme humaine. « Le temps retrouvé » dans mon édition est en deux tomes, le premier commence par une soiré à Tassonville chez Gilberte l’épouse de Robert de Saint-Loup et est traversé par la guerre 14/18. Le second par une invitation chez la duchesse de Guermantes , soirée lors de laquelle Proust (ou le narrateur de « la Recherche ») comprendra la nécessité dans laquelle il se trouve d’écrire son œuvre alors que tous les acteurs qu’il a dépeints jusqu’à présent sont au bord de la grande vieillesse. On y trouve, donc, les clés qui motivent la création artistique. Je voudrais dire à tous ceux que la lecture de Proust rebute, qu’il peut être lu de façons tellement différentes qu’il n’est pas possible que l’une d’entre elles ne leur corresponde pas. Bien sûr, il reste son style et ses phrases si longues que parfois on s’y perd, mais voilà , au début on se force, puis on s’habitue et enfin on adore. Je tiens aussi à dire qu’on s’amuse beaucoup en lisant ce grand auteur car il sait mieux que quiconque croquer les travers de gens qui se croient tellement au dessus du « commun ».

Vous pouvez l’apprécier pour la justesse de l’analyse de l’âme humaine, à l’opposé de Zola (autre classique relu cet été), aucun personnage n’est forcé et même si le trait est parfois féroce, c’est toujours dit avec beaucoup d’élégance, ainsi, Madame Verdurin que l’on a vu mépriser les grands de ce monde au début de « la recherche », les fréquente de plus en plus et que nous dit Proust :

On peut remarquer , d’ailleurs, qu’au fur et à mesure qu’augmenta le nombre de gens brillants qui firent des avances à Mme Verdurin, le nombre de ceux qu’elle appelait les « ennuyeux »diminua. Par une sorte de transformation magique, tout ennuyeux qui était venu lui faire une visite et avait sollicité une invitation devenait subitement quelqu’un d’agréable et d’intelligent.

C’est tellement vrai !

On peut aussi savourer les traits d’esprit volontaires chez le Duc de Guermantes…

Si son mari arrivait vraiment ou s’il n’enverrait pas une de ses dépêches dont M. De Guermantes avait spirituellement fixé le modèle : « Impossible venir, mensonge suit. »

… ou involontaire chez Françoise :

« Au commencement de la guerre on nous disait que ces Allemands c’était des assassins, des brigands, de vrais bandits des Bbboches. …. » Si elle mettait plusieurs b à Boches, c’est que l’accusation que les Allemands fussent des assassins lui semblait après tout plausible, mais celle qu’ils fussent des Boches presque invraisemblable à cause de son énormité.

La méchanceté ordinaire des salons :

Certes, je m’attendais à vous voir partout ailleurs qu’à un des grands tralalas de ma tante, puisque tante il y a  » ajouta-t-elle d’un air fin , car étant Mme de Saint-Loup depuis un peu plus longtemps que Mme Verdurin n’était entrée dans la famille, elle se considérait comme une Guermantes de tout temps et atteinte par la mésalliance que son oncle avait faite en épousant Mme Verdurin, qu’il est vrai elle avait entendu railler mille fois devant elle , dans la famille , tandis que , naturellement, ce n’était que hors de sa présence qu’on avait parlé de la mésalliance qu’avait faite Saint-Loup en l’épousant.

Dans la première partie du « Temps retrouvé » la description de la vie parisienne à l’arrière du front est d’une justesse étonnante, deux scènes ont retenu mon attention , la première c’est Madame Verdurin qui, malgré les restrictions alimentaires dues à la guerre, a réussi à se faire prescrire « son » croissant du matin par le docteur Cottard accompagnant son café , car, sans ces deux ingrédients, elle souffre de migraines. Elle lit avec « Horreur » le torpillage du Lusitania tout en essuyant les miettes de son croissant. Et à l’opposé , lorsque l’un des neveux de Françoise se fait tuer sur le front, laissant une très jeune veuve tenir seul un café qu’ils venaient d’acheter, l’oncle et la tante du jeune homme qui vivaient une retraite tranquille viendront l’aider à tenir ce café sans se faire payer.

On peut aussi apprécier des descriptions aussi bien des lieux que des personnages, j’ai beaucoup aimé cette évocation de la vieillesse :

.. qu’on eût dit qu’elle était un être condamné, comme un personnage de féerie, à apparaître d’abord en jeune fille, puis en épaisse matrone, et qui deviendrait sans doute bientôt en vieille branlante et courbée. Elle semblait, comme une lourde nageuse qui ne voit plus le rivage qu’à une grande distance, repousser avec peine les flots du temps qui la submergeaient.

ou de la princesse de Nassau :

Née presque sur les marches d’un trône, mariée trois fois, entretenue longtemps et richement par de grands banquiers, sans compter les mille fantaisies qu’elle s’était offerte, elle portait légèrement, comme ses yeux admirables et ronds, comme sa figure fardée et comme sa robe rose, les souvenirs embrouillés de ce passé innombrable.

