Édition inculte

J’avais dit à « lireaulit » que je lirai ce livre, il ne faut pas être trop pressé car c’est chose faite en 2023 , (son article date du 11 avril 2020), j’ai enfin pu rayer dans ma liste ce livre auquel elle avait attribué un « énorme » coup de coeur. J’ai aimé aussi , mais un peu moins qu’elle vous pourrez comparer nos deux points de vue.

C’est un roman qui raconte un drame en milieu rural montagnard. La famille Anfosso se sent propriétaire non seulement de chez eux, ce qui est normal après tout, mais aussi de la montagne environnante qui est leur terrain de chasse au sens propre, mais aussi des consciences de tous les villageois car il ne fait pas bon s’opposer aux Anfosso, surtout quand ils lâchent leurs chiens ou qu’ils sont armés de leurs fusils toujours chargés.

Guillaume, un beau jeune homme, fils de gens qui sont venus à la retraite dans ce village, décide d’y construire une bergerie.

Des moutons sur leur montagne ! les Anfosso, en particulier Joseph, ne peuvent le supporter. Le roman se situe donc dans cette guerre et cette rancune si tenace et si amer qu’elle monte à la tête de tous les Anfosso . Tout le village le sent et sait que ça va mal se finir mais quand ce genre de conflit arrive dans un village fermé sur ses certitudes rien ne peut arrêter le torrent de la haine.

L’écriture cerne au plus près ce qu’il se passe dans ce genre de situation et nous entrons dans les réflexions les plus intimes de tous les protagonistes et en toile de fond le village qui est plus ou moins d’accord.

Je comprends bien le plaisir des mots et aussi celui que procure une tragédie annoncée au dénouement inéluctable, mais si j’ai un bémol à ce genre de lecture c’est justement que ce côté tragique ne raconte pas assez la diversité du monde. Les parents du beau et jeune berger habitent aussi ce village et ils y semblent heureux, pourquoi n’ont-ils pas réussi à briser ce cercle infernal ?

La jeune femme de Guillaume parle avec le médecin du village et on sait à quel point l’influence du médecin peut peser sur les consciences.
En réalité mon bémol vient de là , je ne crois pas à l’isolement de Guillaume, en revanche je n’ai aucune illusion sur le » bonheur » de vivre à la campagne.

Cela reste un bon moment de lecture et une très belle écriture.

Citations

Les cafés de village.

 Dans ces cafés de villages, les tables sont privées d’autonomie et d’intimité. On s’imagine passer quelques instants avec son employés ou son meilleur ami, mais en réalité on est tous ensemble assis à une immense table imaginaire. Que l’on soit derrière le zinc, juché sur une chaise haute, à une table au fond où qu’on s’abandonne quelques secondes sur le perron avant d’aller arroser les fleurs de la grand-mère, on participe de la même chose, chacun construit le bric-à-brac vacillant de la discussion 

Le chœur des femmes du village

(connaissez vous l’expression « se devoir se devoir de quelqu’un » ?)
 Le chœur sentait qu’il perdait Mireille et ça lui faisait un peu mal parce que tout le monde se devait un peu de Mireille – surtout Denise qui avait toujours tout partagé avec elle- mais on se refusait de sacrifier le collectif millénaire. Et puis, elle était vieille, on ne lui donnait plus très longtemps. Alors on préférait invoquer la dépression, le dérèglement, la sénilité. Il valait mieux se couper une main que laisser passer la gangrène.
Mireille basculait du côté du berger irrémédiablement. Bientôt elle aurait rentré sa chaise, ne participerait plus à aucune discussion Et perdrait de ce fait tous ses droits.

Lorsqu’on a que la haine en partage.

 Dans ces moments de faiblesse, il détestait les chasseurs et il se détestait de les haïr autant. Et les tenant pour responsable de ce dévoiement, il nourrissait une haine de plus en plus effrayante.
 Voilà, il leur ressemblait désormais. Voilà ce que je suis devenu, un Anfosso, se disait-il.
Puis il se reprenait, s’inventait une indifférence, à divertissement. Il se tournait vers sa femme, vers son fils, vers ses bêtes se rassurait, se laissait fondre en quelques instants, quelques heures au mieux.
Mais cela revenait. 
Cela revenait sans cesse.

