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Traduit (et très bien traduit) de l’américain par Pierre FURLAN.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

5
Je n’aime pas les nouvelles, voilà qui est dit ! Alors pourquoi ces cinq coquillages ? Parce que cet auteur que je ne connaissais pas, est tout simplement extraordinaire, les moins de 40 ans diraient « génial ». Je déteste passer d’une histoire à une autre, surtout quand j’étais bien dans un univers, j’ai besoin de reprendre ma respiration. Je ne lis pas deux romans à la suite, j’ai besoin au moins d’une nuit pour changer d’univers, pour les nouvelles c’est pareil. Abandonner deux amies, l’une mariée à un Frank qui ne fait pas le poids face aux charmes qu’offre la liberté d’un récent veuvage de l’autre , pour aller vers un barmaid qui est le champion des cocktails, c’est pénible. Malgré toutes les qualités de l’écrivain cela reste un problème pour moi, mais j’ai adoré ses nouvelles . Un peu comme Carver ou comme Hooper, Russel Banks peint un pays dans toute sa variété quotidienne, les gens qui s’ennuient en couple ou seuls, ceux qui auraient aimé tromper leur femmes, et ceux qui le font. Les récits n’ont pas forcément de chute, parfois rien de grave ne s’y passe, parfois si.

Les portraits sont criants de vérité, cet écrivain sait capter l’attention du lecteur en quelques phrases, c’est très important pour des nouvelles surtout au début, car sinon on reste dans l’atmosphère du récit précédent un peu trop longtemps. On vit au rythme des retraités qui préfèrent le soleil de Miami aux froidures du nord. On appelle ces gens « les oiseaux des neiges », et une des nouvelles porte ce titre, c’est une de mes préférées. La scène de l’urne funéraire est très réussie. Je note d’ailleurs que les urnes funéraires sont de bons sujets littéraires. J’ai été très émue par cet ancien marine, qui est resté digne toute sa vie, mais qui ruiné, a trouvé une mauvaise solution pour que ses enfants n’en sache rien, et par cette femme noire qui essaie de réaliser le rêve de sa vie : acheter une voiture d’occasion et se retrouve coincée derrière les grilles du garage gardé un chien féroce. Toutes ces nouvelles pourraient être le script d’un film, tant les personnages sont vivants.

On n’est pas dans l’Amérique des perdants,même si une nouvelle parle de la drogue, la violence affleure sans être omniprésente, mais ce n’est pas non plus l’image des gens qui réussissent , ou alors c’est juste le moment d’avant ou d’après. Les gens ne sont souvent pas exactement ce qu’ils semblaient être. Une des nouvelles, la plus courte, montre combien on se raconte parfois des histoires sur une personne rencontrée par hasard. A partir d’une simple liste de courses, l’homme croit comprendre la détresse d’une femme qui finalement le taxera de vingt dollars pour se payer sa dose de drogue. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle où il se passe si peu de choses.

Si je ne suis pas réconciliée avec le genre littéraire (les nouvelles) je sais, en revanche, que je viens de découvrir un écrivain de grand talent.

Citations

Les maisons de retraite

On en parle

Chez Clara.

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 Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patricia REZNIKOV.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Lire ce livre, c’est prendre le risque de vous décourager de mettre les pieds au Mexique. Je ne sais pas si ce pays réussi à préserver son tourisme, mais ce n’est pas ce roman qui pourra contribuer à son renom. La vie des habitants de ce village est complètement contrôlée par les barons de la drogue, et la pire catastrophe qui puisse vous arriver c’est de naître fille. Et surtout d’être belle, votre destinée est alors toute tracée, vous servirez de prostituée dans des bordels pour les narco-trafiquants.

Le roman est raconté du point de vue de Ladydi, prénom donné par solidarité entre femmes trompées par leurs maris respectifs, le Prince Charles ayant peu de points communs -si ce n’est sa double vie – avec celui de la maman de Ladydi !. Le regard de l’enfant permet de supporter ce récit absolument atroce, elle garde une certaine fraîcheur au milieu de toutes ces souffrances. Tout ici n’est que raquette, violence, viol, meurtre. La moindre douceur disparaît trop vite, à l’image des hommes qui sont assassinés ou tueurs ou dans le meilleur des cas ont fui aux États-Unis. Son rapport à sa mère est conflictuel , c’est compliqué d’aimer une mère ivre la plupart du temps ! Mais on sent beaucoup d’affection entre elles. Ladidy connaîtra tant de malheurs dans sa courte vie, jusqu’à la prison, mais curieusement , c’est dans cet endroit qu’elle fera des rencontres les plus intéressantes et qui l’aideront certainement à grandir. La fin apporte une petite lueur d’espoir , je vous la laisse découvrir.