Enfin dans la deuxième partie, la réflexion sur la création artistique est absolument passionnante, c’est plus compliqué de donner des citations appropriés à son propos, j’ai été particulièrement sensible à la nécessité d’écrire et à la force qu’il lui faut pour aboutir dans ce projet, en particulier ne pas se laisser divertir par les événements du monde pour éviter d’écrire

Aussi combien se détournent de l’écrire, que de tâches n’assume-t-on pas pour éviter celle-là. Chaque événement, que ce fût l’affaire Dreyfus, que ce fût la guerre, avait fourni d’autres excuses aux écrivains pour ne pas déchiffrer ce livre – là, ils voulaient assurer le triomphe du droit, refaire l’unité morale de la nation, n’avaient pas le temps de penser à la littérature. Mais ce n’étaient que des excuses parce qu’ils n’avaient pas ou plus de génie, c’est à dire d’instinct. Car l’instinct dicte le devoir et l’intelligence fournit des prétextes pour l’éluder.

Enfin lire Proust c’est se régaler de petites phrases tellement justes :

Les vrais paradis sont ceux qu’on a perdus

Et ne peut-on dire cela aujourd’hui encore pour tous ceux qui se font leur opinion à travers les média ? :

Ce qui est étonnant, dit-il, c’est que ce public qui ne juge ainsi des hommes et des choses de la guerre que par les journaux est persuadé qu’il juge par lui-même.

Je termine par cette phrase que je trouve si belle :

Le bonheur est salutaire pour le corps, mais c’est le chagrin qui développe les forces de l’esprit.

Un site parmi tant d’autres que je recommande à tous ceux et celles qui veulent se familiariser avec Proust et ceux et celles et ceux qui veulent savourer leur plaisir de lecture avec un vrai connaisseur : Proust ses personnages.

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Une fois n’est pas coutume je vais commencer mon article par une citation, si (et seulement si) vous êtes allé sans déplaisir au bout de la lecture alors, je vous conseillerai de « re »lire ce roman :

Pêle-mêle, au hasard du coup de filet, les algues profondes, où dort la vie mystérieuse des grandes eaux, avaient tout livré : les cabillauds, les aiglefins, les carrelets, les plies, les limandes, bêtes communes d’un gris sale, aux tâches blanchâtres ; les congres, ces grosses couleuvres d’un bleu de vase , aux minces yeux noirs, si gluantes qu’elles semblent ramper, vivantes encore ; les raies élargies, à ventre pâle bordé de rouge tendre, dont les dos superbes, allongeant les nœuds saillants de l’échine, se marbrent jusqu’aux baleines tendues des nageoires , de plaques de cinabre coupées par des zébrures de bronze florentin, d’une bigarrure assombrie de crapaud et de fleurs malsaines ; les chiens de mer, horribles, avec leur têtes rondes , leurs bouches largement fendues d’idoles chinoises, leurs courtes ailes de chauves – souris charnues, monstre qui doivent garder de leurs abris les trésors des grottes marines. Puis venaient les beaux poissons , isolés, un sur chaque plateau d’osier ; les saumons , d’argent guilloché, dont chaque écaille semble un coup de burin dans le poli du métal ; les mulets , d’écailles plus fortes, de ciselures plus grossières ; les grands turbots, les grandes barbues, d’un grain serré et blanc comme du lait caillé ; les thons , lisses et vernis, pareils à des sacs de cuir noirâtres ; les bars arrondis, ouvrant une bouche énorme, faisant songer à quelque âme trop grosse, rendue à pleine gorge dans la stupéfaction de l’agonie. Et , de toutes parts, les soles , par paires, grises ou blondes , pullulaient ; les équilles , minces, raidies, ressemblaient à des rognures d’étain ; les harengs, légèrement tordus, montraient tous, sur leurs robes lamées , la meurtrissure de leurs ouïes saignantes ; les dorades grasses se teintaient d’une pointe de carmin, tandis que les maquereaux, dorés , le dos striés de brunissures verdâtres, faisaient luire la nacre changeante de leurs flancs, et que les grondins roses, à ventre blancs, les têtes rangées au centre des mannes, les queues rayonnantes épanouissaient d’étranges floraisons, panachées de blanc de perle et de vermillon vif. Il y avait encore des rougets de roche, à la chair exquise, du rouge enluminé des cyprins, des caisses de merlans aux reflets d’opale, des paniers d’éperlans, de petits paniers propres , jolis comme des paniers de fraises, qui laissaient échapper une odeur puissante de violette. Cependant , les crevettes roses, les crevettes grises , dans les bourriches, mettaient , au milieu de la douceur effacée de leur tas, les imperceptibles boutons de jais de leurs milliers d’yeux ; les langoustes épineuses, les homards tigrés de noir’ vivants encore, se traînant sur leur pattes cassées, craquaient.