 

 

 

 

 

 


Ėdition JC Lattès

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

J’ai commencé ce livre en étant intéressée par l’histoire de cette petite fille si mal aimée par cette mère au cœur dur. Pour lui plaire, Alice devient une petite fille coquette qui participe à des castings et devient à l’adolescence une Miss Normandie .. et puis le cœur du roman que je vais dévoiler -surtout que les antidivulgâcheuse ne lisent pas la suite-, je précise quand même que je ne raconte pas la fin du roman, Alice est enfin heureuse avec Jean un homme dont elle a une petite fille Charlotte qu’elle adore. Le jour de son mariage sa mère lui apprend que Jean est son frère….La solution ? il n’y en a pas, alors elle fuit. Et moi aussi j’ai pris la fuite de ce roman où tout devient horrible. Et pourtant il me restait les trois quart du roman à lire, je n’ai pu le faire qu’en diagonale pour partir au plus vite des horreurs qui vont s’accumuler.

La situation de départ est tellement improbable et les réactions des différents protagonistes tellement stupides que je m’en voulais de lire de telles horreurs.
bref … lisez le si vous voulez et dites moi si vous avez résisté à cette accumulation de quiproquos qui poussent les personnages à avoir des conduites destructrices pour tout le monde.

 

Citations

Son frère aîné.

 A la naissance, sa cervelle de pinson a manqué d’oxygène et il est devenu singulier. Mongol, disent les gens. Et il restera pour toujours le tout petit de la famille. Le tiot .

Sa mère abandonnée .

 Après le départ du père ma mère devient une femme tourmenté un sanglot cristallisé.
Chacun leur tour deux homme tentent pourtant de vivre sous notre toit. Mais l’un comme l’autre se bornent à la libérer parfois de son chagrin, à lui offrir quelques battements de cœur et quand maman consent à bien vouloir lever les yeux vers eux, à ruisseler près d’elle. Las, ils finissent par partir.



Édition Dargaud

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Célèbre pour ‘le chat du Rabbin » (et pas du Rabbit), Joann Safr raconte dans ce récit autobiographique son enfance à Nice avec un père avocat. Sa mère est morte quand il avait 4 ans, le fils et le père ont tissé des liens très forts. Les engagements politiques de son père ne sont pas toujours faciles à comprendre, adepte de la non violence , il n’hésite pas à faire le coup de poing contre un homme qui devant lui se gare sur sa place privée de parking . Défenseur de la cause palestinienne, il coupe avec toutes les organisations françaises qui ne dénoncent pas le terrorisme (et il y en a beaucoup). Son fils s’ennuie ferme à la synagogue et cherche tous les moyens pour échapper aux offices qui lui semblent interminables. Son idée c’est de faire partie de ceux qui protègent la synagogue des attentats terroristes car du coup il reste dehors et surveille (efficacement ?) les abords de là synagogue. Donc, il s’initie aux sports de combat ce qui n’était pas dans sa nature première !

Cette BD est l’occasion de faire revivre une époque et une ville : Nice. C’est drôle et triste à la fois : comme la vie en quelque sorte. J’ai beaucoup aimée, je l’ai lue avec grand intérêt. Et je suis très contente de vous recommander une BD.

Citations

J’ai ri !

« Et bizarrement j’ai vu très peu de vrai docteur pendant mon séjour à l’hôpital. Des infirmières et des internes. »

 » Hospitalisation à l’hôpital c’est comme au foot, il vaut mieux jouer à domicile. »

Et un sourire de plus !

 « Il faut que je trouve un moyen pour ne plus aller à la synagogue. C’est insupportable. »
« Et encore, je n’aborde pas le sujet de l’office de kippour. Qui dure quoi ? Douze heures ? »
« On lit un bouquin trois fois comme Le Seigneur des Anneaux, en hébreu. Et parfois on répète mêmes passages. Ça me rend fou,. Littéralement. Il faut que je trouve un moyen de ne plus jamais vivre ça. »

Lapsus révélateur de Raymond Barre !