Si on aime ce roman, ce n’est pas pour ses qualités littéraires, mais parce que grâce à une fiction, Jennifer Clement a su donner corps à une réalité que l’on connaît, mais que l’on préfère oublier. Quand un état est lié au trafic de la drogue, ou le supporte, ou n’arrive pas à l’éradiquer, les populations les plus faibles, sont alors soumises au pouvoir de gangsters de la pire espèce et les plus faibles ce sont comme toujours : LES FEMMES et LES ENFANTS !. Le Mexique et ses trafiquants sont là, présents dans cette histoire, et les conséquences de leur pouvoir sur ce petit village s’apparentent à une catastrophe humanitaire. A chaque fois que je lis un livre sur la drogue, je me demande comment faire pour que les drogués de nos pays se rendent compte que leur dépendance fait vivre la lie de la terre .

Citations

La fuite des hommes et des pères

Il a mis son bras autour de mon épaule et sa peau était encore plus brûlante que la mienne……

Et puis il a dit.
-Toi et ta maman vous êtes trop bien pour moi. Je ne vous mérite pas.

– Ce fils de pute ! a dit ma mère pendant des années.

Elle n’a jamais plus prononcé son nom. Il est devenu le Fils de Pute pour toujours.

Puis mon père a cessé de nous envoyer une traite tous les mois des États-Unis. nous étions trop bien aussi pour son argent, j’imagine.

Les prières à Dieu

Depuis que j’étais enfant, ma mère me disait de faire des prières pour demander des choses.

Ne demande jamais l’amour et la santé, ou de l’argent. Si Dieu entend ce que tu désires vraiment, tu ne l’auras pas. Garanti.

Quand mon père nous a quitté, ma mère a dit :

Mets-toi à genoux et demande des petites cuillères.

Le mensonge

Ma mère plaçait le mensonge dans la même catégorie que le vol. Pourquoi dire la vérité si on pouvait mentir ? C’était là sa philosophie. Si ma mère prenait le car, elle disait qu’elle pavait pris un taxi.

Prison plus douce que la liberté

– Il y en a qui préfèrent le dedans au dehors. Cette prison est le meilleur endroit que je connaisse. Dans mon village, le gouvernement a massacré tout le monde.
– Au Guatemala ?

– En deux ans, j’ai perdu presque toute ma famille. Je me promenais persuadée que j’allais prendre une balle à tout moment. Une balle, comme ça, sans prévenir.

Le Mexique le royaume de la drogue

J’ai repensé à notre petit de terre furieuse qui autrefois hébergeait une vraie communauté, mais qui avait été détruite par le crime organisé des trafiquants de drogues et l’immigration aux États-Unis. Notre petit bout de terre furieuse s’était métamorphosé en une constellation brisée et chaque petite maison avait été réduite en cendres.

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 Traduit de l’américain par Marie-Odile Fortier-Masek.

3
J’ai lu plusieurs romans de cette auteure sans jamais m’enthousiasmer. Dans ce roman, Tracy Chevalier nous faire revivre l’époque des suffragettes en Grande Bretagne. Avec ,comme fil conducteur, l’amitié de deux fillettes, Maude et Lavinia qui viennent de la classe aisée de Londres. On y côtoie également la misère, grâce à Simon le fils du fossoyeur et Jenny l’employée de maison qui finira dans la plus grande des pauvretés après avoir eu un enfant illégitime. Pour régner sur les bonnes conventions une Grand-mère acariâtre et malfaisante.

Tracy Chevalier donne la parole à tous les protagonistes de cette histoire cela permet d’affiner les portraits mais donne une allure un peu décousue au roman. Chaque chapitre le lecteur doit changer de personnage principal. La réalité devient complexe et comme dans la vie le mal et le bien ne sont pas si simples à distinguer. La militante féministe n’est pas une mère très agréable, et la voisine qui est une bonne mère est cruche à souhaits. La grand mère est horrible, coincée dans ses valeurs de bourgeoise anglaise elle se fiche du bonheur des siens pourvu que les conventions soient respectées. Et les hommes ont l’air bien dépassés par une lutte qui les concerne de très loin.