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L’été est propice aux relectures, dans toutes les bibliothèques il traîne un roman de Zola. J’ai lu autrefois tous les Rougon Macquart, certains m’ont laissé un souvenir très précis. Ils flottent dans ma mémoire des scènes variées , souvent tragiques, comme la fin de Gervaise dans « L’assommoir » , parfois sensuelles, comme les émois de Lantier remontant dans l’ascenseur de la mine contre le corps de Catherine Maheu, presque toujours trop chargées en tragédies violentes. Le seul roman que j’ai relu sans déplaisir c’est « Au bonheur des dames », enfin un roman qui ne décrit pas que la noirceur de l’âme humaine.

J’avais complétement oublié « le ventre de Paris » et en le relisant j’ai facilement compris pourquoi. A l’époque, si je dévorais les romans, je sautais allégrement les descriptions trop longues qui m’ennuyaient, je ne me souvenais donc d’un héros, Florent, trop naïf et sans défense qui ne m’avait guère intéressée. Or le personnage principal du roman, ce n’est pas lui, mais les Halles que Zola, nous décrit avec une passion peu commune. Il y voit le symbole même de la bourgeoisie du second empire, engoncée dans ses certitudes et son embonpoint, et qui corrompt tout ce qu’elle touche. Les fruits sont tous au bord de la décomposition, les produits laitiers sentent trop fort, les viandes dégoulinent de graisses et d’odeurs répugnantes. Le seul personnage positif qui aurait pu sauver Florent (désolée de « divulgacher » ainsi la fin du roman) est une certaine Françoise qui cultive des beaux légumes frais aux portes de Paris, mais il suffit qu’ils passent la porte de halles pour qu’aussitôt ils se transforment en trognons, épluchures, et autres objets répugnants.

En lisant ce roman j’ai pensé qu’il constituait une mine de renseignements pour des reconstitutions historiques. A côté de ce Florent doux rêveur révolutionnaire, se dresse Lisa , la belle charcutière. Zola veut nous montrer « que ces gredins d’honnêtes gens » comme les traite Claude Lantier , peintre de son état (il sera le personnage principal de « l’œuvre »), sont des gens monstrueux à leur manière. Le pari est difficile car la belle Lisa, est avant tout une femme travailleuse, honnête et attachée à sa famille. Mais derrière cette apparence douceur se cache une violence implacable qui sera fatale à celui qui ne rentre pas dans son cadre de pensée.

Tous les personnages ou presque sont remplis d’une haine rancunière abominable , c’est un monde de femmes où toutes les passions se déchaînent sans aucune retenue, bref c’est du « Zola ». Je me suis dit que je n’aurais pas aimé expliquer ce roman à des jeunes aujourd’hui, car quelque soit les défauts de la belle charcutière, c’est une femme qui aime son travail et veut le bien de sa famille.

Citations

La belle charcutière

Il pardonnait à Lisa ses tendresses pour l’empereur, parce que disait-il, il ne faut jamais causé politique avec les femmes, et que la belle charcutière était après tout , une femme très honnête qui faisait aller joliment son commerce.

La religion de Lisa

Aussi lorsque Lisa allait dans une église, elle se montrait recueillie. Elle avait acheté un beau paroissien, qu’elle n’ouvrait jamais, pour assister aux enterrements et aux mariages. Elle se levait , s’agenouillait , aux bons endroits, s’ appliquant à garder l’ attitude décente qu’il convenait d’avoir. C’était pour elle une sorte de tenue officielle que les gens honnêtes, les commerçants et les propriétaires devaient garder devant la religion.

Les honnêtes gens

Ma conscience ne me reproche rien. Je ne dois pas un sou, je ne suis dans aucun tripotage, j’achète et je vends de bonne marchandise , je ne fais pas payer plus cher que le voisin… Alors pourquoi parles-tu de renverser le gouvernement, qui te protège et te permets de faire des économies ? Tu as une femme, tu as une fille, tu te dois à elle avant tout. Tu serais coupable, si tu risquais leur bonheur. Il n’y a que les gens sans feu ni lieu, n ayant rien à perdre, qui veulent le coup de fusil. Tu n’entends pas être le dindon de la farce peut être ? Reste donc chez toi, grande bête, dors bien , mange bien, gagne de l’argent, aie la conscience tranquille, dis-toi que la France se débarbouillera toute seule , si l’Empire la tracasse. Elle n’a pas besoin de toi la France.