 « Il y eut quatre morts et quarante six blessés lors de l’attentat de la rue Copernic. Les victimes n’étaient pas toutes juives. »
Après le carnage, Raymond Barre, premier ministre de l’époque, aura les mots suivants.
 « Cet attentat odieux voulaient frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. »
Pour se défendre de ce qu’il appellera un lapsus, Barre déclara plus tard :
« Cette opération indigne contre moi l’œuvre du lobby juif le plus lié à la gauche. »

Éclat de rire (Séance de self défense)

 « Je vous jure que je visais la tête »
 » C’est possible d’être assez con pour viser la tête et atterrir dans les couilles ? »
 » Je suis pas souple. »

 


Édition Liana Levy

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

On ne peut pas changer le monde Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne nous change pas.

Sans mon club je n’aurai jamais ouvert ce roman car je déteste tout ce que l’auteur soutient, mais j’aurais eu tort car cet écrivain a une langue très particulière qui donne un ton original et très séduisant à son roman. Qu’est ce que je déteste ? Ce livre justifie sans aucune nuance toutes les violences des mouvements contestataires et se termine par enfin une action réussie qui n’a pas encore eu lieu la prise de l’assemblée nationale par le héros de l’histoire.

Ce qui m’a le plus manqué dans ce livre c’est l’humour (celui de Safr par exemple !) tout est tragique et sans espoir. J’ai quand même souri lorsque le héros rassemble tous les sigles créés par l’administrations françaises.

Et pourtant il y a de très belles pages dans ce livre. Des pages qu’on a envie de lire à haute voix car elle résonne comme des slams. Rouda sait raconter la violence, l’amour et l’amitié aussi . On peut le lire sans partager ses idées, sauf si pour l’auteur ce livre livre est une demande d’adhésion au parti de ceux qui pensent que seul une révolution violente serait la solution à tous les problèmes de la société française.

 

Citations

L’art de la formule.

 J’ai déjà confondus des cris de dispute avec des soupirs d’amour. Et comme mes parents s’engueulent plus qu’ils ne font l’amour, je préfère imaginer qu’ils s’aiment. Parfois entre les silences et les bruits de fourchettes qui raflent la faïence, j’essaie de leur poser des questions. Mais mon père répond toujours que c’est mieux de finir son assiette que de finir une phrase.

Un portrait positif d’une jeune femme.

 Oriane est curieuse de tout, elle te pose de vraies questions. Elle plante son menton dans ses mains, elle plonge ses yeux couleur de nuit dans les tiens et tu te sens unique. Comme elle s’intéresse à toi, à ce que tu as fait de ta journée, à ce que tu comptes faire des prochaines de ta vie elle te rend toujours intéressant. Elle écoute. Elle attend que tu ais finis tes phrases pour commencer les siennes.

Phrase d’Oriane.

On ne peut pas changer le monde Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne nous change pas.

Portrait de lui en militant avec un peu de distance !

 Je suis incollable sur l’Histoire de la gauche française. Lorsqu’on sort en soirée, je tiens de grands discours sur les luttes politiques. J’ai un avis sur tout et surtout un avis sur rien. J’arrive à me persuader que je suis convaincu de ce que je dis, et je porte de la banlieue en étendard. Je me prends pour un militant du réel avec ma paire de Nike est ma veste Lacoste.

Le goût de la France pour les sigles ou acronymes.

Mon CDD, qui ne sera jamais un CDI, se passe dans un CADA. Attention. Pas un SPADA. Ni un CHRS. Quand l’ADA est enregistré au GUDA, et si l’OPC est validée les demandeurs d’asile peuvent avoir accès aux CMA. Alors, je peux les accompagner pour la CMU, l’AME et l’ASA. Mais s’ils sont déboutés par l’OFPRA, je les aide à monter leurs dossiers CNDA, pour éviter qu’ils attendent dans un CRA avec une OQTF.


Édition Rivages(Plont) 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

J’ai adoré la première partie de ce roman, un peu lassée dans la seconde et ennuyée à la fin. Je m’explique le début du roman décrit un homme très oublié : Augustin Mouchot qui croit à l’énergie solaire et qui invente une machine dont il fera la démonstration à Napoléon III à Biarritz. Son enfance est marquée par la maladie , et son père comprendra très vite que ce petit être souffreteux réussira mieux dans les études que dans son atelier. Mouchot devient donc professeur dans un lycée mais sa grande idée c’est d’utiliser le soleil comme source d’énergie. Et ça a presque marché , pour cela il faut du soleil ! et la Touraine n’en est pas toujours pourvue.
Dans la seconde partie on le voit grâce à l’aide d’un homme plus entreprenant que lui réussir à s’imposer comme chercheur et décidé de partir en Algérie pays où le soleil est plus fréquent.