Je me demande pourquoi cette romancière m’ennuie toujours un peu ? Ses romans m’apparaissent comme une machine bien huilée qui tourne très bien toute seule, en tout cas sans moi, c’est certain.

Citations

La condition de la femme en Grande Bretagne en 1900

Assise à la fenêtre, je l’ai regardé s’éloigner , et j’ai éprouvé cette même jalousie dont je souffrais jadis en voyant mon frère partir au collège. Il n’avait pas sitôt disparu à l’angle de la rue que je me suis retournée et à la vue de cette pièce tranquille et silencieuse, à la lisière de cette ville qui est le centre du monde, je me suis mise à pleurer. J’avais vingt ans et ma vie s’était figée, dans une interminable ornière sur laquelle je n’avais aucun contrôle.

Les jugements de sa belle mère, jugeant le « bovarysme » de sa bru

Dieu sait que j’ai toujours dit à mon fils que vous ne seriez pas heureuse . Combien de fois lui ai-je répété :  » Épouse-la si tu y tiens, mais elle ne sera jamais satisfaite !  » J’avais raison. Vous voulez toujours davantage , mais vos idées ne vous disent pas quoi. »

J’ai souvent éprouvé cela quand j’étais enfant

Il n’y a rien de plus exaspérant que quelqu’un qui ne s’aperçoit pas que vous le punissez. À vrai dire, j’avais plutôt la sensation d’être celle que l’on punissait.

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Traduit de l’anglais (États -Unis) par Cécile Arnaud.

5
A propos du dernier livre de Stephen Grennblatt, j’ai vu que Dominique et Keisha (mais je n’ai pas trouvé son article) se souvenaient de ce roman, Quattrocento que je ne connaissais pas. Je l’ai acheté avec mon Kindle, ce qui pour une fois, était vraiment moins cher que le roman papier. Le budget, ça compte, même pour une passionnée de lecture ! Je suis contente de l’avoir en format Kindle car je relirai ce livre, c’est certain.

J’ai été pendant plus d’une semaine totalement prise par cette lecture. C’est un livre difficile à classer, je pensais suivre la vie du Pogge (Poggio Bracciolini) découvreur de textes antiques en particulier en 1417 du poème de Lucrèce « de Natura Rerum ». Mais en réalité c’est beaucoup plus l’histoire de la renaissance face à l’obscurantisme religieux dont parle ce livre. Certes, on apprend également comment a vécu Le Poggio, pourquoi il souhaitait tant retrouver les textes latins. J’ai admiré son talent de copiste et surtout son art de se faire une place à travers toutes les intrigues de la cour papale. La description de la vie à la curie romaine est un haut moment d’étalage de vices et de cruauté plus raffinés les uns que les autres. Et au milieu de tout cela, une poignée d’hommes , ceux qu’on appelle les humanistes veulent retrouver les textes latins, car ils pensent y retrouver l’intelligence, la beauté et la liberté de penser. Pour Stephen Greenblatt, l’évènement qui a permis au monde de sortir de l’obscurantisme chrétien c’est la découverte de la pensée de Lucrèce. L’église a tout fait pour empêcher que cette pensée puisse s’exprimer , mais l’intelligence de Lucrèce a réussi à s’imposer au monde, jusque, nous dit-il, dans la constitution américaine.

Avec ce livre, nous passons donc d’une période à l’autre, notre fil conducteur sera l’épicurisme et la philosophie antique. C’est l’occasion pour l’auteur de montrer comment on a, peu à peu, perdu ces textes, pourtant Rome possédait des bibliothèque, et l’antiquité respectait la philosophie et la liberté de penser. Un des épisodes racontés dans ce livre, m’a fait froid dans le dos . 350 ans après JC, Alexandrie possède encore une belle bibliothèque et connaît une riche vie intellectuelle . Une femme Hypatie est considérée comme une autorité en matière philosophique, comme elle est païenne, un chrétien Cyrille excite un groupe de fanatiques pour la tuer de façon atroce. Et pour ces hauts faits, Cyrille est devenu un saint catholique…

Ensuite nous passons du temps dans les abbayes et les couvents ramassis de fanatiques abrutis et hypocrites, pour Le Poggio. Mais heureusement, leur ignorance ou leur peur du paganisme a permis à quelques livres latins d’être sauvés. Puis voilà la renaissance avec malheureusement l’inquisition qui s’installe, celle-là même qui empêchera Galilée de dire que la terre tournait autour du soleil.