La pauvreté

On trouve toujours quelqu’un pour vous payer à boire, on ne rencontre jamais personne qui vous paie à manger.

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Et oui ! le père Noël parisien qui commençait à souffrir de me voir monter les marches des appartements perchés dans les étages – à Paris, on doit choisir entre plus de surface et moins d’ascenseur !- a eu l’ idée de m’offrir un Kindle !

J’entends déjà toutes vos dents grincer ! Comment un Kindle, mais ne sait-elle pas qu’elle va en s’alliant à « A—–N », détruire un peu plus le réseau des librairies de quartier. Si j’étais malhonnête , je me cacherais derrière le père Noël et nierais toute responsabilité dans ce choix ( ce qui est vrai !) mais bon , je l’ai quand même essayé. Ne serait-ce que par politesse ! Un cadeau, c ‘est un cadeau.

Vous attendez tous et toutes mon verdict ! Je vais encore faire grincer des dents ! C’est tout simplement merveilleux ! J’explique : je n’ai, pour l’instant, chargé que des livres gratuits d’où « le rouge et le noir ». Je l »ai donc relu ce que je n’aurais jamais fait sans ce cadeau. Le confort de lecture est… total, et, surtout pour moi qui ai trop tendance à faire confiance à ma mémoire, ce format oblige une lecture très attentive : je n’ai rien zappé ce que je fais facilement quand je sens que je l’ai déjà lu.

J’ai été sidérée par tout ce que j’avais oublié de ce diable de Stendhal. Dans mes souvenirs, « Le rouge et le noir » était surtout un superbe roman d’amour , j’avais oublié toute la critique de la société de l’époque. En particulier de la religion. La description de la formation des séminaristes est irrésistible, c’est à la fois drôle, triste et sans doute, tellement vrai. Il est si difficile de cacher son intelligence et essayer d’épouser un modèle social quel qu’il soit lorsqu’on a un sens critique développé c’est une cause vaine aujourd’hui encore.

Bien sûr, j’ai relu avec plaisir la scène où Julien retient la main de Madame de Rénal sous les yeux de son mari à la faveur de l’obscurité d’une belle soirée d’été. Je crois que ce passage était dans mon Lagarde et Michard, je n’en suis plus si sûre mais je n’ai pas oublié mes premiers émois érotiques que j’avais ressentis à l’époque. En le relisant, l’émotion est toujours là et je suis certaine que « le rouge et le noir » peut toucher les adolescents de notre époque , je me demande même si ce n’est pas le romancier du 19° qui a le moins vieilli.

Une chose m’a amusée que j’avais complètement oublié, de temps en temps Stendhal intervient directement dans son roman et prend à partie son lecteur. Il dit parfois (en substance) : maintenant que vous avez compris je ne vais pas continuer à vous expliquer ! Roman à lire et à relire, pas forcément en format Kindle encore que… C’est sûrement grâce à ce format que ma lecture a été si attentive et donc, comme il s’agissait de Stendhal, si pleine de plaisir. Alors merci Morgan (mon père Noël de cette année).

Citations

 Et vlan pour ceux qui sont si fiers de leur mémoire

 Avec une âme de feu, Julien avait une de ces mémoires étonnantes si souvent unies à la sottise.

 La supériorité de la nécessite sur l’intelligence et le talent de Stendahl :

Après une conversation savante de deux grandes heures , où pas un mot ne fut dit au hasard , la finesse du paysan l’emporta sur la finesse de l’homme riche , qui n’en a pas besoin pour vivre.

L’imaginaire et le réel

Égaré par toute la présomption d’un homme à imagination , il prenait ses intentions pour des faits , et se croyait un hypocrite consommé . Sa folie allait jusqu’à se reprocher ses succès dans cet art de la faiblesse.

 La vocation religieuse

Le reste des trois cent vingt et un séminaristes ne se composaient que d’êtres grossiers qui n’étaient pas bien sûrs de comprendre les mots de latins qu’ils répétaient tout le long de la journée . Presque tous étaient des fils de paysans, et ils aimaient mieux gagner leur pain en récitant quelques mots en latins qu’en piochant la terre. 

 J’adore cette phrase, elle me fait penser à des gens que je connais qui savent d’où vous venez si vous utilisez le verbe « manger » à la place de « déjeuner » ou « dîner »

Au séminaire , il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote.