En réalité, ses recherches se heurtent à l’essor du charbon. l’Europe profite alors une source d’énergie si peu chère que le solaire, très compliqué à dompter, intéresse peu les dirigeants de ce monde.
Arrive la troisième partie du livre, la déchéance du presque complètement oublié Augustin Mouchot qui vit avec une mégère alcoolique dans un bouge immonde ! Et là j’aurais volontiers abandonné la lecture sans la motivation de la discussion du club.

Je rédige bien vite cet article car, malgré le talent et l’humour de l »auteur, je sais que je vais tellement vite l’oublier moi aussi ce pauvre Augustin Mouchot.. La seule question que je me pose c’est de savoir ce qu’il aurait fallu pour que les recherches autour du soleil continuent même si l’énergie fossile a été pendant plus de deux siècles très bon marché.
J’avais lu de cet auteur « Sucre noir » que j’avais bien aimé.

 

Citations

 

Un début accrocheur.

 Son visage n’est sur aucun tableau, sur aucune gravure, dans aucun livre d’histoire. Personne n’est présent dans ses défaites, rares sont ceux qui assistent à ses victoires.

L’enfance sous le signe de la maladie en 1826.

 Il attrapa la variole, la scarlatine, la diphtérie, la fièvre, une diarrhée qui dura 14 jours, une forme rare de chlorose qu’on disait réservé aux jeunes filles de la haute société et, longtemps, le voisinage se demanda comment cet être sans force ni résistance avait pu survivre à une telle tempête d’infections.
Il resta ses trois première année au lit. Jamais il ne vit la lumière du jour, muré dans l’ombre de sa chambre, veillé par sa mère à la torche. Cette carence de vitamine s’accentua par la venue de l’été et couvrit sa peau d’une constellation de boutons rouges, de squames sèches, de fétides inflammations en plaques arrondies.

L’art de la formule.

 Il avait cette fragilité endurante qu’on trouve chez les hommes voués à une mort précoce et que pourtant rien ne tue .

Le sort des soldats.

C’était un vieil officier de l’armée, né dans le siècle des philosophes, grand amateur de sciences, qui avait perdu une main lors de la prise d’Alger, un œil pendant le siège de Sébastopol, une jambe à la fin de la bataille de Malakoff et boitait de l’autre depuis qu’un cheval d’une demi-tonne s’était effondré sur son genou et dans les marécages de Crimée.

L’art du portrait.

Abel Pifre avait tout ce qui lui faisait défaut. Il parlait sans hésitation ni tremblement. Il marchait droit le menton haut. Sa veste était toujours serrée à la ceinture, ouverte sur la dentelle de son jabot, retenue par d’élégants boutons de manchette qui laissaient voir la finesse de ses poignets. Son pantalon avait la raie du milieu pliée au cordeau et descendait jusqu’à de luisantes bottines vernies qui le forçaient à marcher lentement avec une distinction délicate. Coquet, intelligent, il ne portait que des cravates de mousseline, des chemises en toile de baptiste et une canne au pommeau orné d’un soleil qui donnait à tout ce qu’il faisait un caractère étincelant. Il parlait comme il faut, en homme ayant vécu. Sa conversation était pétillante parsemée de mots anglais comme s’il revenait de voyage, ornée de plaisanteries savantes et de légèretés pudiques, si bien que lorsque Mouchot le rencontra pour la première fois, il pensa qu’Abel Pifre était ce en quoi le soleil s’il s’était fait homme, ce serait incarné.

 


Édition poche Folio

Être un bon père consiste-t-il à trouver merveilleux un spectacle au seul prétexte que sa fille en fait partie ou bien a réussi à se retenir de rire ?

Merci Sandrine , tu avais bien raison de conseiller cette lecture qui comme d’habitude m’a fait beaucoup rire et même éclater de rire. C’est très rare de rire toute seule et je vais grâce à Fabrice Caro créer une nouvelle catégorie « éclat de rire » . Je vais y mettre le Discours , Zaï Zaï Zaï , Et si l’amour c’était d’aimer, peut être pas Figurec qui est un peu moins drôle.