Que faire alors de Lucrèce qui pense que l’homme n’est qu’un élément de la nature. Et que les dieux , s’ils existent ne s’occupent pas des hommes. Bien sûr, l’auteur du « natura rerum » ne connaissait pas le « vrai Dieu » mais ses idées sont suffisamment libératrices pour que l’église n’ait eu de cesse de brûler son livre et aussi les hommes à l’ esprit suffisamment libre qui s’en réclamaient. Il est vrai que faire du principe du plaisir le seul but de la vie sur terre cela devait déranger ses messieurs qui se fouettaient pour la gloire de leur Dieu. Et surtout, dire qu’après la mort il n’y a rien et que l’on peut donc tranquillement profiter de la vie, qu’il n’est nul besoin d’avoir peur de la mort puisqu’on ne sera pas là pour souffrir. Là c’est trop pour une religion qui fait son commerce (voire les indulgences) de la peur de l’enfer. Je me souviens de mon cours de littérature de seconde sur l’Humanisme, et l’étude de Montaigne, si j’en avais compris l’essentiel, j’aurais, cependant, aimé lire ce roman pour en comprendre tous les enjeux.

Encore une fois la cruauté et la stupidité de l’église catholique de cette époque, m’ont totalement révoltée et me font penser au radicalisme des islamistes d’aujourd’hui.

Citations

les règles épanouissantes des moines

La parole lue ne pouvait être ni mise en question ni contredite et toute contestation devait , par principe être réprimée . Comme l’indique la liste des châtiments de l’influente règle du moine irlandais Colomban (né l’année de la mort de Benoît), le débat , qu’il fût intellectuel ou autre,était proscrit. Un moine qui osait contredire un frère encourait une sévère punition : « une obligation de silence ou quinze coups ». Les hauts murs qui circonscrivaient la vie mentale des moines – le silence imposé, l’interdiction des questions, les gifles ou les coup de fouet pour punir les discussions – avaient pour objectif de rappeler que ces communautés étaient à l’opposé des académies philosophiques de Grèce et de Rome, qui se nourrissaient de l’esprit de contradiction et encourageaient la curiosité.

les bibliothèques dans l’antiquité

En tout, au IVe siècle après Jésus-Christ, il existait vingt-huit bibliothèques publiques. Ces bâtiments qui tous furent détruits.

Épicurisme

Car seul Épicure, écrit Lucrèce, était en mesure de consoler l’homme qui, s’ennuyant à mourir chez lui, se précipitait à la campagne pour s’apercevoir que son esprit y est tout aussi accablé. Epicure, mort plus de deux siècles auparavant, n’était rien de moins que le sauveur. Cet homme, si peu en accord avec une culture romaine privilégiant la dureté, le pragmatisme et la vertu militaire, était un Grec qui avait triomphé non pas par la force des armes, mais par la puissance de l’intelligence.

Des penseurs de génie

L’idée des atomes, qui trouve son origine au Ve siècle avant Jésus-Christ chez Leucippe et son élève Démocrite, n’était qu’une brillante hypothèse : il n’y avait pas moyen d’en donner une preuve empirique, et il n’y en aurait pas avant plus de deux mille ans.

L’église et la joie par la souffrance

Sainte Claire d’Assise Déchira l’enveloppe d’albâtre de son corps avec un fouet pendant quarante-deux ans et ses plaies exhalaient des odeurs célestes qui remplissaient l’église. Saint Dominique se lacérait la chair chaque soir avec un fouet muni de trois chaînes de fer. Saint Ignace de Loyola recommandait l’usage de fouets aux lanières assez fines, infligeant de la douleur à la chair, mais sans toucher les os…