 La noblesse

Il y avait trop de fierté et trop d’ennui au fond du caractère des maîtres de la maison ; ils étaient trop accoutumés à outrager pour se désennuyer , pour qu’ils puissent espérer de vrais amis. Mais exceptés les jours de pluie, et dans les moments d’ennui féroce, qui étaient rares, on les trouvait toujours d’une politesse parfaite.

La peur de dire ce qu’il ne faut pas. Problème de censure et surtout de propos déplacés

Les jeunes gens qui venaient rendre des devoirs , ayant peur de parler de quelque chose qui fît soupçonner une pensée, ou de trahir quelque lecture prohibée, se taisaient après quelques mots bien élégante sur Rossini et le temps qu’il faisait.

 L ‘originalité à tout prix !

Je ne vois que la condamnation a mort qui distingue un homme , pensa Mathilde : c’est la seule chose qui ne s’achète pas.

Réellement mon mot a de la profondeur. La condamnation à mort est encore la seule chose que l’on ne se soit pas avisé de solliciter.

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Romain Gary a enchanté toute ma jeunesse, j’ai aimé ses livres avec passion, j’y trouvais l’aventure la réflexion sur la vie, l’humour et la tendresse. J’ai choisi de relire « la promesse de l’aube » et j’ai immédiatement tout retrouvé , même mes souvenirs. La vie de Romain Gary est intimement liée a son oeuvre , et sa vie est la quintessence des horreurs du 20e siècle.

Grâce à l’affection de sa mère, il traversera toutes les épreuves comme protégé par un bouclier d’amour. Il deviendra cet homme au destin incroyable ,lui, le petit réfugié russe élevé dans l’amour de la France. Cela ne l’empêche pas d’ouvrir des yeux amusés et parfois tristes sur les petitesses de ce grand pays qui a bien du mal à accueillir un amour un peu encombrant.

À la relecture j’ai été surprise des notes de désespoir qui s’y trouvent, mais il est vrai que je connais aujourd’hui la fin de l’histoire, et le suicide de l’auteur plane maintenant sur son oeuvre. Je sais que Romain Gary a toujours de jeunes lecteurs. Ça ne m’étonne pas car il sait embarquer son lecteur dans un roman à la fois drôle et tragique ; il sait raconter une histoire et nous faire réfléchir sur la condition humaine.

Citations

Grandeur et limite de l’amour maternelle

 Avec l’amour maternel, la vie vous fait une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur , ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné.

 Humour du fils et démesure de la fierté d’une mère

– Tu seras ambassadeur de France , c’est ta mère qui te le dit.
Tout de même, il y a une chose qui m intrigue un peu. Pourquoi ne m’avait- elle pas fait Président de la République pendant qu’elle y était ? Peut-être y avait-il , malgré tout, chez elle, plus de réserve, plus de retenue, que je ne lui en accordais.

 Des formules qu’on aimerait retenir

Mais enfin, la véritable tragédie de Faust, ce n’est pas qu’il ait vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c’est qu’il n’y a pas de Diable pour vous acheter votre âme. Il n’y a pas preneur.

 J ‘ai rencontré des hommes comme ça

 J’étais donc loin de soupçonner qu’il arrive aux hommes de traverser la vie, d’occuper des postes importants et de mourir sans jamais parvenir à se débarrasser de l’enfant tapi dans l’ombre, assoiffé d’attention, attendant jusqu’à la dernière ride une main douce qui caresserait sa tête et une voix qui murmurerait : « oui mon chéri, oui, Maman t’aime toujours comme personne d’autre n’a jamais su t’aimer. »

  Ne sommes pas tous comme lui ?

J’ai toujours éprouvé une insurmontable répugnance à faire de la peine à autrui, ce qui doit être chez moi un signe de faiblesse et un manque de caractère.

 Des amours compliqués et toujours autant d’humour

Et la somme fabuleuse de cent cinquante dollars qui me fut versée me permit de faire un voyage en Suède, à la poursuite de Brigitte, que je trouvai mariée. J’essayai de m’ arranger avec le mari, mais ce garçon n’avait pas de coeur.

Je me demande si je n’ai pas raté l’homme de ma vie en lui parlant de Proust

Je me contentai donc de lui caresser doucement les lèvres du bout des doigts, pour tenter d’interrompre le flot de paroles, cependant que, par un regard expressif, je l’invitai à un silence tendre et langoureux, au seul langage de l’âme. Elle immobilisait mes doigts dans les siens et repartait dans une dissertation sur le symbolisme de Joyce. Je compris brusquement que mon dernier quart d’heure allait être un quart d’heure littéraire. L’ennui par la conversation et la bêtise par l’intellect sont quelque chose que je n’ai jamais pu supporter.