Le narrateur est cueilli de plein fouet par une lettre que chacun reçoit à 50 ans pour faire un dépistage colorectal, mais voilà lui n’a que 46 ans. Que cache cette précipitation de l’assurance maladie à lui faire faire ce test ?
En plus son fils a exercé ses talents de dessinateur aux dépends d’une professeur de SVT, ce ne sont là qu’une partie de ses problèmes, c’est à son tour aussi d’inviter ses voisins à l’apéritif et il ne veut pas partir en vacances avec des amis (qu’ils n’aiment pas tant que ça) pour aller faire du paddle à Biarritz avec eux !

Bref sa vie est compliquée et nous on rit à ses malheurs. Rien de tout ce que je viens d’écrire ne peut faire le sujet d’un roman, détrompez vous Fabrice Caro y arrive très bien. Je trouve quand même que dans les les deux derniers chapitres l’auteur s’essouffle un peu. Et la fin n’est pas à la hauteur du début. Peu importe, lisez ce livre mais faites attention à l’endroit où vous le lirez : on pourra peut-être vous prendre pour une folle si vous hoquetez trop fort. Quand vous arriverez au spectacle de danse de sa fille je vous conseille d’être seul pour ne déranger personne.
Merci à cet auteur de me faire autant rire.

 

Citations

Un des nombreux fantasme du narrateur.

 (…) Le fantasme de la disparition. S’évaporer, sans préavis, sans laisser la moindre nouvelle, partir, prendre congé, démissionner de la vie, démissionner de la réalité.

Gala de danse de sa fille d’où le titre..

 Un samedi soir de fin d’année scolaire, et nous devions assister à un gala de danse de Jade, elle avait treize ans, il s’agissait d’une comédie musicale type « Cabaret » où « Broadway », et je m’apprêtais déjà à passer les deux heures les plus longues de ma vie. J’avais tout tenté pour y échapper, j’avais même demander à Jade si elle tenait vraiment à ma présence (plus exactement, j’avais habilement retourné la problématique : est-ce que ma présence ne la perturberait pas, ne lui mettrait pas trop de pression ?). Anna m’avait lancé un regard accusateur, j’y étais donc allé comment va à la mine, admettant qu’après tout il existait dans le monde des choses plus graves qu’un gala de danse, même si sur le moment j’avais beaucoup de mal à réellement m’en persuader.

Un de mes nombreux éclats de rire

(Il est dans une église car sa fille de 13 ans lui a demandé de mettre un cierge pour que Yannis la « re »aime….)
 Notre-Dame d’Espérance. Le nom est toute indiqué pour ma prière. Je ne pouvais pas mieux tomber je me trouve chanceux d’être précisément tombé sur elle -en même temps je doute qu’il existe dans les églises une Notre-Dame du Désespoir ou une Notre-Dame de la Dépression Tenace, la chance a peu à voir là dedans

 

 

 

 

 

 

 

 

Édition l’avant scène Gallimard NRF 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Un premier roman d’une jeune auteure de vingt quatre ans qui se met dans la peau d’une femme très âgée en maison de retraite. Ce roman est surprenant et a su souvent retenir mon attention, sans pour autant être un coup de coeur.

Les quatre saisons vont permettre à Isadora Abberfletch, cette vieille femme en fin de vie de faire revivre sa Maison. Chaque saison lui a apporté son lot de joie et de souffrances. la Maison avec ce M majuscule est le personnage central du roman. Isadora, croit lors de sa jeunesse que cet endroit est indispensable à sa propre vie. Elle ne peut s’en détacher , elle y a toujours vécu, avec sa famille puis qu’avec son père et enfin seule jusqu’à ce qu’elle comprenne, enfin, que sa Maison la tuera si elle y reste encore un an de plus.. Elle y a connu les moments les plus heureux de son enfance avec sa petite soeur Harriet et son frère Klaus. Les rapports avec Louisa, la soeur aînée de la narratrice sont plus compliqués on comprendra pourquoi lors de la scène importante du printemps. Chaque saison, même si elles ont été des moments heureux de sa vie se terminent par une catastrophe, l’été verra la mort de sa mère, l’automne celui de la mort d’Harriet sa petite soeur, l’hiver celui où elle se décide à partir en maison de retraite et le printemps celui où Louisa lui montrera l’envers du décord qu’elle ne voulait pas voir.