Les dangers de Lucrèce pour toute pensée religieuse

Lucrèce est une sorte d’athée dissimulé dans la mesure où, aux yeux des croyants de toutes les religions de toutes les époques, il semble inutile d’adorer un dieu sans vouloir apaiser sa colère, ou s’attirer sa protection ou ses faveurs. A quoi servirait un dieu qui ne punit ni ne récompense ? Lucrèce affirme que ce genre d’espoirs et d’angoisses sont des formes de superstition nocive mêlant une arrogance absurde et une peur aussi absurde. C’est faire insulte aux dieux que d’imaginer qu’ils se souvient du sort des humains ou de leur pratiques rituelles, comme si leur bonheur dépendait des litanies que nous chuchotons ou de notre bonne conduite. Mais peu importe cette insulte, puisque les dieux s’en moquent. Rien de ce que nous pouvons faire (ou ne pas faire) ne les intéresse. Le problème c’est que ces fausses croyances et observances de l’homme lui font tort à lui-même…

Quand le corps meurt – c’est à dire quand la matière de disperse – l’âme qui est une partie du corps, meurt aussi. Il n’y a pas de vie après la mort.

On en parle

Chez Dominique, sur Babelio quelques avis négatifs, et l’avis plus nuancé de Dasola.

les supremes

Traduit de l’américain par Cloé Tralci avec la collaboration d’Emmanuel et de Philippe Aronson.

4

En bateau, lire n’est pas toujours facile, entre les manœuvres et le mal de mer, le temps de la navigation est plus propice aux beaux paysages qu’à la lecture. Heureusement, en octobre , les jours sont courts et les escales assez longues pour profiter d’un bon roman. J’avais choisi celui-ci à la médiathèque, car j’avais lu sur mes blogs amis des critiques positives. Le moins que je puisse dire, c’est que je ne regrette pas mon choix.

Le début est déroutant, car on passe de l’une à l’autre des trois amies et l’on doit faire un effort pour savoir qui est « je ». Odette qui comme sa mère converse avec les fantômes et qui devra lutter contre le cancer ou Barbara-Jean qui noie dans l’alcool ses drames trop violents pour une femme , même si elle est la plus belle de la ville ou Clarice mariée au trop beau Richmond. Mais peu à peu se dessine la vie de ces femmes . Plus que l’intrigue quelque peu romanesque, c’est la description de l’amitié de ces trois femmes qui m’a fait adorer ce roman, et puis, j’ai souri souvent et ri parfois.

Le mariage de la fille de Veronica qui devait être l’événement le plus sensationnel de l’année restera dans tous le souvenirs mais sans doute pas pour les raisons qui ont fait dépenser des fortunes aux parents de la mariée.Les différences entre les différentes églises m’ont amusée et l’épisode de la prostituée qui croit avoir entendu le seigneur lui parler est un bon moment .La vie à Plainvieuw tourne autour des églises et du café restaurant de Little Earl où se retrouvent les trois suprêmes avec leur mari. Et inénarrable Minnie qui prédit l’avenir se trompe tout le temps et d’un égoïsme à toute épreuve. La façon dont elle annonce la mort de son mari aux enfants de celui-ci est absolument inoubliable. Les langues vont bon train dans ce café et les scènes souvent cocasses se suivent , le rire n’est jamais très loin des larmes. C’est une peinture réconfortante pleine d’humanisme , peut être trop de bons sentiments, mais ça ne m’a pas gêné.

J’ai aimé lire que si Edward Kesley Moore avait écrit ce roman c’est qu’il ne retrouvait pas dans la littérature Nord-américaine le caractère des femmes qui l’avaient élevé. Si les femmes qu’il a connues ressemblent à celles de ce roman , je trouve qu’il a bien de la chance , et qu’être noir aux USA , n’est donc pas synonyme de malheur.Depuis la présidence d’Obama on s’en doutait un peu.

Citation

Un portrait de Jésus à vous faire aimer les églises

Ce qui est frappant dans cette fresque, c’est le portrait de Jésus – le plus sexy que j’ai jamais vu. Il a les pommettes saillantes, et des cheveux de jais bouclés. Ses bras bronzés et musclés se tendent vers vous, et il a le ventre aussi ferme que celui des mannequins brésiliens qui posent en sous – vêtements dans les publicités. Sa bouche semble souffler des baisers vers l’assemblée, et sa couronne d’épines légèrement penchées sur le côté Lui donne un air décontracté à la Frank Sinatra.

L’humour et l’amitié

Clarice farfouillait dans la commode de sa meilleure amie à la recherche d’un truc pour embellir, voire dissimuler la robe hideuse qu Odette ne manquerait pas de porter ce soir – là. La grand – mère aveugle qui avait confectionne tous ses vêtements quand elle était petite avait beau être morte , son sens du style perdurait dans les tristes placards de sa petite fille.