Cette belle phrase, pour finir

La vie est jeune. En vieillissant, elle se fait durée, elle se fait temps, elle se fait adieu.

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J’avoue avoir du mal à mettre des coquillages à ce chef d’œuvre de la littérature, il faudrait que je crée une nouvelle catégorie ! Voici la raison de mon relatif silence littéraire sur mon blog : j’ai entrepris de relire très attentivement « le Voyage » comme il faut dire, pour faire bien dans les salons branchés !

J’ai mis du temps à découvrir Céline, je n’arrivais pas à passer au-delà de son antisémitisme virulent ni de ses positions pro-nazi Quand j’ai , il y a bien vingt ans, lu « le Voyage » (à mon avis le seul livre de Céline qui vaille vraiment la peine) , j’avais ressenti une très forte émotion. Un profond désespoir d’abord devant tant de misère et de petitesses humaines, j’ai cru y lire la pente naturelle pour la détestation de toute l’humanité. Et en même temps une admiration sans limite pour son style.

J’ai retrouvé intactes ces deux sentiments, mais, comme ma lecture a été plus attentive, je me suis régalée de petits moments qui semblent comme des croquis pris sur le vif des comportements humains. Si vous voulez sourire, relisez la discussion sur la constipation, c’est gratiné ! Mais il y a aussi de grands moments, par exemple, l’absurdité de la guerre 14 /18, cela n’a jamais été aussi bien racontée.

La dénonciation du colonialisme est extraordinaire, nous sommes en 1931, je pense que personne n’était aussi clairvoyant que lui à cette époque ». C’est d’autant plus étonnant que Céline n’est pas dans une position humaniste « pro-noirs », il décrit simplement la turpitude des uns et des autres. Mais on comprend que c’était impossible qu’une telle exploitation et un tel mépris des populations africaines puissent continuer éternellement.

La misère des pauvres gens du Rancy est terrible également, j’avoue que je trouve un peu long la fin du roman et je supprimerais bien le passage dans la clinique psychiatrique. Au milieu des peintures de gens aigris, mauvais, calculateurs, intéressés, cruels vis des faibles, sentant mauvais, pervers … et j’en passe, deux beaux portraits d’être sensibles : Aristide qui laisse sa santé en Afrique pour offrir à une petite nièce une éducation convenable et Molly la prostituée intelligente et sensible que Ferdinand n’a pas eu le courage d’aimer.

Bref un roman qu’il faut lire et relire, et je ne comprends toujours pas pourquoi cet homme si génial est devenu antisémite, raciste et pro-nazi.

Alors voilà, on peut détester un homme et qu’il soit un très grand écrivain, même si, pour moi, il n’est l’écrivain que d’un livre. Je vais mettre beaucoup de citations certaines sont dans ma tête pour toute la vie, d’autres me font sourire où me rendent triste c’est selon. Dans tous les cas, il a un art de dire les choses qui , souvent, fait mouche. Ma préférée à cette relecture :  » Les femmes des riches, bien nourries, bien menties, bien reposées, elles deviennent jolies. Ça c’est vrai. Après tout ça suffit peut-être. On ne sait pas. Ça serait au moins une raison pour exister. »

(Je comprends bien le plaisir de Fabrice Lucchini à dire du Céline )

 Citations

C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.

 

L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches

 

Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui mènent nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre, c’est à ne pas y tenir.

 

Dans ce métier d’être tué, faut pas être difficile, faut faire comme-si la vie continuait, c’est ça le plus dur, ce mensonge.

 

En transe de bêtise inquiète qu’elle était. Ça dure longtemps ces états là.

 

Un cerveau c’est un tyran comme y a pas.

 

Ce n’est pas qu’elle fût laide Madame Puta, non, elle aurait même pu être assez jolie, comme tant d’autres, seulement elle était si prudente, si méfiante, qu’elle s’arrêtait au bord de la beauté, comme au bord de la vie, avec ses cheveux un peu trop peignés , un sourire un peu trop facile et soudain, des gestes un peu trop rapides ou un peu trop furtifs

 

 
Il y a un moment où on est tout seul quand on est arrivé au bout de tout ce qui peut vous arriver. C’est le bout du monde. Le chagrin lui-même, le vôtre, ne vous répond plus rien et il faut revenir en arrière alors parmi les hommes, n’importe lesquels. On n’est pas difficile dans ces moments là car même pour pleurer il faut retourner là où tout recommence, il faut revenir avec eux.

 

On n’est jamais mécontent qu’un adulte s’en aille, ça fait toujours une vache de moins sur terre, qu’on se dit, tandis que pour un enfant, c’est tout de même moins sûr. Il y a l’avenir.