J’ai beaucoup aimé la description de l’attachement à la maison d’enfance, l’autrice sait exactement de quoi elle parle car elle encore proche de sa propre maison d’enfance , en revanche son personnage d’Isadora est peu incarnée et on a beaucoup de mal à l’imaginer mais Perrine Tripier a beaucoup de talent , elle vieillira, elle aussi et saura peut-être mieux comprendre le détachement progressif aux biens de ce monde qui sont l’apanage de la vieillesse.

 

Citations

Les romans qui débutent par la météo m’agacent peu.

 Pluie fraîche sur pelouse bleue. Herbes d’été humide, relents de terre noire. Toujours ces averses d’août sur les tiges rases, brûlées d’or.les lourdes gouttes ruissellent sur la vitre, situent, serpentent, et s’entrelacent en longs rubans de lumière liquide.

Le but de sa vie.

J’avais compris que le passé était la seule chose qui valait la peine que ma vie soit vécue. Moi, la Maison et nos souvenir, nous ferions de grandes de choses car les choses familières ne sauraient mourir. 

L’été .

La liberté absolue des jours d’été, c’est cela qui distinguait cette saison du reste de l’année. Quel délice ces soirs bleus où nous mangions dehors, sous le grand cèdre. La tablée se trouvait baignée par les effluves de résine.

Vieillir.

Vieillir n’est ce pas troquer son être vivant pour un être préparé à mourir ? Échanger le fluide vital, les idées folles, l’ivresse du monde contre une douce langueur, un cocon de morphine salutaire et lénifiant.

L’oncle alcoolique .

« Ne touche pas à l’alcool en revanche », disait Petit Père en coulant un regard appuyé vers Bertie et ses joues incarnadines, quand il remontait de la cave où il était allé « vérifier les stocks ». Nous savions tous que Bertie avait un problème, mais cela faisait partie du personnage, de bon vivant, le trublion, Le grand dévoreurs de chair. Nous le laissions tranquille, sans doute à tort, n’est-ce pas, les ogres ne font jamais de vieux os, ils font bien rire tout le monde repas de famille et puis ils disparaissent, et personne n’est surpris, mais le rire manque cruellement.

Les photos.

Les morts n’ont aucune humilité, ils s’affichent là, figés à jamais sur du papier glacé, et sont à jamais chez eux dans les lieux qu’ils ont habités On a peur de les déranger, on refuse de jeter le service d’assiettes de la vieille Léodagathe, parce qu’elle l’aimait beaucoup, la sainte femme ; pourtant ce service enquiquine tout le monde, et il est ébréché et de mauvais goût, mais ça personne ne le dit, parce que la veille Léodagathe, dont les os reposent quelque part, entassés dans le cimetière du village, rongés par la vermine était, avant tout, « une sainte femme ».

Jolie formule !

Klaus et Louise ne m’ont jamais semblé avoir du mal à partir, au contraire ; ils ont la valise aisée, la route facile. Ils partent et reviennent sans douleur, la Maison leur est toujours ouverte et toujours douce, jamais violente comme l’amour et immodéré que je lui porte et qui me rend folle loin d’elle, comme une amante jalouse.

Les déménagements.

 On s’attarde moins sur des lieux qu’on doit quitter souvent, parce qu’on se force sans doute à moins s’y attacher, comme pour atténuer la rupture que chaque déménagement provoque. Les déménagements nous brisent. On fiche dans les murs des morceaux de soi partout où l’on passe, et l’on se désagrège en partant. Mon frère s’est désagrégé au fil du temps, c’est sans doute pour ça qu’il n’est heureux nulle part 

L’autre version de la Maison.