Un sourire qui m’a rappelé celui de Madame Verdurin

Florence souriait également, même si avec elle il était toujours difficile d’en avoir la certitude. Depuis des années, elle arborait une expression grimaçante qui relevait d’avantage du dégoût que de la joie . Chez elle, les zygomatiques étaient atrophiés depuis longtemps. Quoi qu’il en soit, son rictus habituel paraissant moins agonisant ce jour là.

On en parle

Les fanas de livres (qui a plus de réserves que moi) Audouchoc qui n’a pas aimé, Cathulu qui a aimé autant que moi.

Écoutez « Les Suprêmes »

https://www.youtube.com/watch?v=izzKUoxL11E

9782253174936-001-TTraduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Lavacourt

3Ce roman a croisé ma route cet été, il a représenté un très bon moment de lecture. J’en avais lu une bonnes critique chez Clara. Je vais joindre ma voix au concert de louanges malgré une réserve. Je rappelle brièvement le sujet : une grand-mère, bientôt arrière grand mère attend sa famille dans sa maison de vacances avec accès direct sur la plage. Toute sa vie Alice se reproche la mort accidentelle de sa jeune sœur, Mary. Un incendie lors d’un bal donné en l’honneur des soldats partant pour la guerre 39/45 a vu périr de nombreuses personnes brûlées vives ou piétinées, comme la trop fragile et tendre Mary, par une foule paniquée.

On sait dès le début du roman qu’Alice , veuve et quelque peu acariâtre, veut donner sa propriété à l’église, lieu où elle a trouvé du réconfort toute sa vie. Ses enfants ne sont pas au courant des projets pour la maison à laquelle ils sont, pour certains d’entre eux, très attachés. C’est un roman à plusieurs voix, Alice , Kathleen sa fille, Anne-Marie la belle fille parfaite et Maggie la petite fille bientôt mère alors qu’elle vient de rompre avec son petit ami.

Ce qui rend ce roman attachant, c’est l’analyse de plus en plus précise des relations familiales à travers le 20e siècle.
La description des charmes d’une maison de vacances au bord de la mer où les enfants , puis les cousins et cousines se retrouvent tous les étés me rappellent de bons souvenirs. La passion de la belle-fille , parfaite femme au foyer, pour la construction des maisons de poupées, m’a fait sourire et penser à toutes les œuvres décorant certaines maisons : encadrements, broderies, patchworks, tapisseries… Un beau roman de vacances, malgré l’aspect parfois caricatural des différentes personnalités.

Citations

Les joies des réunions de famille

A Thanksgiving , l’année d’avant , Kitty et Alice en étaient presque venues aux mains après une dispute sur le poids que devait avoir une dinde pour nourrir vingt personnes. Elle n’avait plus adressé la parole à Kitty depuis. Ni à son frère pour le punir d’avoir épousé un tel monstre.

Passion d’une femme au foyer, les maisons de poupées

Minnie’s Minis de Staffordshire, proposait de superbes gâteaux miniatures avec un glaçage très proche de la vraie pâte d’amandes , des cerises en céramique sur le dessus , chacune pas plus grosse qu’une tête d’épingle . On pouvait même enlever une part de gâteau pour apercevoir le chocolat et le coulis de cerise à l’intérieur.

L’importance de l’église

 L’église était comme une scène pour Alice, l’endroit où elle se tenait bien, où les autres la voyait telle qu’elle voulait être vue.

 Et la citation que j’adore, celle qui m’avait fait noter ce roman chez Clara

Passé un certain stade , vous ne vous inquiétez plus pour vos rides et vos bourrelets. Vous refusez de rentrer votre ventre au moment où vous tentez d’avoir un orgasme.

 On en parle

Clara, Cathulu, Cuné, Brize et Keisha

Traduit de l’anglais (des États-Unis) par Hélène Hinfray.
Avant propos de Mario Pasa.

3Si je cite l’auteur de l’avant propos , c’est qu’il raconte si bien à la fois ce livre et la personnalité de son auteur. C’est suffisamment rare pour être souligné. Il a bien de la chance , Mario Pasa de connaître Bill Bryson, on sent, en effet, sa sympathie pour un auteur hors du commun. Bill Bryson est un boulimique de connaissance et il sait les transmettre. Le projet de ce livre, c’est donc à partir de sa maison , un ancien presbytère britannique, retrouver l’histoire du monde.