 

Ne croyez jamais d’emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s’ils peuvent dormir encore…si oui, tout va bien. Ça suffit.

 

Je ne connaissais que des pauvres, c’est-à-dire des gens dont la mort n’intéresse personne.

 

Nous voguions vers l’Afrique, la vraie, la grande ; celle des insondables forêts, des miasmes délétères, des solitudes inviolées, vers les grands tyrans nègres vautrés aux croisements des fleuves qui n’en finissent plus.

 

Par exemple à présent c’est facile de nous raconter des choses à propos de Jésus-Christ. Est-ce Qu’il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ. J’ai l’idée que ça n’aurait pas duré longtemps son truc s’il avait fait caca en public. Très peu de présence tout est là, surtout pour l’amour.

 

Pour les ravigoter, on les remonte les riches, à chaque dix ans, d’un cran dans la légion d’Honneur, comme un vieux nichon et les voilà occupés pour dix ans encore.

 

Le voyage c’est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons.

 

La vie c’est un petit bout de lumière qui finit dans la nuit.

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5
Cinq coquillages sans aucune hésitation pour ce livre qui rend les mythes grecs abordables et passionnants. Je conseille ce livre facile d’accès à toutes celles et tous ceux qui veulent un premier aperçu de la mythologie grecque, on y trouve des réflexions pratiquement philosophiques et des récits ô combien passionnants. Jean-Pierre Vernant le dit lui-même dans son introduction, il avait été sollicité par son petit fils pour raconter des histoires, spécialiste de l’antiquité grecque, il lui a raconté celles qu’il connaissait le mieux : les légendes et les mythes fondateurs de notre civilisation.

Quelle chance a eue cet enfant ! Puisqu’il a été écrit après cette expérience de transmission orale, ce livre a deux grandes qualités : il est érudit sans être complexe et il retrouve un des aspects de la civilisation grecque, le plaisir du conte. Jean-Pierre Vernant en conteur cela devait être merveilleux, on le sent bien, il prend à partie les Dieux, il s’amuse avec un esprit d’une insolence joyeuse qui rend le récit très vivant.

Mon petit fils me demande aussi les histoires d’Ulysse, et c’est pour lui que je me suis replongée dans ce livre pour mon plus grand plaisir.

Citations

 L’un des traits de l’existence humaine c’est la dissociation entre les apparences de ce qui se laisse voir, se laisse entendre, et puis les réalités.

 

Ulysse ne résiste pas au plaisir de la vantardise et de la vanité. Il lui crie : « Cyclope, si on te demande qui a aveuglé ton œil, dis que c’est Ulysse, fils de Laërte, Ulysse d’Ithaque, le pilleur de ville, le vainqueur de Troie, Ulysse aux mille tours ? » Naturellement, quand on crache en l’air, cela vous retombe sur le nez.

 

Les histoires concernant Dionysos prennent un sens un peu particulier quand on réfléchit à cette tension entre le vagabondage, l’errance, le fait d’être toujours de passage, en chemin, voyageur, et le fait de vouloir un chez-soi, où l’on soit bien à sa place, établi, où l’on ait été plus qu’accepté : choisi.

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Traduit de l’anglais par Rita BARISSE-VERCORS

5
Je suis toujours dans mes rangements de bibliothèque … Je n’avance pas beaucoup, il faut dire que j’ai une fâcheuse tendance à relire mes livres préférés. Comment se fait-il que celui-là ne soit pas déjà sur mon blog ?

J’ai rarement autant ri à la lecture d’un livre. Si vous êtes un bon conteur vous saurez animer vos soirées avec les histoires d’Edouard père d’Ernest qui finira mangé par son fils effectivement ! Personnellement, je n’y arrive pas car je ris trop pour expliquer pourquoi ça me fait autant rire, heureusement il y a souvent quelqu’un qui connaît et qui peut finir mon histoire.

Nous sommes pendant la préhistoire et nous vivons en direct la domestication du feu, bien loin des livres savants ou terribles (je pense à la guerre du feu par exemple) sur le même sujet, Roy Lewis a donné à ses personnages une langue moderne et des attitudes contemporaines, le tout rend son roman absolument irrésistible. Il faut, aussi, souligner que ce livre permet de se faire une idée assez exacte des nécessités de l’évolution de la race humaine. La misère physique et morale dans laquelle est plongée la tribu au début de leur aventure est bien rendue, sans le feu l’homme est la proie de tous les prédateurs et ils sont nombreux !