 Elle murmura que j’étais malsaine, accrochée au passé, accrochée à une enfance que j’avais idéalisée. Elle ne s’arrêtait plus de vomir des horreurs, elle disait que Petite Mère n’avait jamais été heureuse avec Petit Père, que cette Maison avait été un calvaire pour elle, une charge écrasante. Je pensais qu’elle avait fini mais Louisa se mit à cracher de nouveau « Petite Mère n’a jamais eu d’initiales brodées sur son linge, elle ; elle avait les serviettes blanches des épouses. La maison lui pesait comme la dalle d’un tombeau, elle suffoquait sous l’effroyable pression qui lui appuyait sur le ventre, là, un ventre où se tordait l’angoisse de la ruine, l’angoisse de la mort. »

Édition L’avant scène Théâtre

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Une pièce que j’aurais eu un grand plaisir à voir. Un dialogue inventé entre deux génies du XX° siècle Einstein et Charlie Chaplin. C’est souvent drôle, tragique aussi . L’auteur concentre sa pièce sur trois moments de leur vie. D’abord quand Einstein, découvre avec horreur le sort des juifs sous la botte nazie, et que Chaplin veut faire un film en se moquant d’Hitler. Le deuxième moment Einstein s’en veut d’avoir pousser Roosevelt à construire la bombe atomique enfin la dernière scène Charlie Chaplin victime de la commission d’épuration menée par McCarthy vient voir une dernière fois son ami avant de s’exiler en Suisse. Il y a aussi un gouvernante qui permet d’avoir un lien avec l’extérieur.

Tout le travail de l’auteur c’est de nous faire comprendre à la fois le génie de ces deux hommes extraordinaires et la différence de leur démarche. Tous les deux sont des créateurs et ont besoin de liberté pour créer mais ils réagissent très différemment. Dison que Chaplin est plus humain qu’Einstein et qu’il finira sa vie dans une forme de bonheur familial qu’Einstein n’a jamais onnu.
Un beau texte et une grande envie de le voir sur scène

Citations

Un bon mot .

 « Avec le « professor » c’est pas évident pour l’habillement … au début je faisais comme Elsa. Quand il y avait des visiteurs importants, je lui demandais de faire un effort… Un jour, il m’a dit : « Si c’est moi qu’ils veulent voir, fais-les entrer…Si c’est mes vêtements, tu ouvres mon armoire et tu leur montres mes costumes ! »

Les génies scientifiques sont jeunes.

Chaplin : Et pourquoi ne fait-on plus de découvertes après quarante ans ?… Le cerveau s’amollit à ce point ?

Einstein : Je crois plutôt qu’on est prisonnier de soi-même… De ce qu’on a découvert avant … On se répète….. Ce qui manque c’est l’insolence.

Dictature et démocratie.

Einstein  : …Vous savez la différence entre une dictature et une démocratie, Charlie ?… Dans une dictature les gens sont gouvernés par la force et le mensonge. Dans une démocratie, uniquement par le mensonge !

Les stars

Chaplin : J’en ai observé beaucoup à Hollywood des stars quand on les voit groupées et elles produisent peu de lumière et encore moins de chaleur ! ( « Einstein sourit montrant le télescope »). J’ai le même à la maison. Je voulais apprendre l’astronomie. Mais c’est plus fort que moi : je dirige toujours l’objectif vers la rue. Les hommes intéressent plus que l’univers … Le contraire de vous, en somme !

Einstein : l’univers me paraît moins compliqué que mes semblables en tous ca !

 


Édition Seuil. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

La question qui me vient à l’esprit : c’est pourquoi aujourd’hui Catherine Clément, née en 1939, d’un père catholique et d’une mère juive, éprouve le besoin d’écrire ce livre-là.

En effet, tout ce qu’elle écrit à propos de la déportation et de l’extermination des juifs sont aujourd’hui bien connus. J’ai trouvé une réponse : en faisant correspondre l’histoire de l’extermination des juifs décidée par l’Allemagne, mise en oeuvre en France par les services de Pétain, avec le sort de ses grands parents. Cela permet de rendre plus palpable ce qu’a été pour cette population cette horrible période. Et, comme toujours dans ce genre de livres, on apprend des détails qui n’en furent pas pour certains juifs : l’Abwehr, c’est à dire le service de contre espionnage de l’était major de l’armée allemande, dirigé par Wilhem Canaris n’était pas Nazi. (Celui-ci organisera un dernier attentat contre Hitler ce qui lui vaudra d’être pendu avec deux cordes de piano puis pendu à un croc de boucher). La mère de Catherine Clément, a dû sa survie à un certain Samuel Shütz appartenant à l’Abwehr et qui la prévenait des rafles.