On apprend donc beaucoup, sinon tout, sur les briques, le fer, l’acier,le téléphone, les toilettes, la propreté , les maladies, la condition ouvrière… On y croise des noms très connus : Eiffel, Darwin, Thomas More , Jefferson… et des noms beaucoup moins connus fort injustement. J’ai été , encore une fois, très étonnée de voir combien il est difficile de faire accepter les progrès en médecine. Deux exemples :

  • le scorbut , plusieurs personnes avaient fait la relation avec l’alimentation privée de produit frais sur les navires partant pour de longs mois. Mais il y avait toujours quelqu’un pour nier l’évidence et les pauvres marins continuaient à mourir, alors qu’il suffisait de les nourrir différemment.
  • La fièvre puerpérale , très vite on s’est rendu compte que la propreté des mains et des instruments des chirurgiens avait un rapport avec la mortalité des femmes , mais avant que ces messieurs acceptent de se laver les mains avant de s’occuper d’une parturiente , il a fallu tant de morts.

Évidemment avec Bryson on ne s’ennuie jamais et on s’amuse beaucoup quand on ne se révolte pas. Encore une fois, on voit que a condition ouvrière du début de l’ère industrielle est particulièrement horrible surtout pour les plus faibles : les femmes et les enfants.

J’ai deux petites réticences , mais qui n’ont absolument pas entaché mon plaisir.

  • J’ai eu parfois une impression de redite , avec son livre , « une histoire de tout ou presque » et d’autres livres que j’ai lus , en particulier sur la condition ouvrière du XIX° siècle .
  • Le rapport de ce qu’il raconte avec les pièces de la maison est, le plus souvent, tiré par les cheveux.

Citations

Je pourrai recopier tant de passages…. je n’en choisis qu’un

De toutes façon, le christianisme a toujours été curieusement mal à l’aise avec la propreté, et la tradition a très tôt assimilé sainteté et saleté. Quand Saint Thomas Becket rendit l’âme en 1170, ceux qui firent sa toilette notèrent en termes approbateurs que ses sous-vêtements « grouillaient de vermine ». Au Moyen Age, faire le vœu de ne jamais se laver était un moyen quasi infaillible de s’assurer une gloire éternelle . Beaucoup de gens, par exemple, faisaient à pied le pèlerinage d’Angleterre en Terre sainte, mais un certain moine Godric, qui l’effectua sans se débarbouiller une seule fois, ne pouvait que devenir saint Godric- c’était couru d’avance.

On en parle

Je n’ai pas encore lu de billets sur ce livre mais cela ne saurait tarder, je mettrai alors un lien

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard

3Merci Jérôme. Sans ton commentaire à propos « d’Emily », je n’aurais certainement pas lu « Les joueurs » du même auteur. C’est un roman du quotidien, le quotidien d’un couple qui sait parfaitement se faire la guerre. Les petites remarques qui tuent, la parfaite bonne conscience de la femme qui ne veut plus aimer , ses faiblesses qu’elle préfère cacher , tout cela sonne juste. Lui, est plus surprenant, il veut absolument la reconquérir et misera sur la roulette du casino pour y arriver.

Sans être une charge contre les mœurs américaines, le regard de Stewart O’Nan est pertinent et rend son roman attachant. Les lieux touristiques américains, où, le plus souvent le supermarché est le point de passage obligé est criant de vérité. Ils s’étaient demandés en mariage aux chutes du Niagara , c’est donc là qu’ils reviennent. Lui plein d’espoir et cherchant maladroitement à refaire exactement le même parcours que du temps de leur amour. Elle maugréant et certaine que tout cela ne sert à rien , ne met pas beaucoup de bonne volonté pour vivre ce qui est, sans doute, leur dernière aventure. Les attractions : musée de cire, trajet sous les chutes, plate forme au dessus du vide….tout cela semble des pièges à gogos, surtout quand on a envie de vomir…

Ah oui ! j avais oublié une horrible gastro s’est invitée des leur arrivée. Mais rien n empêchera Art d’aller au bout de son projet : miser son couple sur un coup de roulette ! J’ai bien aimé également , l’analyse de leur déchéance financière. Certes, la société américaine est fondée sur la consommation et l’appât du gain , mais le surendettement des ménages est d’abord provoqué par les habitudes de consommation à crédit.