Personnellement j’ai un petit faible pour l’oncle Vania, l’écolo de service qui refuse le progrès surtout le feu, et encore plus son usage pour griller la viande, mais qui vient exposer ses théories de vie en harmonie avec la nature en profitant de la chaleur du foyer et en dégustant les meilleurs morceaux de viande grillée. J’ai adoré également la conquête amoureuse d’Ernest et les ruses de Griselda pour lui faire croire qu’il était bien le mâle dominant.

Je ne sais pas s’il y a encore des gens qui n’ont pas lu ce livre, précipitez-vous une soirée de bonne humeur assurée !

Citations

 Back to the trees ! clama-t-il en cri de ralliement. Retour aux arbres !

 

Malgré ce qu’il avait dit Oncle Vania revint nombre de fois répéter ses exhortations contre le feu- quoique de préférence, je le remarquai, par les soirées froides ou pluvieuses.

 

J’ai fini par atteindre la Palestine. C’était en pleine bagarre.
– Entre qui ?
– Entre immigrant d’Afrique et Néanderthaliens.
– Pas assez de gibier ? demanda père
– Que si ! tout abonde dans ce pays, il pisse le lait et le miel. Mais il y a quelque chose dans l’air qui vous rend agressif. Ils se battaient et s’appariaient. Drôle de jeu.

– C’est plus ou moins la même chose, dit père. Mais faut surveiller ça : en plein pléistocène, des singes velus qui se croisent en Palestine avec des singes pelés, savoir ce que ça va donner ?
– Des prophètes barbus vivant de miel et de sauterelles, m’aventurai-je à dire
– N’essaie pas de faire de l’esprit ce n’est pas ton genre grommela père.

On en parle

Excusez du peu, un article dans Wikipédia !

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Traduit de l’anglais par Isabelle Stoianov.

5
L’avantage du club de lecture c’est la redécouverte des grands classiques. Je l’ai relu attentivement et j’ai franchement adoré, encore une fois ! Le début est un peu lent et l’histoire ne se met en place qu’au tiers du livre. Mais ensuite on se rend compte que tout avait de l’importance.

Les chroniques d’une petite ville en Alabama avant la deuxième guerre mondiale sont très savoureuses et comme tout est vu à travers les yeux d’une enfant de six ans c’est souvent drôle et émouvant : les ragots, les familles où on sait tout sur tout le monde, les sectes religieuses, les méthodes scolaires, les vieilles filles qui ont leur mot à dire sur l’éducation des enfants, et surtout la condition des noirs.
Le père, Atticus, élève seul ses deux enfants et leur donne des valeurs humanistes dans une petite ville où le racisme est de règle. Commis d’office pour défendre un noir innocent mais accusé du viol d’une femme blanche, sa vie et celle de ses enfants va devenir très compliquée.

On ne peut pas s’empêcher d’adorer Atticus, c’est un beau personnage. Je pense qu’on ne peut pas l’oublier, ni comme père, ni comme avocat. Grâce à ce livre, on comprend mieux d’où vient l’Amérique, j’ai beaucoup pensé au temps où nous chantions surtout quand l’auteur évoque les enfants métis et une fois encore je me suis réjouie de la victoire d’Obama.

Citations

Les garçons furent donc convoqués pour trouble à l’ordre public, voies de fait, injures et blasphèmes en présence du sexe féminin. Le juge interrogea Mr Conner sur la raison de ce denier chef d’accusation ; celui-ci répondit qu’ils avaient juré si fort qu’il était sûr que toutes les dames de Maycomb les avaient entendus.

 

Tu es trop petite pour comprendre, mais parfois, la Bible est plus dangereuse entre les mains d’un homme qu’une bouteille de whisky entre celles de ton père.

 

Je voulais que tu comprennes quelque chose, que tu voies ce qu’est le vrai courage, au lieu de t’imaginer que c’est un homme avec un fusil à la main. Le courage, c’est de savoir que tu pars battu, mais d’agir quand même sans s’arrêter. Tu gagnes rarement mais cela peut arriver.

 

– C’est quoi un métis ?
– Un enfant à moitié blanc, à moitié noir … ils sont tristes
– Pourquoi tristes ?
– Parce qu’ils n’appartiennent à aucune communauté. Les gens de couleur n’en veulent pas parce qu’ils sont à moitié blancs ; les Blancs n’en veulent pas parce qu’ils sont de couleur.

 

– Hé, faut pas nous bourrer la caisse ! dis-je
– Je te demande pardon ?
– Ne fais pas attention, intervient Atticus. Elle essaie de te provoquer. Cal dit qu’elle jure en parfait argot depuis une semaine maintenant.
Oncle Jack haussa les sourcils mais ne dit rien. En dehors du charme foncier de tels mots, j’agissais en application de la vague théorie que, si Atticus découvrait que je les avais appris à l’école, il ne m’y enverrait plus.

On en parle

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