C’est le principal apport de ce livre. Sinon, comme moi je suppose, vous savez tout ce que cette écrivaine écrit à propos de la Shoah. Catherine Clément âgée de 84 ans veut qu’un de ses livres fasse le point sur l’histoire des siens à la lumière de tout ce que l’on sait aujourd’hui. C’est aussi un aspect intéressant de son livre : dans un texte assez court, elle arrive à concentrer presque tous les aspects de l’extermination des juifs en Europe.

 

Citations

Portrait d’une mère .

 Yvonne, mère de deux fils dont Yves était l’aîné, arborait en toutes circonstances une beauté imposante à l’œil pieux, qu’on appelait parfois bleu panique, tant elle savait se faire obéir.

Genre de rappels qu’il faut garder en mémoire.

Le 18 octobre 1940, une ordonnance allemande dite d’aryanisation plaça sous séquestre les biens des juifs absents ou arrêtés. Samuel Shütz n’avait rien exagéré. La boutique de fourrures de Georges Gornik fut cédée à un Aryen français pas trop malhonnête, avec l’assurance qu’à la fin de la guerre, sont bien lui serait rendu. Gabrielle Chanel fit de même avec la riche famille juive qui la finançait mais avait nullement l’intention de lui restituer quoi que ce soit.


Édition JC Lattès

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

Il fallait vraiment le club de lecture pour m’amener à lire jusqu’au bout ce roman policier. Mes deux petits coquillages disent assez que cette lecture n’est pas pour moi. Suivre les recherches d’un ex-policier alcoolique complètement dévasté par la disparition de la femme qui a été son seul amour, à travers toutes les violences qui secouent régulièrement la Corse, ne m’a pas passionnée .

L’aspect le plus intéressant, c’est ce qu’on apprend sur les dessous des mouvements qui ont secoué la Corse depuis si longtemps. La république française ne sort pas grandie, tant de compromissions avec des truands, ce n’est pas agréable à lire, mais c’est très intéressant..

Pour l’intrigue policière, je vous la laisse découvrir moi, ça me fatigue vraiment, surtout après avoir lu 379 pages avec un homme à moitié ivre la plupart du temps , et avec des hommes et des femmes qui n’hésitent pas à tirer ou à torturer pour obtenir ce qu’ils veulent. Le tout sous l’amoncellement d’ordures car le roman se situe à un moment où les éboueurs étaient en grève.

Surtout si vous aimez les romans policiers ne vous arrêtez pas à mon avis je ne suis vraiment pas la bonne personne pour en parler.

 

Citations

Les nationalistes corses.

Fabien ne put s’empêcher de dire tout le mal qu’il pensait de l’an IV du pouvoir nationaliste à l’assemblée de Corse, à quoi Marie-Thé sans se montrer pour autant convaincue du changement, rétorqua que les natios présentaient cet avantage sur leurs prédécesseurs de ne pas s’en mettre plein les poches. Le ton monta lorsque Fabien se mit à ricaner, prétextant que la seule vraie différence entre les élus nationalistes et ceux des partis politiques traditionnels qu’ils persistait à appeler les clanistes » comme au temps de son militantisme, tenait au fait que ces derniers ne prétendaient pas agir au nom du peuple corse lorsqu’ils mentaient et trafiquaient les marchés publics. 

 

Humour.

– Madame Cinquini, veuve Acquatella, si ça ne vous dérange pas, dit la vieille dame après un moment 
– toutes mes condoléances.
– S’il s’agit d’un trait d’humour, il tombe à plat. Et si vos condoléances sont sincères, elles arrivent un peu tard : Ambroise Aquatella, receveur principal des postes, est mort d’une mauvais chute le 12 du mois de novembre 1887. Avant cet imprévu, il m’a mené une vie impossible pendant trente-trois ans. Je ne l’ai pas regretté.

 Humour un peu lourd non ?

Il avait fallu moins d’une heure pour voir la petite routes déserte s’animer. Le premiers à arriver sur place avait été le maire du village, poussé par l’instinct propre à cette espèce particulière de mammifère à l’écharpe tricolore qui leur permet de détecter le moindre intrus sur le territoire de leur commune et à des kilomètres à la ronde. Petit et gros, hein regard de bedeau derrière des culs de bouteille, il avait garé son utilitaire Peugeot de manière à barrer la route à la saxo.