Enfin l’écriture est légère et souvent drôle à l’image des têtes de chapitres qui comme à la roulette sont calculés en terme de chance. Je vous donne un exemple : chance qu’un orchestre de jazz joue « My Funny Valentine » le jour de la Saint-Valentin : 1 sur 1. Et je vous laisse écouter cette fameuse chanson par Chet Baker.

Citations

Genre de dialogue de couples au bout du rouleau :

– Bon sang, dit-elle
– Quoi
– Rien.
– Tu fais ta tête contrariée.
– Je rumine.
– Il ne faut pas que tu rumines.
– Je ne le fais pas exprès, c’est plus fort que moi.
– Est – ce que tu rumineras encore quand on aura divorcé ?
– Pourquoi est – ce que j’arrêterais ?
– Je me disais que ça fonctionnait peut être comme la procédure de sur endettement, que tout serait pardonné.
– Navrée, il y a certaines dettes qu’il faut payer
– Ça valait le coup d essayer.
– Pas vraiment.

Pas mal vu :

Étant à jamais coupable, il se trouvait à jamais sans défense par rapport à elle, ce qui alimentait un ressentiment qu’il savait injustifié, le laissant démuni, sans rien d’autre pour contrer la colère de Marion que l’impatience, et, après si longtemps, l’épuisement.

On en parle

Chez Jérome bien sûr et Kathel et babelio où les avis sont parfois plus négatifs que le mien.

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Paule Guivarch

3
J’ai choisi ce livre pour l’anniversaire d’une de mes sœurs, voici la phrase que ma libraire a prononcée et qui m’a décidée :

C’est l’histoire d’une femme âgée qui nous fait découvrir l’Amérique sous un aspect nostalgique et émouvant. Elle découpe ses coupons de réduction, et va au restaurant quand il propose de se resservir gratuitement, et puis un jour elle achète une nouvelle voiture et son univers s’agrandit.

Je l’ai lu rapidement avant de l’offrir , je ne sais pas si ce roman lui plaira autant qu’à moi. Ce n’est pas un livre spectaculaire mais le quotidien de cette femme vieillissante est très bien raconté et m’a beaucoup émue. La seule chose que je ne comprends pas c’est son amour pour son chien vieillissant , mais c’est sûrement authentique. Le rapport avec ses enfants est très bien analysé. En le lisant je me faisais la réflexion, que lorsque j’étais jeune je lisais avec passion des romans montrant l’ascension des familles américaines. Aujourd’hui , je lis des romans racontant soit des univers totalement détruits, soit comme ici des vieillesses solitaires. Il n’y a rien de violent sous la plume de Stewart O’Nan, mais Emily a du mal à comprendre la génération de ses enfants.

L’auteur nous tend un miroir où l’on peut regarder un pays qui ne va pas si mal mais pas très bien non plus. Ses enfants sont contents de recevoir son aide mais ne respectent pas l’argent. Et puis il y a tous ses petits détails du vieillissement qui rendent parfois le quotidien si pénible. J’y ai retrouvé mes amies du foyer logement de Dinard à qui je lis parfois des histoires, et qui m’ont appris une chose très importante :

« Ne demandez jamais à une vieille (c’est plus fréquent qu’un vieux) comment ça va, ça ne va jamais bien : on pense à des personnes disparues, on a mal au ventre, à la tête, on a du mal à marcher.. ça ne va pas ! mais on est encore en vie et on s’applique à vivre le mieux possible. »

Citations

la vieillesse :

la lumière projetée par la glace de la coiffeuse était impitoyable. Les poches sous les yeux , parcheminées, presque diaphanes, laissaient transparaître une nuance mauve semblable à une meurtrissure. Sa bouche était très ridée, sa peau parsemée de taches brunes . Un fin duvet bordait non seulement sa lèvre supérieure mais, sou l’éclat des ampoules nues, ses joues et son menton .

 

Satisfaction et cruauté ?

« Je viens de voir Claude Penman dehors, avec Liz » . Elle posa la main sur l’avant-bras d’Emily et se pencha tout près afin de lui livrer son scoop , les yeux brillants . « Elle est en fauteuil roulant . Si tu voyais elle a une mine épouvantable . »

la présence de ses enfants :

Elle les aimait tous tendrement bien sûr, mais elle avait oublié combien il était épuisant d’être entouré d’autres gens.

On en parle

Enfin livre , Clara